La sécurité sociale selon Michel Etievent : un droit fondamental, universel et solidaire, au bonheur social.
Dans L’Humanité du 18/08/2014, Michel Etievent, auteur de «Marcel Paul Ambroise Croisat, chemins croisés d’innovation sociale. (Éditions Gap), nous rappelle ce que fut cette institution créée en novembre 1945 pour ouvrir une nouvelle ère de dignité.
« La sécurité sociale était charpentée sur les principes d’unicité, d’universalité et de démocratie, tout le système reposait sur la solidarité, c’est-à-dire la cotisation sociale.
« Un supplément de valeur et non une ponction comme l’affirme aujourd’hui le gouvernement » écrit justement Bernard Friot.
Ambroise Croisat la définissait ainsi en juin 1946 : « la cotisation sociale est la seule création de richesses sans capital. La seule qui ne va pas dans la poche des actionnaires mais est directement investie pour le bien-être de nos citoyens. »
On le voit, « du bonheur social », et non «une charge sociale ». Partie intégrante du salaire ou salaire socialisé et indirect qualifié par Croisat « d’îlots de socialisme en France », la cotisation est la cible essentielle du pacte de responsabilité dont un des articles évoque « l’exonération de cotisations sociales pour les travailleurs dont les salaires sont inférieurs à 1,3 SMIC ».
En sous-main et au sacro-saint nom du coût du travail une véritable atteinte au soubassement même de la sécurité sociale, déjà fortement dépecée par 70 ans de détricotage.
En guise de coût, il convient de rappeler qu’un salarié français travaille aujourd’hui 48 jours par an pour les actionnaires (14 jours seulement en 1981 !) Et que 80 % des profits des entreprises (le coût du capital) alimentent directement le compte de l’actionnariat.
Plutôt que de ponctionner une nouvelle fois les salariés, le gouvernement serait bien inspiré de lorgner où est l’argent. Et un peu de courage politique suffirait à l’affaire : 312 milliards de revenus financiers non soumis à la cotisation, 50 milliards d’euros d’exonération de cotisations patronales, 100 milliards d’évasions fiscales, 220 milliards de subventions aux entreprises dont l’efficacité est encore à démontrer.
Là ne semble pas être la voie choisie par le gouvernement, bien au contraire, en guise de « réforme », celui-ci vient d’annoncer la suppression de 5000 postes dans l’assurance-maladie d’ici 2017, alourdissant ainsi sévèrement les missions traditionnelles de l’institution et compromettant ses nouvelles missions comme celle de la gestion des risques.
En dix ans, de 2004 à 2014, 16000 emplois auront ainsi disparu. »
Le droit fondamental au bonheur social semble, aujourd’hui, bien compromis.