Nous relayons le beau texte de Daniel Mermet dans « Là-bas si j’y suis
Le cessez-le-feu n’est pas la paix, la paix n’est pas la justice, la justice n’est pas l’abolition des crimes et des douleurs ni des revanches à venir mais le feu a cessé. Trahis peut-être demain à nouveau, trompés encore et encore, les Gazaouis remontent vers le nord.
Affamés, en haillons, ils reprennent encore et encore leur exode brinquebalant, le barda sur le dos, les mômes dans les bras, la faim au ventre, le deuil partout, la puanteur de la mort partout, les bouts de cadavres sous les décombres, les engins non explosés, la terre et l’eau infestées, les dizaines de milliers de blessés et de malades sans soin.
Mais le feu a cessé.
Deux années de bombes et de drones sans cesse, Guernica sans cesse, deux années jour et nuit. Et soudain le silence. Certains se disent même effrayés par ce silence. Mais ils remontent vers le nord, vers la ville de Gaza, comme pour la reprendre alors que la majorité en Israël espère qu’ils fuiront cet enfer pour le grand transfert.
Mais la nouvelle Nakba attendra.
Une fois les otages libérés, Donald Trump, celui qui apporte la paix partout sur la terre, très fâché contre ces wokistes qui ne lui ont pas donné le prix Nobel qu’il mérite depuis si longtemps, retournera jouer au golf. Nétanyahou ou ses successeurs pourraient bien trahir à nouveau et revenir finir le travail. Ils ont le soutien de tous les fachos du monde. Mais peut-être que cette fois le Hamas ne les aidera pas, ne les aidera plus ?
On sait tout ça, on craint tout ça, mais aujourd’hui le feu a cessé et les Gazaouis remontent vers le nord avec leurs mômes dans les bras.
