La parole est donnée à Jean Vuillet, tête de liste d’opposition à Thônes

Suite à l’interview de Pierre Bibollet, maire de Thônes, nous avons donné la parole à Jean Vuillet, tête de liste d’opposition de « Pour une transition participative ».

 

Sur le projet de l’îlot Rousseau

En préalable, il nous parait indispensable de bien présenter l’enjeu et le contenu des débats aux deux Conseils Municipaux du 8 et du 22/12 qui avaient pour objet de délibérer sur un surcoût d’acquisition de 665 000 euros pour la Commune, après récupération de la TVA.

Nous considérons que ce projet, initié au cours du précédent mandat, est un des enjeux majeurs de cette mandature. Il concerne la santé publique avec la MSP,(1) l’aménagement et le développement urbain avec les logements, le parking et les commerces. Il a un impact financier en raison des engagements déjà pris et ceux à venir. Nous souhaitons que l’ensemble des habitants puisse aussi avoir accès à une information claire et complète. 

Au cours du Conseil du 8/12, les élus de la minorité ont posé de nombreuses questions sur la délibération proposée (augmentation de la contribution de la Commune de plus de 800 000 euros) car il y avait un manque d’information des Conseillers sur l’ensemble du dossier. Ces questionnements ont été relayés, pour partie, par certains élus de la majorité également. Les réponses de Mr le Maire ont été partielles (voire confuses ou contradictoires), ce qui a démontré la nécessité de prévoir un Conseil spécial dédié à ce projet en présence du promoteur, qui a pu apporter des éclaircissements aux ambiguïtés évoquées (en particulier sur la « clause de retour à meilleure fortune »).
 
Le 22/12, nous avons fait des propositions pour limiter et sécuriser la participation de la Commune:
–    Depuis la réalisation des 35 places en 2022 du Parking du Mont et pour maintenir l’objectif de 89 places dans le secteur, nous pourrions donc acquérir uniquement 54 places en souterrain dans l’Ilot Rousseau : économie pour la Commune environ 1 million d’euros. Refus de Mr le Maire.
–    Au vu de l’augmentation du coût de construction, et de la qualité des espaces mis à disposition, augmenter modestement la location à la MSP afin de répartir les surcoûts; pour 1 euro de plus au m2, recette complémentaire de 10 000 euros par an à partager entre les 23 professionnels de santé. Refus de Mr le Maire.
–    Nous avons demandé de plafonner l’engagement financier communal par un refus de nouveaux surcoûts pour la commune. Réponse de Mr le Maire: « si besoin, le Conseil Municipal sera saisi pour nouvelle délibération ».
–    Nous nous sommes inquiétés des risques de désordres au delà de la garantie décennale, particulièrement pour le parking. Réponse de Mr le Maire: « le parking R-2 ne serait pas intégré dans la copropriété publique ».
–    Nous avons réitéré notre demande de sécuriser la « clause de retour à meilleure fortune » proposée par le promoteur. Celui-ci s’est engagé à créer une société dédiée et a accepté le contrôle par un expert nommé par la Commune.
 
 

Une présentation tronquée du bilan global

Nous avons contesté la présentation du bilan global qui n’inclut pas les dépenses des exercices précédents affectés à ce projet (à minima 1,4 millions d’euros). Par ailleurs, alors que Mr le Maire nous avait dit par écrit qu’il n’y aurait pas d’emprunt pour cette opération. L’adjoint aux travaux nous a annoncé un emprunt de 1,6 millions d’euros sur 20 ans…Cette opération présentée comme blanche pour les finances de la Commune aura une conséquence sur sa capacité à agir au détriment d’autres actions.
 Les élus de la minorité considèrent qu’il est effectivement indispensable de s’assurer la continuité et même de l’amélioration de l’offre de soins et sont bien conscients de la nécessité à avoir une Maison de Santé Pluridisciplinaire sur Thônes. Néanmoins, le projet de l’ilot Rousseau ne se réduit pas à ce seul usage! Les autres volets de ce projet ne nous paraissent pas relever de l’urgence à agir, car ils témoignent d’un parti pris de développement qui ne nous paraît pas en adéquation avec les enjeux de sobriété ni avec les besoins du territoire. Au vu des coûts de commercialisation, le public cible de ce projet ne sera pas celui que la collectivité doit accompagner en priorité.
Alors que le 8 décembre certains élus de la majorité avaient exprimé de fortes interrogations sur le contexte du projet, le 22 il est apparu très clairement que leur vote serait favorable à la demande du promoteur. Dès lors, quelle que soit la position des élus de « Pour une Transition Participative à Thônes », la délibération allait être votée. Deux d’entre nous ont considéré que le refus du Maire à nos propositions justifiaient de voter contre, deux ont estimé que la relative urgence à trouver une solution pour les médecins justifiait un vote favorable, et les trois autres ont tenu une position médiane par leur abstention. Pour autant, si nous avions été en position de gérer ce dossier complexe, nous aurions tenu nos engagements. La priorité que nous accordons aux questions sociales et environnementales auraient permis de construire un autre « Îlot Rousseau »., avec bien sûr une MSP, des logements conformes à la règlementation thermique, et une offre de parking mieux dimensionnée.
Maintenant que la Commune est engagée et s’il se réalise comme prévu, nous serons vigilants sur la suite de cette opération.


