On votait dans le canton de Genève ce 13 avril pour le second tour des élections municipales. En ville de Genève, la gauche est arrivée en tête et conserve quatre sièges sur cinq à l’exécutif, une alliance des sortants qui a visiblement su convaincre face à une droite divisée, comme nous l’explique Marjorie de Chastonay, nouvelle entrante à l’exécutif genevois :
Panneaux électoraux à Genève, mars 2025 © Benjamin Joyeux
Exécutif à gauche, législatif à droite
Dimanche 13 avril, c’était le second tour des élections municipales dans le canton de Genève. Il s’agissait d’élire les candidats des Conseils administratifs (les exécutifs locaux) dans 24 des 45 communes du canton genevois, dont la ville de Genève elle-même. Sur cette dernière, la gauche (alliance entre le Parti Socialiste et les Vert-es genevois-es), qui était en ballotage favorable au premier tour, confirme l’essai en conservant ses quatre sièges à l’exécutif[1]. Alors qu’au premier tour le 23 mars dernier, la droite était arrivée légèrement en tête au Conseil municipal[2], récupérant 41 sièges contre 39 pour la gauche, ce dimanche c’est donc l’inverse avec la gauche en tête.
Ainsi, sur les cinq sièges du Conseil administratif de Genève, deux sont pour le PS, deux sont pour les Vert-es et un seul pour le Centre. Et ce nouvel exécutif qui va entrer en fonction le premier juin prochain sera composé de quatre femmes pour un seul homme : Christina Kitsos, conseillère sortante socialiste arrivée en tête dimanche, suivie par Alfonso Gomez, conseiller sortant les Vert-es, puis Marie Barbey-Chappuis, candidate sortante du Centre, Joelle Barbossa, candidate PS et Marjorie de Chastonay, candidate des Vert-es. La participation de ce dimanche, avec un taux de 28,77% des inscrits, reste faible et inquiète de plus en plus les observateurs[3].
Cette nouvelle configuration municipale, avec un exécutif dont 80% des sièges sont à gauche et un conseil municipal à légère majorité de droite, laisse entrevoir un mandat où les compromis et les négociations seront les maîtres mots, à des années lumières de la polarisation exacerbée que l’on peut observer dans d’autres contrées comme la nôtre.
L’union fait la force ?
Marjorie de Chastonay, candidate des Vert-es arrivée en 5e position et qui était un peu considérée comme l’outsider de ce dimanche, réagit pour Librinfo :
Marjorie de Chastonay @Eric Rossier pour Librinfo
« On nous donnait perdant et ce deuxième siège pour les Vert-es était en sursis. Nous sommes donc très satisfaits de ce résultat ».
La nouvelle conseillère administrative tient à expliquer ces bons résultats d’abord par le fait d’« une campagne unie, de terrain et sur des thèmes positifs, avec un bloc de gauche très soudé, un programme cohérent et des propositions concrètes qui ont su mobiliser notre électorat. »
En effet, les deux sortants PS et Vert-es Christina Kitsos et Alfonso Gomez ont fait campagne main dans la main dès le départ, arguant d’un bilan « solide »[4], avec une gauche radicale ayant renoncé à se présenter au second tour à leur profit, face à une droite divisée en diverses chapelles et une extrême droite en embuscade.
Mme de Chastonay relativise toutefois car « si les bases restent très à gauche en ville de Genève, le canton est tout de même de plus en plus à droite. L’UDC[5] augmente au délibératif[6] mais ne passe pas la barre de l’exécutif. La droite est en augmentation au Grand Conseil[7] et a la majorité au Conseil d’Etat[8]. »
Alors « l’union fait la force », comme le dit également Marjorie de Chastonay ? Ou Genève n’est-elle pas plutôt une exception, petit îlot progressiste dans un océan de droite et d’extrême droite ? Pas si simple si l’on regarde les résultats sur l’ensemble du canton, avec des primes aux sortants, des premières entrées dans des exécutifs locaux comme pour l’UDC à Corsier ou les Vert’libéraux à Pregny-Chambésy, et surtout une mosaïque de spécificités locales[9]. Difficile d’en tirer des leçons et des généralités pour le reste de la Suisse et pour les élections municipales françaises de l’année prochaine, tant nos systèmes institutionnels sont différents.
En attendant, observer des élections dans lesquelles les résultats sont équilibrés, les prises de position raisonnables et les différentes forces en présence respectueuses des résultats, c’est reposant par les temps qui courent.
Comme le disait Heiko Maas, ancien ministre allemand de la Justice : « Les Suisses montrent de manière impressionnante qu’il y a une différence entre les paroles prononcées au bistrot et l’opinion du peuple. » A transmettre à CNews.
Benjamin Joyeux
[1] Lire notre article https://librinfo74.fr/municipales-a-geneve-ou-lart-du-compromis/
[2] Lire notre article – Ibid
[3] Lire par exemple https://www.letemps.ch/suisse/geneve/a-geneve-la-tres-faible-participation-aux-elections-municipales-inquiete-les-elus
[4] Lire https://www.geneve.ch/actualites/conseil-administratif-publie-bilan-legislature-2020-2025
[5] Union démocratique du Centre, l’extrême droite suisse, Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_d%C3%A9mocratique_du_centre
[6] Le conseil municipal -NDLR
[7] Le parlement du Canton de Genève, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Conseil_du_canton_de_Gen%C3%A8ve
[8] L’exécutif du Canton de Genève, voir https://www.ge.ch/organisation/conseil-etat-ce
[9] Lire les résultats sur https://www.letemps.ch/suisse/geneve/en-direct-resultats-des-elections-municipales-genevoises-face-a-une-gauche-unie-la-droite-fera-t-elle-son-entree-au-conseil-administratif?srsltid=AfmBOooPLvSZRpQGAbWhHqlSUdrHA1nKJCzAuxLB7l1MSR0tqlPgKeT2
