Humeur : L’idéologie du libéralisme.
Le principe fondamental de la politique, à l’échelon local aussi bien que mondial, peut se formuler ainsi : « l’homme est naturellement mauvais, il ne sait rien faire de mieux que nuire aux autres, les utiliser pour son propre intérêt et, en même temps, si c’est possible, se faire craindre, voire se faire admirer d’eux. »
Ils peuvent l’admirer, en effet, puisque chacun d’eux voudrait lui ressembler et « réussir » comme lui à être le plus fort, le plus riche et le plus malfaisant.
Il convient donc d’organiser la société en fonction de ce principe, de telle façon que ceux qui gagnent dans ce combat ne soient pas perpétuellement inquiétés par ceux qui perdent, sachant que les uns ne valent pas mieux que les autres.
Les lois doivent donc justifier les inégalités, les injustices, les discriminations, les privilèges et les abus de toutes sortes en leur conférant un statut légal.
Ainsi, ceux qui ont à se plaindre de leur sort y réfléchiront à deux fois avant de récriminer puisqu’ils seront juridiquement convaincus de leurs torts.
Et plus ils seront misérables, plus ils seront maltraités et rejetés.
On pourra, en effet, leur reprocher que, dans un système où tous les mauvais coups sont permis pour s’imposer, ils n’auront pas montré suffisamment leur capacité à nuire.
Ils seront donc, à bon droit, qualifiés de faibles. On pourra même aller jusqu’à les soupçonner de bonté, voire d’honnêteté, qui, convenons-en, sont des défauts particulièrement ridicules et malsains.
On se demande qui ferait fonctionner l’économie de libre prédation (appelé aussi économie libérale) si les hommes cessaient d’être des bêtes féroces les uns à l’égard des autres.
Chacun sait qu’un homme qui n’est pas menacé de mourir de faim ou de voir ses enfants privés de tout avenir n’acceptera jamais un travail abrutissant et mal payé. Les humains ne sont pas seulement égoïstes et cyniques, ils sont aussi foncièrement paresseux.
Voilà pourquoi il est préférable de faire en sorte que les plus odieux écrasent ceux qui le sont moins afin de rappeler à ces derniers qu’à défaut de justice, il y a quand même un ordre dans ce monde.
