En sortir ou s’enfoncer.
TRIBUNE LIBRE.
Les débats politiques à l’occasion de la campagne des élections présidentielles font ressortir que le choix des électeurs se portera moins sur des candidats que sur un engagement supplémentaire dans l’adaptation à la politique libérale mondiale ou sur un désengagement.
Le totalitarisme économique s’impose à nous par le relais de l’Union Européenne. Les traités que nous avons signés nous contraignent à une politique de recherche perpétuelle de la croissance. Sans croissance, pas d’investissements parce que pas de bénéfices des capitaux. A défaut de croissance suffisante, les profits du capital se feront par une exploitation aggravée du travail, une suppression des services publics et une privatisation galopante de toutes les richesses communes.
C’est dans cette perspective que s’inscrivent les programmes de Fillon et de Macron. celui de Benoit Hamon n’y déroge pas, le projet de revenus universels est destiné à permettre à l’État de maintenir en vie toute une frange de la population qui se verra mise à l’écart de la production économique par le travail.
Il est évident qu’aucune politique sociale de gauche n’est possible dans le cadre de l’Union Européenne. L’expérience que nous venons de subir pendant ce dernier quinquennat en est la preuve. François Hollande avait peut-être l’intention de mener une politique de gauche (gauche : favorable au peuple, tendant vers l’égalité) mais il en a été empêché par le pouvoir de Bruxelles aux ordres de Berlin et de Washington, aux ordres surtout des lobbyistes des multinationales.
L’expérience grecque en est un exemple encore plus dramatique. Les griffes de la troïka sont celles de l’oiseau de proie dépourvu de toute compassion, de toute dimension humaine, les griffes du fric !
Donc, le choix est clair : s’enfoncer encore davantage en essayant de tirer notre épingle du jeu, sachant que dans ce jeu il y aura peut-être quelques gagnants et certainement beaucoup de perdants, suivre la loi de la nature et « malheur aux vaincus », que les victimes, les pauvres, les migrants soient passés dans le bilan des pertes et profits. La comptabilité gère le monde.
Ou bien se dégager. Les projets de sortie de l’union européenne sont multiples mais divers, voire opposés.
On peut en effet sortir par la droite comme le proposent le Front National (Le Pen), Debout la France (Dupont-Aignan) et l’Union Populaire Républicaine (Asselineau). Le retour de la souveraineté nationale se fera alors par un nationalisme plus ou moins agressif à l’égard des étrangers et n’empêchera pas la France de continuer à servir le capitalisme.
Mais on peut aussi sortir par la gauche comme le propose le Front des Insoumis (Mélenchon). On peut, en effet, espérer que le retour de la souveraineté nationale soit véritablement le retour de la souveraineté populaire, ce qu’on appelle la « démocratie ».
Si l’on ne peut pas changer les traités qui nous condamnent à la servitude, il nous faudra passer outre : mettre au pas la finance, contrôler les capitaux, instaurer un moratoire et un audit sur la dette publique, arrêter la libéralisation des services publics, mettre en place un protectionnisme solidaire, changer de politique agricole pour la relocaliser dans un sens écologique et social, sortir du monopole des énergies carbonées…
Ne confondons pas mondialisation et internationalisation. C’est seulement quand le peuple est souverain qu’il peut coopérer intelligemment avec les autres peuples souverains. La mondialisation comme le nationalisme se nourrissent de la guerre, économique et militaire, la démocratie seule, la vraie démocratie permet à chaque peuple de respecter tout autre peuple.
Le choix se présente donc bien ainsi:
ou bien s’enfoncer davantage dans la compétition mondiale, dans la course aux profits pour les uns aux dépens des autres et de l’environnement.
ou bien sortir pour se débarrasser des méchants étrangers qui veulent prendre notre place.
ou bien s’en sortir pour rendre le pouvoir aux tenants de l’égalité de tous devant la loi et du partage équitable du travail et des richesses.
La question n’est pas de savoir si le changement sera difficile mais de savoir ce que l’on veut.