Demain matin, jeudi 6 décembre, les familles Roms du campement des Îles seront expulsées pour être relogées par la mairie d’Annecy
Afin de ne pas traumatiser les enfants Roms scolarisés, Madame Anne Coste de Champeron, chef de cabinet du Préfet, enverra les forces de l’ordre à partir de 8H30 – conformément à une décision de justice prise par le Tribunal d’Annecy – pour « évacuer » le campement et démonter les tentes installées illégalement sur le terrain des îles appartenant à la commune annécienne.
Cette évacuation se fera en douceur avec le soutien logistique des membres du collectif de soutien, puisque ceux-ci seront présents pour faciliter le démontage des tentes – opération qui a déjà démarré cet après-midi – sachant que les familles seront relogées.
22 personnes logées au Matin Bleu
Tout s’est décidé lundi dernier lors d’une rencontre à la mairie d’Annecy entre des représentants du collectif, ceux de l’État et de la mairie d’Annecy. En présence de Madame Coste de Champaron, le maire d’Annecy, Jean-Luc Rigaut, a proposé de reloger les familles du campement dans le bâtiment désaffecté du matin bleu. Un lieu déjà « squatté », dans un état déplorable : toit défoncé, pas d’eau et de sanitaires, ni électricité, ni chauffage. Tout est cassé à l’intérieur.
Après avoir demandé sans succès aux bénévoles de se charger de « vider » l’ancienne « boîte de nuit » – récemment acquise par la mairie pour permettre une prochaine opération immobilière – le maire d’Annecy a envoyé une équipe pour réaliser le travail.
Dans un premier temps, Jean-Luc Rigaut, s’est engagé à installer l’électricité, le chauffage et deux toilettes chimiques. Dans les semaines qui suivent, la toiture doit être réparée, des sanitaires installés et un aménagement sommaire réalisé pour permettre de « passer » l’hiver.
Un cahier des charges exigeant imposé aux familles
Cette « bonne volonté » des pouvoirs publics en faveur des familles Roms – bonne volonté imposée au Préfet par le gouvernement – est assujettie d’une liste de règles à respecter par les ressortissants roumains : pas de mendicité, douches prises régulièrement, assiduité scolaire pour les enfants, respect des locaux, volonté de s’insérer dans la société, apprendre la français, respecter la tranquillité du voisinage, ne pas héberger d’autres familles, domiciliation à la Croix rouge…
S’il est normal que les familles soient responsabilisées en acceptant un certain nombre de contraintes marquant leur volonté « d’intégration », le collectif s’interroge sur l’interdiction de mendier – seule possibilité pour l’instant de vivre en attendant des revenus salariaux – et sur l’obligation de respecter une hygiène, sous entendu que ces familles seraient habituellement sales.
« N’en demandez pas trop, la mairie en fait déjà beaucoup »
Si le collectif s’est réjoui de la décision de la mairie de reloger ces 22 personnes, il a émis quelques réticences, à la fois sur une cohabitation délicate entre ces deux familles, demandant la possibilité de trouver un autre lieu pour loger une famille, et sur le faible nombre de familles relogées, sachant que de nombreuses personnes en voie d’insertion sont actuellement à la rue.
En réponse, la directrice de cabinet a estimé que la mairie d’Annecy en faisait déjà beaucoup et qu’il ne fallait pas être « maximaliste ». Cette remarque révèle de la part des responsables des pouvoirs publics un sentiment d’avoir accompli une action humanitaire hors du commun, une action qu’ils n’avaient pas l’habitude de mener.
À l’approche des fêtes de Noël, Jean-Luc Rigaut, se réclamant de la Démocratie chrétienne, doit être heureux d’avoir pu héberger ces familles en errance.
Si le matin bleu ressemble à un étable – malheureusement sans la chaleur du bœuf et de l’âne – on peut imaginer qu’un petit « Rom » naîtra le 25 décembre … à la grande joie du maire d’Annecy