Chevrotin à la salmonelle… Pas de panique !
Dans un communiqué du 29 avril – repris intégralement par le Dauphiné Libéré – la Préfecture explique que des fromages de chèvre des montagnes de Savoie fromages de chèvre AOC chevrotin produits dans une ferme de Haute-Savoie* sont susceptibles d’être contaminés par des salmonelles et ont été retirés de la vente depuis plusieurs jours ; ils ont fait l’objet d’une mesure d’information et de rappel aux consommateurs par le biais d’affichettes exposées sur les lieux de vente identifiés.
Nous avons enquêté pour connaître la réalité de ce risque et s’il y avait eu contamination humaine.
Nos investigations nous ont conduit sur la commune d’Entremont (entre St Jean de Sixt et le Petit Bornand), où une nonagénaire a été hospitalisée dernièrement au centre hospitalier d’Annecy suite à une violente « gastro ». Sa petite fille nous a précisé que les médecins ont décelé la présence de salmonelles. Après un court séjour passé à l’hôpital, elle a pu rejoindre son domicile.
En vérifiant les origines du chevrotin retiré de la vente sur ordre préfectoral, nous avons pu localiser son lieu de fabrication : il s’agit d’un producteur basé sur la commune d’Entremont.
Jointe au téléphone, Madame Lavignac, Directrice départementale du service de protection de la population confirme cette intoxication qui a conduit ses services à remonter au producteur. Des contrôles sur la production de chevrotins ont décelé les fromages contaminés.**(lire les différentes contaminations et leurs conséquences sur la santé humaine)
Faut-il pour autant s’alarmer ?
Selon Madame Lavignac, l’affaire est réglée puisque les produits contaminés ont été retirés du commerce : « Il paraît improbable que compte tenu de la date de mise en vente de ces fromages, il en reste en circulation. De toutes façons, les consommateurs ont été informés par voie d’affiche dans les commerces de détail »
Même réaction de Jean Vuillet, producteur de chevrotin, responsable régional de la confédération paysanne, non pas par réflexe corporatiste, mais pour relativiser l’importance de ce genre d’informations : « Nous ne sommes pas à l’abri de contaminations par les salmonelles ou par les « staph », (NDLR : staphylocoques), qui sont des risques que tout producteur laitier a intégré. Nous sommes d’autant moins opposés aux contrôles sanitaires, que ce sont les producteurs eux-mêmes qui les réalisent régulièrement. Nous y avons intérêt pour écarter les lots contaminés et pour garantir notre bonne image commerciale.
Je ne conteste pas la nécessité du contrôle de l’État sur la qualité de nos produits, et de son rôle d’information du public – ce qui est totalement nécessaire – par contre pourquoi les services de l’ État ne communiquent pas sur la présence des pesticides dans les denrées alimentaires et sur leurs conséquences sanitaires, bien plus graves sur le santé humaine ?
Ainsi, quand les médias relaient l’information sur les salmonelles dans les chevrotins, ils amplifient une question sanitaire – certes à prendre en considération – , mais qui est peu dangereuse, au détriment de véritables risques majeurs pour la population, qui sont de fait occultés »
Ainsi si on entend bien Jean Vuillet, on assisterait ainsi à une disproportion médiatique entre le risque réel et la peur que peut susciter ce genre de communiqué. « Dès que l’information est passée dans la presse, la chute de vente des chevrotins a été spectaculaire, alors que les risques ne concernaient qu’un petit lot circonscrit et qui avait déjà été retiré du marché ».