CHRONIQUE …………………Expulsions d’étrangers : des méthodes sournoises

Dimanche 12 janvier : Thérèse et les bénévoles du Comité de Défense des Demandeurs d’Asile apprennent que deux familles de réfugiés Bosniaques qu’ils accompagnent depuis plusieurs mois dans leur recours contre un arrêté préfectoral d’OQTF (obligation de quitter le territoire français) sont convoquées à l’aéroport de Satolas les 16 et 17 janvier à l’aube, pour être reconduites dans le pays qu’elles ont fui. Un des couples a un enfant en bas âge et la maman est enceinte. L’autre famille a deux adolescents scolarisés.

Comment recourir un dimanche contre des décisions exécutoires sous 48 et 72 heures, aux premières heures des congés scolaires, les billets étant réservés sur des vols programmés à l’aube à l’aéroport de St Exupéry, distant de 120 km ?

Le réseau local de bénévoles est activé, une délégation inter-associative dépose une lettre au Préfet et sera reçue le lundi par un responsable de service. Les billets d’avion s’avèrent établis nominativement et transmis par le ministère, aucun recours n’est possible. Une « aide au retour » est proposée, acceptée la mort dans l’âme par les deux familles avec sa conséquence légale : l’interdiction de revenir dans l’espace Schengen.

Certes, nous contestons ces lois et ces règlements de plus en plus restrictifs, qui plongent dans le malheur et l’isolement des familles déjà traumatisées dans le pays qu’elles ont fui.  Mais surtout, nous dénonçons les conditions expéditives des décisions. En précarisant au coup par coup la situation des déboutés  administratifs, en choisissant les périodes de congés scolaires pour prononcer les expulsions du territoire, en ciblant les fins de semaine et les vols programmés à l’aube, en faisant embarquer les enfants pour presser les parents de les rejoindre dans l’avion, on brise les garanties internationales et les accompagnements solidaires.

Sur Annecy, nous connaissons douze autres familles récemment assignées à résidence, dans l’attente hélas probable d’une expulsion du territoire. Au niveau national, ces pratiques se sont généralisées au cours des derniers jours (entre autres témoignages, voir sur le site www.mediapart.fr, le texte Grande offensive d’hiver contre les étrangers).

De toute évidence, ces agissements sont imposés par des instructions ministérielles. Les fonctionnaires de police et des préfectures, eux-mêmes sous pression et soumis à l’obligation de réserve, dissimulent de plus en plus mal leur répugnance à traiter ainsi des êtres humains. Dans son ardeur à servir des résultats chiffrés aux prétendues attentes de l’opinion, le gouvernement n’hésite pas à stigmatiser les exclus (étrangers sans papiers, chômeurs, malades au long cours, SDF, jeunes des cités de banlieue…). Civilisation ?… Cet usage perverti de l’état républicain lui tourne le dos.

Jean DARROT

 

 

Auteur: librinfo74

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