A quoi sert l’Etat ?

Puisqu’aujourd’hui l’économie tient lieu de politique, de philosophie, de morale et de religion, nous devons essayer d’en décrypter le discours si nous voulons savoir où nous en sommes.

Si l’on écoute les politiques, l’enjeu en France ces jours-ci est dans l’opposition entre l’offre et la demande. Et pour les partis de droite, c’est l’offre qu’il faut privilégier. Or, si l’on écoute bien, cela signifie qu’il faut diminuer les salaires pour permettre aux entreprises, petites et surtout grandes, d’améliorer leurs bénéfices.

Le « pacte de responsabilité » proposé par le gouvernement (PS !) va dans ce sens.

Un certain nombre de cotisations qui faisaient partie du salaire global sont prises en charge par l’État, c’est-à-dire payées par l’impôt

Une politique de la demande aurait au contraire consisté à donner un coup de pouce aux salaires, à baisser un peu les taxes pour relancer la consommation et du même coup d’ailleurs la production.

Mais une diminution de la politique d’austérité pour le peuple est considérée par le pouvoir comme une dangereuse politique de gauche.

En y regardant de plus près, on se rend compte que cette opposition entre l’offre et la demande relève de l’enfumage et tend à nous empêcher de comprendre le processus mis en place par la classe dominante pour définitivement mettre le peuple au service du capital et graver dans les esprits que le déficit est toujours public et que les bénéfices sont toujours privés.

Un exemple frappant est la vente par l’Etat de ce qui était autrefois la SNCF. La partie rentable de l’entreprise passe au privé mais l’infrastructure, déficitaire, reste à la collectivité nationale.

Sous l’impulsion de l’Union Européenne et des intérêts des multinationales qu’elle sert, l’État français fait des «réformes» et se « modernise ». Par exemple, il allonge la durée de cotisation pour la retraite, il dérembourse des médicaments et fait glisser sur des assurances privées les garanties autrefois apportées par la sécurité sociale, il baisse les « charges » qui alourdissent le « coût du travail », diminue les allocations-chômage et, avec un peu de courage, il fera ce que préconise ce bon M. Pascal Lamy, il supprimera le SMIC.

Car c’est à peine si l’Etat peut subvenir au paiement des intérêts de la dette ajouté aux frais d’éducation des jeunes afin de les rendre rentables pour les entreprises, aux frais de police pour veiller sur la propriété privée, etc …

Il faut donc baisser les dépenses sociales de l’État, il faut surtout enlever à l’État toute possibilité d’être au service des citoyens afin qu’il se consacre à pomper ces mêmes citoyens pour permettre de plus grands profits aux « investisseurs » .

Déjà exploités directement sur leur travail et sur leur consommation, ils le seront encore par les taxes et les impôts que l’Etat prélève sur eux pour servir le pouvoir économique.

On croit parfois que le pouvoir néolibéral veut supprimer l’État et que, privatisant tout ce qui était public, il supprimerait finalement l’impôt pour le remplacer par le paiement direct.

Certes, on n’aura bientôt plus d’écoles publiques, d’hôpitaux publics, de police nationale voire d’armée. Des entreprises privées, lucratives, peuvent fournir aisément les mêmes prestations.

Certes, l’État national ne décidera plus de leur emploi et de leurs objectifs, les multinationales, organisées, auront leurs propres instances de pouvoir (c’est le cas déjà et, avec le Grand Marché Transatlantique qui vient, cela ne fera que se renforcer) et dicteront aux  « gouvernements locaux » leurs décisions.

Certes, des sociétés spécialisées en recouvrement des dettes pourront aisément se charger de faire payer les éventuels récalcitrants.

Mais l’État est irremplaçable du fait d’une de ses caractéristiques essentielles : il dure.

Les citoyens naissent et meurent, l’État demeure. Et heureusement car avec lui demeurent les dettes que les citoyens ont contractées auprès des capitalistes qui savent ainsi à qui les réclamer.

Les multinationales ne payent pas d’impôts, elles ont à leur disposition les paradis fiscaux où leurs profits demeurent inentamés.

Mais les citoyens sans fortune constitueront toujours dans cette idéologie absurde le peuple à exploiter qui aura besoin d’une structure politique pour être identifié afin de ne pas échapper à la dette publique.

Finalement  l’économie n’est pas si compliquée.

Il existe deux catégories : le public et le privé, faciles à définir.

Privé : (adjectif) désigne la richesse financière dans la mesure où elle se concentre entre les mains d’un petit nombre.

Public : (adjectif) désigne la dette financière dans la mesure où elle concerne la majorité du peuple qui travaille pour survivre et payer.

Quant à l‘Etat, on peut le définir ainsi : désigne le peuple dans la mesure où chaque citoyen se reconnait ( de gré ou de force ) comme solidairement redevable, dans l’espace et dans le temps, à l’égard des institutions financières supra-étatiques mondiales.

En ce sens l’Etat sert à quelque chose.

Et, loin d’incarner la souveraineté du peuple, il sert aussi quelques uns.

 

Auteur: librinfo74

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