ÉDITO La dette tue la solidarité. Que la solidarité tue la dette!
Le programme de gouvernement du Comité Nationalde la Résistance mis en place après la deuxième guerre mondiale reposait sur un principe politique simple : il n’y a pas de société vivable sans solidarité. (Cf. le film les jours heureux de Gilles Perret qui sort prochainement en salles.)
La solidarité est l’ensemble des liens tissés entre les individus qui vivent ensemble sur un même territoire et sous les mêmes lois dans la mesure où ils ont des intérêts communs (intérêts quant à la satisfaction de leurs besoins pour vivre le mieux possible.)
Elle implique que personne ne soit exclu du partage de la richesse produite mais également que personne ne soit dispensé de sa participation à la production de cette richesse dans la mesure de ses moyens.
Mais, avant tout, elle suppose que la communauté ainsi constituée dispose totalement de son autonomie et ne soit soumise à aucune autorité extérieure qui la dominerait.
Si une communauté est dominée trois possibilités se présentent :
1/ La solidarité s’exerce dans l’union de tous contre la force dominante et c’est la guerre .
2/ Personne ne résiste à l’oppression extérieure et c’est la mort de la communauté en tant que réalité politique .
3/ Une partie de la population collabore avec la puissance extérieure pour soumettre l’autre partie et la solidarité fait place à la guerre civile ( laquelle peut être armée ou économique et idéologique.)
La pire des situations est celle qui est créée par la guerre économique et idéologique dans la mesure où le principe de solidarité est alors remplacé par le principe de l’égalité des chances qui caractérise le libéralisme : chacun ayant a priori le droit d’exploiter les autres , celui qui fait partie des exploités peut être considéré comme l’ayant choisi en ne se donnant pas la peine d’être parmi les plus forts. Cela dévalorise la résistance et ridiculise idéologiquement les appels à la justice voire à la morale : « regardez qui n’a pas réussi : les paresseux , les incapables, la racaille… on ne va pas continuer à travailler pour entretenir ces gens-là . » Quand la solidarité est brisée la société a besoin de se donner des « têtes de Turc » .
Or, Nous sommes bien dans cette troisième hypothèse et depuis longtemps .
Dès la fin de la guerre les États-Unis sont venus au secours des pays européens en instaurant le plan Marshal . Bonne initiative mais sans gratuité .
La libération était rapidement suivie de la perte de la souveraineté nationale et les quelques velléités de résistance qui se produisirent dans le monde politique français furent bien vite étouffées .
Nous sommes maintenant écrasés par la dette. Pieds et poings liés face à la puissance financière qui s’est associé la puissance militaire des États-Unis et la puissance médiatique mondialisée .
Toute la société est minée par la faille entre ceux qui ont et ce qui doivent (1). Et cette faille passe parfois à l’intérieur des individus eux-mêmes qui sont entièrement dévoués à l’avoir et, par ailleurs, complètement soumis aux exigences de la dette .
Toute la politique du gouvernement français est soumise à l’impératif de la dette et à la logique qu’elle engendre : baisser les salaires en augmentant le chômage, réduire les retraites, supprimer la solidarité sociale en matière de santé et d’éducation et privatiser, privatiser… donner sans cesse à ceux qui ont et ne doivent rien ( même pas payer leurs impôts puisqu’ils disposent des paradis fiscaux ) et prendre toujours à ceux qui doivent. Car « il faut rembourser ses dettes » . (Où l’on voit que le pire des cynismes peut avoir recours à la morale pour se justifier, comme s’il fallait être solidaire avec ceux qui méprisent la solidarité.)
Mais quand la dette est l’arme économique et idéologique destinée à nous détruire comme communauté politique, nous sommes en droit de nous défendre, de refuser la soumission et d’imposer la solidarité comme le principe fondamental de la vie que nous voulons.
(1) Comme faire et défaire, avoir et déavoir (=devoir).