Sur le budget, voici notre expression dans le bulletin

Concernant le budget 2022, son élaboration a été houleuse en raison du cadrage imposé par le Maire, cadrage qui s’est révélé impossible à tenir sur plusieurs points (arbitrage fonctionnement/investissement, coûts des services, recours à l’emprunt). Et que dire des commentaires sur le prétendu manque de contribution à l’effort collectif des plus démunis d’entre nous ! Ce sont eux qui sont proportionnellement les plus taxés via la TVA et la CSG. Au final, nous n’avons pas donné quitus à un budget qui refuse toujours l’application de tarifs en fonction du quotient familial et qui programme de trop nombreux investissements pour les années à venir, au détriment des services pour la vie quotidienne.


 Sur la Participation citoyenne

Il faut voir d’où on part! Les Comités étaient moribonds et les habitants désabusés sur les possibilités d’implication dans la vie citoyenne. Mon mandat de Conseiller délégué était effectivement clair sur le vivre ensemble, et plus ambigu sur la concertation.
Nous avons mis presque 2 ans pour former les élus à la Participation, puis valider en interne les process de décision sur les projets citoyens. Des réalisations ont été effectuées, et d’autres le seront dans l’année (Chapelle de Thuy, Four de Glapigny, aménagement terrain jeu Vacherie, composteur partagé et poulailler collectif Centre Ville).
Le Maire souligne lui-même que finalement trois Comités réalisent du vivre ensemble (dont deux dans le cadre de mon engagement en tant Conseiller référent), ce qui est incomplet car deux autres ont aussi une activité de rencontres régulières. Seul un Comité a des difficultés à se fédérer, et nous allons relancer la dynamique en profitant du re-découpage déjà réalisé.

Nos propositions pour participer à la définition d’une stratégie de concertation, pour associer les citoyens également aux différents stades d’avancement des projets, n’ont pas été acceptées.

La commission n’a pas été saisie par les autres commissions ou missions ou groupes de travail, pour co-construire la participation sur les projets, comme cela avait été acté.

La commission n’a pas le droit de proposer si elle n’est pas saisie. Donc, en définitive, ce n’est pas une commission participation citoyenne, à moins qu’on limite la participation citoyenne à la gestion du  « budget participatif (rappel : 10000€ seulement) et comités de hameaux »

Et en conclusion, rappelons que jusqu’à présent nous pensions pouvoir participer à une co-construction de la ville de demain, eu égard à notre représentativité démocratique. Ce n’est pas le cas.

 

Sur la déviation Est

Techniquement, voter pour l’attribution, c’est reconnaître que la passation de marché s’est effectuée en conformité avec la règlementation, ce n’est pas valider la réalisation du projet.

Sur le fond du projet, il est tout à fait possible de réaliser un rond point sur la départementale (et donc supprimer le feu rouge et réorganiser la gare routière en pôle multi-modal) sans faire le pont sur le Nom !

Pour limiter la circulation en Centre Ville, interdire définitivement le centre ville aux cars et poids lourds, et temporairement, en fonction des horaires jours saisons, aux véhicules légers. Le délestage se ferait au niveau de l’auto-pont de La Cour (ouvrage vétuste qui nécessite une lourde rénovation) transformé en rond-point.
 
Au final, ce qui gêne le Maire c’est l’existence publique d’une alternative à ses modalités de gestion d’un Conseil municipal et surtout à l’orientation des priorités budgétaires. Nous ne sommes pas là pour « faire de l’affichage » mais pour faire vivre les valeurs qui nous rassemblent: social, sobriété, solidarité, participation

 

Sur les logements

Sur les priorités en matière de nouveaux logements, ni la commune ni la CCVT ne prennent la mesure jusqu’à aujourd’hui des besoins en matière de logements collectifs (foyer de jeunes travailleurs, foyer d’accueil d’urgence…) ou partagés (appartements inclusifs…). Pourtant, les solutions existent et sont mises en place partout sur le territoire national.
C’est pour cette raison que j’ai toujours voté contre ce projet…

 

(1) MSP : Maison de Santé Pluridisciplinaire

Auteur: gfumex

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