La perte d’autonomie au cœur des cantonales : un manque criant de personnels formés !

De gauche à droite, André Adobati, F.N., François Astorg, EELV, Annie Anselme, PCF/F.G, François-Éric Carbonnel, UMP, Denis Duperthuy, PS, Bernard Némoz, NPA, et Dominique Puthod, Nouveau-Centre.

Enfin un débat électoral sur les cantonales qui ne soit pas qu’un simple exercice de propagande. L’association Humanisme et Société et la CFDT retraités ont voulu aborder un des thèmes majeurs de notre société : la perte d’autonomie.

Les candidats aux cantonales ont du préciser quelle politique ils comptaient mettre en œuvre pour répondre à cette question douloureuse pour une grande partie de la population.

Pour cela, trois temps de débat – rythmés par la projection de vidéos-témoignages réalisées par librinfo74 – ont permis d’aborder les compétences du Conseil Général en matière de perte d’autonomie, celle de l’État avec la loi gouvernementale en préparation initiée par Nicolas Sarkozy, et enfin celles des collectivités territoriales communales, inter-communales et régionales.

Photo libre de droit.

L’organisation de la soirée était tirée « à quatre épingles » dans le sens où tout avait été orchestré avec beaucoup de professionnalisme.

Côté scène, face à sept candidats à l’élection cantonales, ou leurs représentants*, deux animateurs, jean-François Cullafroz, journaliste, représentant les retraités CFDT, et Thomas Meszaros, Président de « Humanisme et Société ».

Photo libre de droit.

 

 

Derrière, un homme aux chronomètres.

Dans la salle, plus de 200 personnes, en majorité des adhérents CFDT et en moins grand nombre, ceux « d’Humanisme et société ». Mais aussi des militants de partis politiques, en particulier ceux de droite, venus « faire la claque » au sein d’un public qu’ils savaient plutôt acquis aux thèses de gauche.

Au fond, Kévin de librinfo, avec ses caméras, venu filmer le débat, dont vous trouverez l’intégralité très prochainement sur le site.

Les trois reportages vidéos de librinfo74, diffusés pendant le débat, que vous pouvez regarder en cliquant sur le lien : http://www.librinfo74.fr/2011/03/mardi-8-mars-debat-sur-la-dependance-a-lheure-des-cantonales, semblent avoir été bien appréciés par le public.

Le témoignage de Catherine Blondeau a posé crûment le désarroi des familles face à la prise en charge à domicile de leurs parents en perte d’autonomie, et la carence en personnel formé pour cette tâche difficile.

Monique Rougerie, avec un langage direct, clair et percutant, a parfaitement situé les enjeux de la prise en charge de la perte d’autonomie qui doit être assurée totalement par la sécurité sociale, dans l’esprit du Conseil National de la Résistance.

Enfin, Patrick Lemettre, médecin généraliste « de terrain », ancien coordonateur dans une EHPAD, s’occupant de nombreuses personnes âgées à domicile, a souligné la question redoutable du manque de soignants chronique dans les années à venir.

Un débat de bon niveau, bien maîtrisé.

Cela a évité que cette réunion ne devienne une joute électorale stérile.

Cependant, malgré les intentions louables des organisateurs, dès qu’on aborde les choix politiques de fond, ce genre de débat est toujours « plombé » par la difficulté des représentants des partis de la majorité présidentielle à répondre clairement aux questions critiques de leurs adversaires de gauche.
Ce fut le cas de François-Éric Carbonnel, représentant l’UMP, qui avait la lourde tâche de répondre aux attaques de toute part, y compris de son propre camp, par la voix de Dominique Puthod, « Nouveau Centre », sur la politique gouvernementale initiée par le Chef de l’État. Cela prouve que la droite n’est pas aussi unie derrière Sarkozy, comme l’UMP voudrait qu’elle le soit. Cela confirme que, comme à gauche, l’unité électorale n’est qu’une opération de manipulation des citoyens  alors que ceux-ci sont capables de participer à un véritable débats d’idées.

Photo libre de droit.

Le défaut principal des élus politiques est leur capacité à dénoncer les situations sans pour autant proposer des solutions concrètes et détaillées. Par exemple, quels sont les moyens à mettre en œuvre pour former un personnel en nombre pour assurer une présence professionnelle auprès des personnes en perte d’autonomie ? Combien de personnes peuvent-elles être formées, sur quelle durée, avec quel budget, dans quels locaux, par qui, avec quels profils de recrutement ?

On est resté qu’aux positions de principes, qu’aux déclarations d’intention, qui permettent d’affirmer les clivages politiques.

C’est quoi le clivage « Gauche-droite » en matière de protection sociale ?

Pour résumer le débat, la Gauche prône la prise en charge totale de la perte d’autonomie par la sécurité sociale, alors que la Droite, considérant que la Sécu est en déficit, demande aux citoyens de recourir aux assurances privées et de prendre sur leur patrimoine.

Et le clivage « Gauche-Gauche », où se situe-t-il  ?

