Faisons la révolution !
EXPRESSION LIBRE.
Si, autrefois, Dieu était l’autorité de référence pour justifier les préceptes du culte dont il était l’objet (quelle que soit la religion), nous avons aujourd’hui, pour rendre indiscutable les impératifs du Libéralisme Financier, l’autorité sacrée de la Science Economique.
Nouvelle divinité de notre unique vraie mythologie, la Science Economique est catégorique : nous vivons une crise économique, le coût du travail est excessif, les charges sociales tuent la compétitivité des entreprises, les dépenses publiques doivent absolument être diminuées, le déficit de l’État devient insupportable et, c’est bien simple, si nous ne nous soumettons pas à des mesures drastiques d’austérité, nous nous exposons à la punition la plus affreuse autant que la plus méritée, nous serons privés de croissance. Alors il ne faudra pas nous plaindre si le chômage et une austérité encore plus grave nous frappent. C’est scientifique.
Nous savons bien que ce discours est un discours de propagande dont le seul but est de nous maintenir en état de croyance et donc de servitude consentie à l’égard de ceux qui l’énoncent et qui sont les grands prêtres de la nouvelle divinité : la Loi du Marché, idole et concept clé de la Science Economique suprême.
Nous savons que, dans le fond, nous sommes libres de tenir d’autres discours, y compris, d’ailleurs, un authentique discours religieux qui proposerait à la place ou au-dessus des Lois du Marché telle ou telle loi imposée arbitrairement par n’importe quel autre clergé autoproclamé.
Mais nous pouvons aussi décider de faire de la science (et même de la science économique) un instrument de recherche pour augmenter le capital naturel des humains ou, pour le dire autrement, pour améliorer l’état du patrimoine environnemental mis à mal par les sectateurs barbares du Libéralisme Financier.
Nous pouvons décider que la richesse consiste dans le bien-être social, la justice, voire la fraternité. Cela peut paraître blasphématoire au regard du culte à la mode, on va nous regarder de travers et nous prendre pour des impies… Mais c’est possible. Et cela changerait structurellement la vie des humains du monde entier.
Aucune croyance n’est obligatoire. L’idéologie, quelle qu’elle soit, n’a que la puissance que lui confèrent ses fidèles, voire ses fanatiques.
La révolution ne consiste pas à supprimer les anciens maîtres mais à cesser de croire en leur discours, en leurs valeurs, en leur prétendues fatalités et à en proposer d’autres. Car les hommes ont toujours vécu dans les histoires qu’ils se racontent et avec les valeurs qu’ils se donnent.
Les rêves, pourvu qu’ils soient énoncés et partagés, sont bien plus puissants que les armes.
Il faut changer de discours, il faut changer de rêves.