Amama, un magnifique film enraciné dans la culture basque
C’est un moment rare que le public a vécu avec le film « Amama » du cinéaste basque Asier Altuna projeté à la séance d’ouverture du festival du cinéma espagnol.
Au cœur du Pays basque rural, dans une ferme dont l’origine remonte à l’âge du néolithique par la succession de 80 amama, ces générations de grand-mères personnifiant l’ancrage de la tradition rurale.
Une tradition immuable où la seule valeur est le travail dont le savoir faire, transmis de génération en génération, ne supporte aucune douceur affective.
Par tradition, le frère aîné devient le « pater familias », dont le pouvoir ne peut en aucun cas être contesté.
De l’aube au crépuscule la famille travaille sans relâche, sans qu’aucune lueur de tendresse ou de compassion vienne adoucir le visage du père buriné par l’effort, les traits creusés aux profonds sillons.
Les enfants sont évalués suivant leur capacité de travail. Le frère aîné, dôté du pouvoir du chef, est symbolisé par la couleur rouge passée sur le tronc d’un arbre de la propriété. Le frère paresseux et mou a droit à un tronc peint en blanc et la fille « méchante » se voit réserver la couleur noire.
Mais le 21ème siècle vient rompre les habitudes ancestrales en offrant aux enfants les chemins de la connaissance, de l’émancipation et du savoir.
La ferme devient un lieu hors du temps, hors de la société moderne symbolisée par la ville, avec ses circuits économiques, culturels et artistiques propres.
Le frère aîné quitte la ferme pour partir à l’étranger.
Le frère cadet fonde une famille à la ville.
La sœur, rebelle et artiste, s’oppose au père et part de la ferme après avoir essayé en vain de le convaincre d’arrêter de travailler car plus personne n’achète ses produits.
Le père se retrouve seul avec son épouse soumise à son autorité.
Un accident de tracteur – qui aurait pu lui être fatal – , la révolte de sa mère l’amama » et de sa femme, percent sa carapace.
C’est la fin d’une époque.
La naissance d’une nouvelle génération qui apprend à vivre selon ses désirs