On assiste à une opposition entre une gauche radicale – représentée à la tribune par Bernard Némoz du NPA et par Annie Anselme, PCF/Front de Gauche – qui défend la prise en charge intégrale par la Sécu de la perte d’autonomie, considérée comme liée à la maladie – et le PS, plutôt favorable à des solutions mixtes. Denis Duperthuy, candidat PS dans la canton Annecy-centre, considère que la perte d’autonomie n’est pas qu’une affaire de maladie. L’aspect social doit être pris en compte. Quant à François Astorg,  candidat EELV (Europe Écologie Les Verts), également dans le canton d’Annecy-Centre,  la réponse ne doit pas être que financière. La prise en charge de la perte d’autonomie impose un changement de société au delà d’une simple réponse budgétaire.

François-Éric Carbonnel refuse de se prononcer sur la loi sur la dépendance initiée par Sarkozy. Une position que Denis Duperthuy considère comme hypocrite.

Concernant la question de la loi sur l’autonomie en préparation, François-Éric Carbonnel réussit à « botter » en touche en vantant le « courage » du chef de l’État de lancer le débat sur plusieurs pistes

Faut-il créer une nouvelle branche de la Sécurité sociale ou se tourner vers les assurances privées, voire combiner les deux ?

Doit-on recourir à la succession après le décès de la personne dépendante.

L’éventualité d’une hausse de la CSG des retraités.

Ce à quoi, Denis Duperthuy, PS, rétorque que cette position est hypocrite, car des mesures sont déjà prises allant dans le sens du recours aux assurances privées puisque de nombreux français ont été invités à souscrire ces contrats. D’ailleurs la fait que Nicolas Sarkozy ait transféré de nombreuses compétences en la matière à son frère Guillaume, Directeur de la société d’assurance complémentaire Malakoff-Médéric, confirmerait cette thèse !

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Le clivage « Droite-Droite »  entre UMP et Nouveau centre !

Généralement le clivage « droite-droite » entre l’UMP et le Nouveau Centre est souvent étouffé.  Ce ne fut pas le cas entre François-Éric Carbonnel de l’UMP et Dominique Puthod du Nouveau Centre, représentant Jean-Luc Rigaut. Dominique Puthod (précisant qu’il parle à titre personnel !), se déclare à la fois favorable à la prise en charge par la solidarité nationale des dépenses dues à la perte d’autonomie, et réservé sur le recours aux assurances privées, non pas sur le principe, mais sur la nature des contrats qui permettent aux actionnaires d’empocher des dividendes « colossaux » sur le marché de la solidarité. En fait, le nouveau centre est bien favorable aux assurances privées – identifiant ainsi son appartenance à la droite –  mais « moralisées », ce qui signe son ancrage dans le milieu chrétien démocrate.

Le Front National, fidèle à lui même, populiste et démagogue !

Quant au représentant du Front National – dont le hasard du placement à la tribune le met à l’extrême droite  –  ce dernier s’est retrouvé bien à l’écart des six autres candidats, comme si ceux-ci le fuyaient comme la peste. Est-ce le candidat qui s’est détaché du groupe ou le groupe qui s’en détache ? Mystère !

À l’écoute des interventions du candidat du F.N, si son étiquette n’avait pas été connue, on aurait pu placer ses propos dans la bouche de représentants de gauche. André Adobati défend dans une logique populiste la cause du petit peuple, celui dont les revenus ne lui permet pas de se soigner, d’avoir un logement décent, de manger à sa faim. Il aurait été intéressant que les animateurs lui demande de préciser le programme du Front National, qui défend en priorité les riches, les intérêts privés, et combat le principe de la sécurité sociale…

François Astorg d’EELV, place la prise charge de la perte d’autonomie au niveau d’un choix de société.

Si le candidat écologiste ne sous-estime pas le manque de moyens financiers pour assurer une meilleur qualité de la prise en charge de la perte d’autonomie, il affirme que l’on ne doit pas réduire la question à cette problématique, on doit la relier à un choix de société dans une logique de « transversalité ».

Le Conseil Régional invité au débat

La soirée s’est clos par un échange entre conseillers régionaux, avec la participation de Gilles Ravache, Front de Gauche, François-Éric Cardonnel, UMP et Philippe Mérieu, vice-Président EELV de la Région Rhône-Alpes. La présence de ce dernier a quelque peu irrité Sylvie Gillet de Thorey, vice-présidente PS du Conseil Régional, qui se voyait sur scène. Présente dans la salle, elle ne comprenait pas qu’on ait invité Philippe Mérieu de Lyon plutôt qu’elle, maire de Meythet. Interrogé à ce sujet, Thomas Mezaros, Président « d’Humanisme et société » réfute tout parti-pris, puisque les organisateurs ont laissé les partis politiques libres de choisir leurs représentants.

Une petite polémique qui nous ramène aux arènes électorales où chaque parti se regarde… en chiens de faïence… !

Auteur: gfumex

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