Ginette Kolinka : pour que l’Histoire de la Shoah ne soit pas « une forteresse de souvenirs en cendres »

Ce Lundi 27 Juin, la MJC, Centre Social Mikado d’Annecy, faisait salle comble, pour accueillir Ginette Kolinka, 97 ans, rescapée de la Shoah et du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau « pour que l’Histoire de la Shoah ne soit pas « une forteresse de souvenirs en cendres ».

Ainsi, se clôturaient les 32ème semaines contre les discriminations et le racisme.

Tout fut organisé pour que les CM2 de l’école de Novel d’Annecy, puissent la rencontrer, échanger, se poser des questions, soient présents à cette rencontre…


Comment apprendre à transmettre une mémoire qui n’est pas la nôtre ?
Tout fut préparé minutieusement avec l’implication des enseignants. On sentit beaucoup d’émotion à la recevoir. En lien avec le centre Mikado/Novel, les enfants ont minutieusement préparé ce moment exceptionnel.
Il est complexe de faire comprendre ce que l’on ne cessait de dire au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale : « Plus jamais cela !

« Apprendre à être passeur se décide et se construit »
Témoigner de ce douloureux passé bien des années après, auprès des jeunes ne s’improvise pas et amène à se poser des questions. Comment Hitler, dans les années 30 a-t-il pu mettre son projet à exécution, comment faire admettre qu’il fallait éliminer les Juifs et les réduire en poussière ? Ils furent désignés pour être humiliés. Cela prit différentes formes comme identification sur les vêtements, marquage administratif, promulgation de lois, ruptures de contacts avec les aryens…

La théorie du « grand remplacement » est mise en place. Il devient interdit de poursuivre des études au-delà du bac ou d’exercer certains métiers.
Pendant près d’une heure et demie, Ginette Kolinka nous fera part de ce qui se produisit, concernant sa propre famille, à Paris, en France, avec la communauté juive de France. Tout fut contingenté avec des restrictions de droits et de déplacement.
Puis viendra 1942, où des lois sont votées qui aboutissent à des dénonciations, à ce que les familles s’organisent pour fuir, obtenir des faux-papiers, passer en zone libre.

 

Là, on prend conscience de ce que signifie « camp d’extermination ».

La famille de Ginette Kolinka en a subi toutes les conséquences, ce qui aboutira à son éclatement. Elle nous contera alors son long parcours douloureux qui les conduira jusqu’à Drancy, gare de Bobigny puis Auschwitz-Birkenau en 1944.
Difficile d’imaginer concrètement ce qu’elle a pu vivre avec l’éclatement et la mort de membres de sa famille, la vie au sein de ces baraques de la mort sur Auschwitz, sous les ordres des kapos, où l’on perd toute humanité, où l’on subit des humiliations.

Quand elle quittera le camp, elle sera conduite vers Theresienstadt, puis Bergen-Belsen. Elle et les compagnons, compagnes d’infortune sont dans un état de santé lamentable, réduit à des squelettes.

 

Une conclusion s’impose après un tel récit devant un public de tous les âges ?
« Voilà où mène la haine ! » C’est un appel qu’elle nous lance pour faire vivre la fraternité, la solidarité entre les humains quelque soit la couleur de peau ou la religion.
Viendra le temps des questions avec le public, et en priorité celles des jeunes de CM qui s’étaient préparés. « Qu’est-ce qui a conduit des individus à imposer de telles atrocités ? »
On s’interroge aussi sur ce qui a déclenché chez cette héroïne cette nécessité de témoigner, alors qu’au sortir de l’horreur, elle se sentit incapable de le faire.

Mais, vint le moment, à la retraite, où elle prit conscience que les jeunes doivent apprendre à devenir passeurs afin de combattre racisme et antisémitisme. Un long et éternel combat !

Colette Charlet

Auteur: librinfo74

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2 commentaires

  1. Une prise de conscience déterminante (et inévitablement traumatisante – les affects) pour les plus jeunes.

    Transformer ainsi une histoire en récit de vie est un rare privilège que j’espère la technique d’enregistrement permettra de diffuser.

    Rien n’égale le témoignage après le vécu.
    Cela contraint l’auditeur à vivre le récit de l’auteur, se mettre « dans sa tête » et ainsi l’aider à comprendre des situations autrement im-pensables, in-vivables.

    Entendre l’autre comme apprentissage social, la condition humaine.

    Et c’est une leçon dans notre monde du Spectacle.
    Surtout dans ce moment d’effondrement civilisationnel.

    La préparation des vivants à la destruction re-création des conditions d’existence ne peut qu’aider à survivre.

    Un grand merci.

    PS je me permets de réagir car ayant côtoyé (il y a des années) des personnes dans cette situation, j’en ai mesuré l’impact, tant sur eux que sur moi, alors totalement ignare (bien qu’écolier) du genre humain.

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