La réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple : un devoir
Ce 11 Novembre 2014 la section départementale de la LIBRE PENSEE organisait au cinéma La Turbine à Cran Gevrier une projection -débat du film « Adieu la vie, Adieu l’amour » sur le thème des fusillés pour l’exemple de 14-18 devant plus de 130 personnes.
Le film,
émouvant avec notamment le témoignage de Louis Barthas soldat de l’époque et l’histoire de Blanche Maupas, nous apprend que plus de 2500 condamnations à mort ont été prononcées par des conseils de guerre et au moins 620 immédiatement exécutées généralement pour » abandon de poste en présence de l’ennemi « (que sont devenus les autres ? sans doute renvoyés au front en première ligne). A ces exécutions après jugement il faut ajouter des soldats abattus par leurs chefs parce qu’ils reculaient…
Dés le début de la guerre les autorités civiles abandonnent aux militaires la conduite de cette « justice » dont les décisions sont sans possibilité de recours et d’appel et immédiatement exécutées.
Ceci explique que près de 200 fusillés l’ont été durant les premiers mois de la guerre alors que les responsables politiques avaient promis « une victoire rapide » qui n’a pas eu lieu. Bien au contraire les troupes français ont subi des pertes importantes et ont du reculer.
Le général Joffre disait des allemands « je les grignote » mais à quel prix ?
En 1916 la justice d’exception est abandonnée mais les mutineries de 1917, déclenchées après l’échec de l’offensive de Nivelle dans l’Aisne au Chemin des Dames, entraînent une reprise des exécutions pour l’exemple (c’est à dire que l’on condamne non pas pour des actes commis personnellement mais pour restaurer la discipline collective).
La plupart des exécutés ne bénéficient d’aucune pierre tombale sauf lorsqu’une initiative locale ultérieure a été prise.
Le débat
Ce film est suivi d’un débat introduit par le président départemental de la LP 74 José Goemans qui rappelle que le combat pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple regroupe plusieurs associations dont la Ligue des droits de l’Homme, l’Union Pacifiste…Aujourd’hui 11 Novembre ont eu lieu différents rassemblements pacifistes. Il souhaite la construction d’un monument aux morts pour les fusillés pour l’exemple.
Le débat tourne autour d’une part de l’action pour la réhabilitation collective des fusillés et d’autre part sur des précisions historiques.
Pour J. Goemans (LP) il faut effacer les condamnations et réhabiliter collectivement ce qui est différent des promesses de Jospin et de Sarkozy de « réintégrer dans la mémoire collective« . La notion de fusillé pour l’exemple est opposé à l’idée de justice et a entraîné une punition collective pour la famille du fusillé.
Pour G. Ravache (PCF) la guerre a été provoquée par des décisions politiques. Les parlementaires communistes ont déposé un projet de loi pour la réhabilitation des fusillés qui a été refusé par les principaux groupes parlementaires, puis un second texte édulcoré rejeté à l’unanimité par les parlementaires UMP et PS…
Pour A. Collard (LP) La Libre Pensée a relancé la campagne pour la réhabilitation collective pour les fusillés. Le lobby militaire entrave cette campagne et la LP soumet un texte à signature des citoyens…
Un participant demande comment expliquer que les officiers responsables de ces exécutions n’ont pas été poursuivis pénalement.
Un autre participant précise que la plupart des pays belligérants ont pratiqué des exécutions pour l’exemple.
Un autre participant rappelle que la chanson de Craonne avait du succès auprès de ses élèves. Il pense que les guerres d’aujourd’hui s’opposent à la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple.
Un dernier participant intervient pour rappeler le sort des soldats russes qui se trouvaient sur le front ouest et qui refusé de poursuivre le combat en 1917 après la signature de la paix par leur pays. Pour la plupart ils furent envoyés au camp de la Courtine puis massacrés.
Cent ans après la mémoire de ce conflit n’est pas éteinte.
Jean-Pierre RICHAUDEAU