Chantre du libéralisme, Jean-marc Sylvestre est intervenu sans contradicteurs à la journée de l’économie et de la presse de la foire de Savoie .
Si la fonction de « femme de ménage » est admise, celle de « homme de ménage » n’existe pas, sauf pour des « journalistes ».
C’est le cas de Jean-Marc Sylvestre, l’inoxydable chroniqueur économique, qui occupe depuis des décennies l’espace médiatique, qu’il soit public ou privé.
Bien connu pour son allégeance aux théories ultra-libérales, Jean-Marc Sylvestre animait, pour le compte de la CCI (Chambre de Commerce et de l’Industrie de Savoie), la journée de l’économie et de la presse à la foire de Chambéry.
Dans cette affaire la Foire de Savoie n’est pas directement responsable de ce choix puisque chaque année elle donne carte blanche à un partenaire différent.
Ainsi, munie des pleins pouvoirs, la CCI s’est offert le luxe d’inviter Jean-Marc Sylvestre. Un choix qui n’est pas en soi critiquable.
Une presse associée à son corps défendant
Le plus contestable est d’avoir organisé ce débat dans le cadre de la journée de l’entreprise et de la presse, comme si la presse locale et ses journalistes étaient censés être les porte-paroles de cette pensée économique.
Dans cette conférence, Jean-Marc Sylvestre se sentait chez lui, avec un auditoire conquis d’avance. Il a pu pendant plus d’une heure dérouler son analyse ponctuée de sourires bienveillants et d’applaudissements nourris. Toutefois, les personnes présentes sont censées découvrir d’autres analyses, d’autres points de vue. C’est le rôle de la presse, contre-pouvoir indispensable au renforcement de la Démocratie.
Une intervention dérangeante
Comme journaliste, je suis intervenu, non pas pour contester la présence de ce chroniqueur, mais rappeler qu’en matière économique, contrairement aux dires de Jean-Marc Sylvestre, l’économie n’est pas une science exacte. Elle est construite sur des fondements idéologiques. Les courants de pensée traversent l’économie. et les économistes défendent un choix de société. Les médias doivent permettre aux citoyens d’exercer leurs droits démocratiques à l’information afin de pouvoir choisir la société dans laquelle ils désirent vivre. La présence d’un contradicteur permettant le pluralisme de l’information aurait pu justifier ce partenariat avec la Presse.
Une propagande véhiculée dans le service public.
La société que défend Jean-Marc Sylvestre, à l’instar de ses amis économistes Élie Cohen, De Boissieu, Attali, Minc, Lorenzi, Pastré …, dont les conflits d’intérêts avec des entreprises multinationales et les grands lobbyes financiers du CAC 40 sont prouvés, est fondée sur la liberté des entreprises dont le rôle est de développer l’offre et surtout ne pas répondre aux besoins réels des populations.
Jean-Marc Sylvestre a occupé sans partage pendant des années l’antenne du service public de France-Inter, avec son complice Jean-Pierre Gaillard sur France Info, distillant quotidiennement, et en toute impunité, sa propagande libérale, sans qu’il existât une expression contradictoire. Un semblant de démocratie est apparu avec la présence ponctuelle de Bernard Maris, mais aujourd’hui, c’est Dominique Seux, éditorialiste des Échos, qui a pris le relais sur les antennes de France Inter.
Sylvestre relais direct de Sarkozy
Pendant ce long monologue, Sylvestre s’est mis en scène, livrant à ce public de « province », les anecdotes intimes de ses contacts personnels avec l’ancien Président de la République, ses déjeuners avec les patrons du CAC 40.
On apprend ainsi que Sylvestre était présent aux côtés de Sarkozy, Merckel, Trichet … la nuit où le système financier international pouvait « sauter » suite à la crise des « subprimes ». La nuit où nos « dirigeants » ont trouvé les milliards d’euros nécessaires pour sauver les banques responsables de la crise financière mondiale. À l’entendre, on pourrait se demander si ce n’est pas Jean-Marc Sylvestre qui aurait conseillé Nicolas Sarkozy… !
Un « journaliste » peu fiable.
La rigueur de la vérification des faits, que tout journaliste a le devoir d’assumer, et la rigueur des analyses scientifiques ne font partie des préoccupations de Jean-Marc Sylvestre.
Développer « l’offre » contre « la demande ».
La théorie simpliste qu’il développe est d’encourager les entreprises à développer l’offre en multipliant de produits innovants pour obtenir l’adhésion des consommateurs séduits par le produit grâce à la machine infernale de la publicité nourrissant les médias. Comme les grands groupes médiatiques sont propriétés des grands lobbyes économiques et financiers, la boucle est bouclée.
C’est ainsi que la « masse » des consommateurs est envahie d’objets inutiles, obsolescents, producteurs de CO2, avides d’énergies fossiles, générateurs de misères sociales, de chômage de masse, alors que l’économie devait permettre de réponde aux besoins « de bases » des populations, c’est-à-dire, un logement décent pour tous, une alimentation saine, le droit à la santé, un travail pour tous.
Cette perspective est à rejeter absolument pour Jean-Marc Sylvestre car elle donnerait à la force publique la possibilité de décider à la place des entreprises, ce qui serait une atteinte insupportable à la liberté d’entreprendre.
Sylvestre confident de Carlos Ghosn
Lors d’un repas avec le PDG de Renault, Jean-Marc Sylvestre s’est fendu d’une anecdote que l’on ne confie qu’aux initiés. Carlos Ghosn s’est vanté de vendre un maximum de 4×4 les plus chers à des clients parisiens : « à quoi peuvent-ils leur servir à Paris ! » se réjouissait-il, content d’avoir vendu des produits quasiment inutiles.
Vous les êtes les sauveurs de l’humanité
Pour Jean-Marc Sylvestre, seuls les chefs d’entreprise ont le courage de prendre des risques pour créer de la richesse, en mettant sur le marché des produits nouveaux, en augmentant l’offre.
Le réchauffement climatique, selon Jean-Marc Sylvestre, n’est pas dû à l’activité humaine.
Alors que le dernier rapport du GIEC lance un cri d’alarme sur le réchauffement climatique prouvant qu’il est dû essentiellement à l’activité humaine, Jean-Marc Sylvestre a toujours nié cette évidence, afin de dédouaner les politiques économiques libérales.
C’est normal que le peuple paie les dettes des riches
Si Jean-Marc Sylvestre n’ose pas le dire franchement, il le subodore en exigeant que les efforts pour sortir de la crise doivent être supportés par l’ensemble de la population mondiale. Pour se justifier, Jean-Marc Sylvestre soutient que les peuples ont pris l’habitude d’être assistés et qu’il faut qu’ils participent à l’effort que seuls les entrepreneurs ont le courage de réaliser.
Savez-vous pourquoi les pauvres restent pauvres ?
Selon la théorie de Jean-Marc Sylvestre, les pauvres restent pauvres parce qu’ils préfèrent être assistés. Il faut donc réduire les aides sociales pour les obliger à devenir, comme les patrons, des créateurs de richesses.
Élémentaire, mon cher Watson !