La société par les deux bouts.

rue des allocs

 

Si l’on veut s’approcher un peu de ce qui caractérise notre époque, il me semble que deux événements récents sont particulièrement  instructifs.

Le premier est la parution sur M6 de l’émission : « La rue des allocs » qui nous donne une image de ce que nous sommes ou de ce que nous allons devenir.

le second, l’embauche par la banque Goldman Sachs de Manuel Barroso, ancien président de la Commission Européenne.

Nous pouvons, à travers ces événements,  voir, en quelque sorte, notre société par les deux bouts et comprendre qu’entre les deux il n’y a finalement rien d’important, uniquement du remplissage pour détourner le regard et occuper les esprits : des jeux et des politiques.

Dans « La rue des allocs » nous rencontrons nos semblables sans fard. Et surtout sans travail.

Il faut reconnaître que le travail est, aujourd’hui, plus un inconvénient qu’ un avantage pour le système économique. Les travailleurs ont tendance à vouloir être payés, voire bien payés, et à revendiquer sans cesse (et jusqu’à faire la grève) au détriment des investisseurs qui les utilisent. Mieux vaut en exploiter le moins possible.

L’image que l’émission nous donne de ces citoyens modernes est celle d’individus qui survivent, résignés, essayant, malgré tout, de faire bonne figure et de fêter chaque mois l’arrivée des allocations (familiales, de chômage, pour handicap, RSA, etc.) qui tombent comme la manne tombait du ciel  sur les hébreux dans le désert.

L’important est de bien se mettre dans la tête que si les gens sont pauvres, c’est qu’ils n’ont pas fait ce qu’il fallait pour être riches et que, finalement, ils peuvent s’estimer heureux de n’être pas totalement abandonnés à leur sort. « Assistés », voilà ce qu’ils sont. Responsables de leur situation. À aucun moment il ne doit venir à l’idée du téléspectateur qu’ils seraient des victimes. Il faut imaginer : « Merci Patron » sans François Ruffin : vous avez « La rue des allocs ».

En juillet, Goldman Sachs embauche Manuel Barroso. Quelques-uns se scandalisent, une pétition est lancée (sur librinfo74) mais la presse ne s’en émeut pas bien longtemps et pour cause : l’ex-président de la commission de Bruxelles ne fait là qu’ officialiser des liens qui auparavant était officieux avec les véritables maîtres du monde et révèle ainsi la nature du pouvoir institutionnel européen, simple conseil d’administration de la Finance mondiale à l’échelle du continent.

Ce que nous pouvons constater à la lumière de ces deux événements c’est le caractère illusoire-et illusionniste-de la politique.

Nous avions déjà remarqué, en France, que les différences entre les politiciens qui se disent de droite et ceux qui se disent de gauche était de plus en plus ténues,  voire indiscernables, nous sommes obligés de reconnaître que les jeux politiciens ne concernent plus que les affaires sociétales et les problèmes identitaires montés en épingle par les médias pour que le peuple ait son opium quotidien et son lot de fadaises  comme les « assistés » de « La rue des allocs » ont leur bière.

Qui connaît encore le sens du mot « démocratie » ? Qui peut encore prendre au sérieux l’idée qu’il existe en Occident des démocraties ?

Sans doute, et c’est un hommage du vice à la vertu, l’idéologie dominante conserve encore le mot et cherche à s’en parer tout en en piétinant le contenu et le sens.

La supra société globale, dont Manuel Barroso est un élément, tient entre ses mains non seulement l’argent, le nerf de la guerre (et ce n’est pas seulement une métaphore) mais aussi la presse dominante aux mains de quelque magnats et, pire, l’université et la politique éducative chargée  de « l’enseignement de l’ignorance » afin de permettre aux habitants de La rue des allocs de croire qu’ils ont mérité leur misère parce qu’ils n’ont pas assez travaillé à l’école (à la différence de Manuel Barroso qui, lui, bien sûr, n’a jamais séché ses cours).

barosso

Auteur: librinfo74

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