Centre des congrès. Trois conseillers municipaux d’Annecy écrivent à François Hollande.

Snohetta / Annecy

 

Denis Duperthuy, Claire Lepan et Evelyne Marteau adressent une lettre ouverte à François Hollande pour exprimer leur indignation, suite à l’intervention du Président de la République auprès du préfet de Haute-Savoie pour que celui-ci signe l’arrêté préfectoral de déclaration d’utilité publique du centre des congrès contre l’avis des commissaires enquêteurs.

Le 27 Septembre 2016

M. le président,

le 16 juin dernier vous avez honoré le marché international du film d’animation d’Annecy par votre présence, montrant ainsi l’attachement de toute la nation à cette filière industrielle à la fois innovante, créatrice d’emplois et exportatrices du savoir-faire et des compétences françaises à l’étranger. De même, vous avez accordé le 2 septembre dernier un entretien à Messieurs Rigaut (maire d’Annecy) et Accoyer (député-maire d’Annecy le Vieux) en marge des rencontres franco-allemandes d’Evian.

Ces deux moments ont été l’occasion pour Messieurs Rigaut et Accoyer de défendre leur projet de futur centre des congrès sur la presqu’île d’Albigny, au bord de notre merveilleux lac d’Annecy. Ils vous ont demandé, devant l’hostilité affichée par vos deux ministres de l’écologie et du logement, un arbitrage pour permettre au préfet de la Haute-Savoie de signer l’arrêté préfectoral de déclaration d’utilité publique.

Depuis, le préfet de la Haute-Savoie a effectivement signé cet arrêté, contre l’avis des commissaires enquêteurs qui ont rendu un avis très défavorable sur ce projet. Chacun, localement, s’est alors demandé ce qui avait bien pu pousser le préfet à prendre une telle décision. Nous savons aujourd’hui que c’est de vous que ce choix émane. C’est donc de votre responsabilité. Et cela nous déçoit et nous met en colère. Car cela fait plus de sept années que nous nous battons contre ce projet, avec la population qui a manifesté à de nombreuses reprises son opposition à ce projet par des manifestations, une pétition qui a reçu plus de 19 000 signatures, sa participation massive à l’enquête publique…

Nous sommes en colère, d’abord par ce que nous pensions qu’un président de la république avait autre chose à faire que de recevoir deux « pleureuses » venues quémander lamentablement votre bienveillance pour leur permettre de réaliser leur projet pharaonique.Nous pensions à quelques heures d’une rencontre aussi importante pour l’Europe et la relance du projet européen, un Président de la République avait autre chose en tête que de régler des conflits locaux en recevant deux opposant notoire à sa politique.

Mais là où se trouve le comble de notre colère c’est qu’il apparaît que c’est sur vos conseils que certains arguments fallacieux et pervers sont aujourd’hui distillés et repris par les promoteurs de ce projet. Il apparaît que c’est vous qui leur avez soufflé l’idée  de « séparer la question de l’utilité publique de celle de la conformité à la loi littoral » en séparant les temps administratifs entre la DUP et le permis de construire.

 

… Devons nous vous rappeler, monsieur le Président, que plus de 2000 citoyens se sont déplacés pour participer à cette enquête publique ? Savez-vous ce que cela signifie d’énergie, de force d’argumentation et de conviction pour convaincre, dans la société actuelle, nos concitoyens à se mobiliser et à participer à la « chose publique » ? Pourtant ils l’ont fait, convaincus que leur opinion allait compter…

Et vous bafouez la démocratie participative en passant outre leurs opinions. Vous portez localement par cet arbitrage une lourde responsabilité dans le renoncement, le désintérêt et la méfiance que les citoyens portent vis-à-vis de leurs responsables politiques. Vous avez trahi la confiance de milliers de citoyens en passant outre leurs opinions. Vous avez choisi de soutenir la voie autoritaire choisie depuis le début de ce projet par Messieurs Rigaut et Accoyer.

M. le Président, par votre ingérence dans ce dossier vous avez décidé de vous ranger du côté d’hommes politiques dont nous condamnons le projet et les méthodes depuis toujours : opacité, non-respect des oppositions, rejet de la démocratie participative, mégalomanie, mensonges, gaspillage d’argent public. C’est votre choix et votre responsabilité. Vous avez trahi les idéaux qui sont ceux que l’on pouvait attendre d’un homme de gauche : écoute, mesure, respect des citoyens, dialogue et protection de notre environnement.

Devant une telle trahison, les mots nous manquent pour dire notre dégoût et le ressenti de la population. Cela donne l’image d’hommes politiques déconnectés des réalités et du vécu des personnes, insensibles à leur parole et destructeurs de leur environnement. Mais plus encore, cela donne le spectacle d’un copinage et d’associations de petits intérêts politiciens plutôt que de la recherche de l’intérêt général.

M. le président, c’est avec beaucoup de regrets que nous prenons acte de votre décision que nous condamnons. Elle vient sonner le glas de tout espoir de notre part en votre personne. Sachez néanmoins que nous continuerons à nous battre avec la population, y compris devant les tribunaux, pour rappeler ce que des commissaires enquêteurs indépendants ont dit : ce projet n’est pas d’utilité publique. Réalité que vous bafouez. Nous nous battrons toujours contre ces méthodes qui sont les vôtres, celle de Messieurs Rigaut et Accoyer de décisions précipitées ignorant la parole de la population et son avis.

Désormais dans ce dossier, nous comptons donc un adversaire de plus, vous, Monsieur le président.

Denis Duperthuy                                  Claire Lepan                                      Evelyne Marteau

Texte complet de la lettre.

Auteur: librinfo74

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