Jean-Claude Michéa, un des nouveaux « brouilleurs idéologiques » de la gauche, fossoyeur de Mai 68.

Dans le cadre de la liberté d’expression chère à « librinfo » la parole donnée à « un lecteur »* illustrée par la magnifique et mythique affiche du CRS à matraque, affiche salie par l’écorchure d’un « Mai 68 » griffonnée en rouge, est une véritable déjection sur les motivations libératrices de toute une jeunesse de l’époque qui a permis l’explosion sociale des grèves dans tout le pays, expression de la souffrance de toute une classe ouvrière, écrasée par les forces de l’argent et du pouvoir politique conservateur.

Se référer à Jean-Claude Michéa, situé à gauche du PS, comme référent idéologique, c’est participer au brouillage idéologique, dont Laurent Bouvet, proche de Valls, entretient dans la sphère du PS **.

Assimiler Mai 68 aux seuls étudiants de Nanterre que ce lecteur qualifie issus « des milieux huppés de l’Ouest parisien, de Neuilly et des banlieues résidentielles », révèlent une incapacité à mesurer la formidable explosion de liberté et d’émancipation qui s’est exprimée dans toute la France.

Dire que le mouvement de mai 68 se résume à : « une libération de la parole mais aussi de la sexualité, de la consommation. Et, en particulier, de la consommation de la drogue qui sévissait sans se cacher dans les couloirs de la fac. Ce fut une libéralisation des mœurs. » est l’expression d’une analyse indigente et partielle de ce mouvement

Pour avoir vécu à Annecy le mos de mai 68, je peux affirmer que ce mouvement aura permis pour la plupart des étudiants et lycéens d’acquérir en quelques semaines une maturité politique apte à comprendre la grande histoire de mouvement ouvrier, ses luttes libératrices, ses résistances à l’ordre hégémonique de l’impérialisme capitaliste. Le plus spectaculaire est que le même phénomène s’est reproduit partout en France, au cœur même des structures de la société.

Bien sûr, le rapport de force entre ce mouvent annonciateur d’une société autogestionnaire fragile et les forces économiques du grand capital et du patronat national relayé par les pouvoirs politiques de droite comme ceux de la gauche institutionnelle sociale-démocrate ou stalinienne, ont rapidement étouffé cette bouffée populaire d’espoir démocratique.

Mais affirmer que le mouvement de Mai 68, en citant Jean-Claude Michéa,  se résume à affirmer qu’il contenait dans son ADN les germes du libéralisme économique, « qui repose sur la libre concurrence et le libre fonctionnement des marchés, inséparable du libéralisme des mœurs qui prône la libération des désirs « naturels » de l’individu » est une véritable imposture intellectuelle.

Dans ce sens je partage le commentaire de Pierre Cabotte qui écrit que « C’est quand même un tour de force que de dire que mai 68 a favorisé le libéralisme sous toutes ses formes !
Certes, la libération des moeurs est devenu le seul étendard présentable de la sociale-démocratie face aux conservateurs mais la réduction du temps de travail et la critique de la société de consommation ne servent pas de tremplin au néolibéralisme, au contraire ! »

 

*Comme librinfo est libre d’accès, n’importe qui peut en devenir lecteur

** À ce sujet, je vous recommande l’analyse de Philippe Corcuff, maître de conférence de sciences politiques à Lyon.

Auteur: gfumex

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