Coup de gueule post-électoral.
Ça ne va pas!
Le parti socialiste s’est pris la correction qu’il mérite pour avoir, au pouvoir, trahi ses engagements.
Les autres partis de gauche, à Annecy et partout ailleurs, se sont fait envoyer dans les cordes. Et on ne peut pas dire non plus qu’ils ne l’ont pas mérité.
Incapables de s’unir autour d’une ligne clairement exprimée, recroquevillés sur leurs petits ego partisans et avides des quelques postes qui leur sont abandonnés par les partis au pouvoir, ils n’ont pas fait l’effort nécessaire pour se faire entendre de la population française pourtant souffrante et révoltée.
Mais pourquoi si pleutres ? Pourquoi si ratatinés ? Si nostalgiques d’un passé où ils furent à la mode ? Si décevants ?
Il faut arrêter les précautions et les lâchetés qui donnent au Front National le monopole de l’originalité et l’apparence du courage quand il exprime sa peur de l’autre et sa terreur devant la liberté humaine.
Les soucis locaux ont tous des origines plus larges, nationales, internationales, mondiales.
Nous ne vivrons pas en paix, de toute façon, tant que tout ce qui touche notre vie quotidienne sera l’expression et le produit d’une organisation qui ne peut qu’inspirer le dégoût et la révolte.
Que les grandes fortunes et les multinationales échappent à l’impôt et laissent au petit peuple le soin de subvenir aux dépenses publiques est intolérable. Tant qu’il existera des paradis fiscaux, nous vivrons dans un monde de voyous et de voleurs.
Et tant que le peuple n’exigera pas leur interdiction, il se fera gruger.
Aucun parti de droite, évidemment, ne mettra en avant sérieusement cette exigence.
Que des peuples, comme celui des palestiniens, se fassent piétiner impunément par des gouvernements colonialistes, au su de la communauté internationale et sans que personne n’intervienne parce que le gouvernement d’Israël est dans le camp des puissances de l’Empire, aucun homme digne de ce nom ne peut le supporter sans colère.
Or les partis de droite le supportent très bien et entretiennent même la situation. (Sans excepter notre gouvernement soi-disant socialiste.)
Que les peuples se voient privés de leur souveraineté et ne puissent plus maîtriser ni leur alimentation, ni leur environnement, ni leur monnaie, ni leurs orientations politiques, mais soient soumis aux lois mécaniques du marché qui servent exclusivement à rétribuer le capital aux dépens des travailleurs, est insupportable.
Chaque peuple doit reconquérir son autonomie et sa liberté, non pour se garder des autres mais, au contraire, pour pouvoir entretenir avec les autres des relations de coopération (et non plus seulement de concurrence dans la « compétitivité ».)
Ni le Front National, ni aucun parti de droite (y compris le PS) ne veut affronter réellement ce problème.
Est-ce que l’on pourrait prendre le taureau par les cornes, arrêter de tergiverser et de faire des compromis avec ce qui nous écrase ? Est-ce qu’on pourrait parler de ce qui est important et nommer clairement la cause du désastre.
Le chômage, la destruction des services public,la pollution, la construction du « Centre des congrès » et du tunnel sous le Semnoz, la généralisation des produits toxiques de l’industrie agricole productiviste, la réforme bâclée de l’école ne sont que des conséquences locales du triomphe des financiers mondiaux.
Où sont les organisations politiques qui veulent mobiliser le peuple pour faire entendre sa voix et faire connaître sa volonté ? Qui osera dire que le combat doit viser le pouvoir mondial des FMI et autre OMC dont l’Union Européenne et les politiciens en place ne sont que les porte-parole ?
Aucun peuple ne veut la guerre, la guerre est l’affaire des puissants, mais chacun veut résister à ce qui le détruit. Le peuple veut la parole.
Ces batailles électorales et ces discours politiciens sont des manières de le faire taire en lui faisant croire que le choix entre le FN, l’UMP et le PS peut changer quelque chose.
