La confédération paysanne et des élus de gauche, vent debout contre l’abattage total des troupeaux

La mort du vivant

Quand on imagine que ces vaches magnifiques en bonne santé, qui ne demandent qu’à vivre, vont être euthanasiée dans des conditions déplorables, on peut comprendre le désarroi et la souffrance d’André et de Laurence de la ferme « La mésange bleu » qui entretiennent des liens forts avec elles.  Ce que ne comprennent pas les technocrates des ministères, c’est que les bovins ont une véritable sensibilité et que chaque vache a son caractère, son individualité. Pour ces éleveurs, la perte de leur troupeau est un véritable traumatisme.

C’est à la ferme de la mésange bleue que la confédération paysanne et les élus de gauche, député-e-s insoumis, du Nouveau Front Populaire et du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, ont donné rendez-vous à la presse. Un contexte particulier puisque l’éleveur André Roupioz, dont un veau et deux vaches ont été contaminées par la Dermatose nodulaire contagieuse a décidé d’arrêter le blocage militant mis en place depuis plusieurs jours.



Tous les intervenants ont respecté la décision d’André et Laurence d’arrêter le blocage. Une décision qui n’appartient qu’aux éleveurs.

Devant cette situation, la confédération paysanne a pris l’initiative d’organiser un point presse à la ferme « La mésange bleue » avec la présence d’élus pour expliquer leurs positions en totale opposition à celle défendues par la ministère de l’agriculture. Stéphane Galais, secrétaire national de la Confédération Paysanne s’en explique :

Cependant, dans leurs interventions, tous et toutes ont rappelé leur opposition catégorique à l’abattage total des troupeaux à la suite de la contamination de quelques bovins. Un abattage total décidé par les préfètes des deux départements de Savoie.

L’Europe n’impose pas l’abattage systématique des troupeaux contaminés.

Contrairement à ce qu’avance le ministère de l’agriculture dont les préfères sont les relais, l’abattage est considéré par l’Union européenne comme un moyen parmi d’autres qui pratiquent des tests pour identifier les vaches saines. Chaque situation doit bénéficier d’un régime spécifique.

Les préfètes ont décidé de passer en force en accélérant l’abattage total. La période d’incubation varie de 4 à 14 jours, elle peut atteindre un mois, Classiquement, la maladie débute par une hyperthermie qui peut atteindre 41°C et persister durant deux semaines.

 

La DNC n’est pas contagieuse pour l’Homme. Les bovins le sont par l’intermédiaire des insectes piqueurs.

Les Taons sont les principaux transmetteurs de la maladie en récupérant le virus sur une bête malade et le transmettant aux vaches saines en les piquant. Il n’y a pas de transmission par contact.

Dans son intervention, Stéphane Galais insiste sur les mesures à prendre quand certaines bêtes sont malades.

Renforcer la quarantaine est la première mesure à prendre et éviter tout transports d’animaux.

Dans les Balkans et en Turquie, la gestion de la crise a permis d’éviter les l’abattage total des troupeaux grâce à la vaccination anticipée. (1)

La France toujours à la traîne en matière vaccinale

C’est le manque d’anticipation de la France qui est à l’origine de la situation catastrophique dans notre département dont il est avéré que le virus est venu par le transport de bovins infestés depuis la Sardaigne , en passant par l’Italie du Nord. La question des vaccins met en colère Stéphane Galais : ”plutôt que de créer nos propres vaccins en France, nous sommes dépendants de l’Afrique du Sud qui nous transmet les vaccins tardivement en nous imposant des tarifs exorbitants.”

Une gestion inhumaine de la crise

”Le ministère de l’agriculture a été totalement absent du terrain pour établir un dialogue avec les éleveurs : tout à été traité hors sole depuis Paris par des technocrates ne connaissant pas la réalité du terrain” poursuit … Galais.

Pas de réaction immédiate de l’État

Au premier plan, Jean-François Coulomne, derrière Stéphane Galais et Marion Meunier

Jean-FrançoisCoulomne, député LFI de Savoie, regrette le manque de réactivité du ministère de l’agriculture : ”Un vent de panique a soufflé sur le ministère avec l’absence de directives immédiates” La seule réponse a été d’abattre les troupeaux, sans réfléchir sur ls situation sanitaire réelle des bovins”

Sandrine Nosbé, député LFI de l’Isère, dénonce une réponse disproportionnée à cette crise avec l’abattage total des troupeaux : on ne respecte ni les bêtes ni les éleveurs”. Nous devons résister car l’injustice est inacceptable”

Une autre approche a été donnée par Manon Meunier, députée de Haute-Vienne, « Nouvelle Union populaire écologiste et sociale » qui a adressé une lettre à la ministre dénonçant le déséquilibre de la politique sanitaire.

Concernant le situation de la DNC , elle préconise, à l’instar des autres élus, outre une quarantaine renforcée, la suppression du transport des bêtes, l’augmentation du budget en faveur d’un vaccin fabriqué en France, une indemnisation à 100 % des pertes des animaux et de l’exploitation, mais aussi définir des zones maintenant l’exportation des animaux du limousin ”seule possibilité des éleveurs pour vivre de leur travail.”

Fabienne Grebert, conseillère régionale écologiste de la région Auvergne-Rhône-Alpes, se retrouve aujourd’hui dans les même conditions dramatiques de l’abattage de 220 vaches de l’exploitation d’Éric et de Maryse près de La Roche-sur-Foron, dont une vache avait été contaminée par la brucellose. Fabienne Grebert complète les mesures préconisées par les élus nationaux, par la mise place d’une véritable politique régionale de souveraineté alimentaire, du respect du vivant, de la valeur travail des agriculteurs et du maintien du patrimoine agricole :  » Nous sommes soumis à la politique autoritaire de Wauquiez qui ne fait que favoriser l’agriculture industrielle en coupant les vivres aux associations environnementales, sous la pression directe de la FNSEA”.

Une politique sanitaire à long terme

Tous les élus préconisent un politique sanitaire à long terme. Une politique totalement absente dans notre pays, est juste capable de réagir dans l’urgence aux crises avec des méthodes aberrantes. Les élu-e-s demandent d’investir dans la recherche pour se prémunir contre les épizooties à venir, acheter les brevets des vaccins pour être souverain dans leur fabrication,

Absence de la FDSEA aux côtés des éleveurs frappés par l’épidémie

Pierre Maison, éleveur laitier à Boussy en Haute-Savoie, membre de la Confédération Paysanne, a découvert, au début de la crise, un communiqué de presse de la FDSEA très virulent, s’opposant catégoriquement à l’abattage total et manifestant un soutien inconditionnel aux éleveurs dont les troupeaux ont été infectés par la DNC : ”mais depuis, plus aucune présence des adhérents de la FDSEA sur le terrain aux côtés des éleveurs. Connaissant les liens entre la FNSEA et le gouvernement, on peut comprendre qu’ils se sont tus, soutenant par défaut l’abattage total des troupeaux. »

(1) La dermatose nodulaire contagieuse bovine est une maladie virale enzootique en Afrique sub-saharienne.Après avoir été détectée pour la première fois en Turquie en novembre 2013, elle s’est ensuite étendue à l’Europe, tout d’abord à la partie européenne de la Turquie en mai 2015, puis dans les Balkans.

Auteur: gfumex

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