Jean-Pierre Floret, responsable de l’Union confédérale retraités de la CGT, rappelle que 10 % des retraités sont déjà sous le seuil de pauvreté.
LES ORGANISATIONS DE RETRAITÉS ONT DÉJÀ MOBILISÉ EN JUIN PUIS EN SEPTEMBRE 2014. POURQUOI APPELEZ-VOUS À NOUVEAU À MANIFESTER DANS TOUTE LA FRANCE CE 17 MARS ?
Jean-Pierre Floret : L’an dernier, neuf organisations de retraités avaient appelé à mobiliser. Cette fois, la CFE-CGC ne s’est pas jointe à nous et nous le regrettons. Mais, sur les 107 rassemblements que nous avons recensés dans 95 départements, certains se feront localement de façon unitaire, c’est-à-dire avec la CFE-CGC et même avec la CFDT, comme en Haute-Loire. Car nous constatons tous que la situation se dégrade sans cesse du fait d’une série de mesures qui se conjuguent.
D’abord, les pensions de retraite de base, qui étaient revalorisées chaque année en fonction de l’inflation, sont gelées depuis avril 2013. Et ce n’est pas la prime de 40 € que va verser le gouvernement aux retraités qui ont moins de 1 200 € de pension qui va changer les choses. D’autant que les retraites complémentaires, que certains partenaires sociaux ont décidé de revaloriser d’un point de moins que l’inflation pendant trois ans, sont de fait, gelées aussi, du fait de la faible hausse des prix.
À cela s’ajoutent plusieurs taxes. Depuis 2013, les retraités redevables de la CSG doivent aussi payer une nouvelle taxe de 0,3 % sur les retraites, la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa). Il y a aussi eu la disparition de la demi-part fiscale accordée aux parents isolés, et la fiscalisation du bonus de retraite de 10 % accordés aux parents ayant élevé trois enfants et plus.
Enfin, une modification des règles concernant le taux de CSG, qui aboutit à ce que 460 000 retraités paient désormais le taux plein de 6,6 % plutôt que le taux réduit de 3,8 % (NDLR : mais, à l’inverse, 700 000 retraités devraient bénéficier d’une baisse de taux].
On nous dit que les impôts vont baisser en 2015 pour les bas revenus mais, pour l’instant, on a surtout vu que de nombreux retraités sont devenus imposables et ont perdu une série d’aides sociales, comme l’exonération de la redevance télé…
Dans ce contexte, les négociations Agirc-Arrco en cours, où on cherche à nouveau à faire des économies sur les retraites complémentaires, ne présagent rien de bon. Nous craignons beaucoup en particulier pour les pensions de réversion, qui apportent un revenu à de nombreuses femmes.
Mises bout à bout, ces mesures sont très lourdes. On va vers une paupérisation considérable de nombreux retraités . Je rappelle qu’aujourd’hui 10 % d’entre eux vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et les autres sont loin d’être des nantis. D’autant que certains d’entre nous doivent encore aider leurs enfants. On voit progresser la proportion des retraités qui doivent travailler pour compléter leurs revenus. En 2012, 7 % des retraités de 60 à 69 ans occupent un emploi en 2012, ça a doublé par rapport à 2006.
Source : La Croix.