Jeux Olympiques d’hiver 2030 : démocratie bafouée 

Par Sandra Stavo-Debauge

Le collectif citoyen JOP 2030 se rend à l’Hôtel de Région et au COJOP pour remettre sa pétition de demande de suspension du contrat olympique

 

Alors que le projet de loi relatif à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) des Alpes françaises 2030 vient d’être présenté en Conseil des ministres ce jeudi 15 mai 2025, collectifs de citoyens, associations, et élus s’organisent et ne ménagent pas leurs efforts pour que le peuple souverain, la constitution, l’État de droit et la démocratie soient respectés.

Ainsi, des membres du collectif citoyen JOP2030 se sont rendus ce vendredi 16 mai à Lyon à l’hôtel de Région AURA, puis au COJOP (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques) afin de leur remettre la péti-motion[1] de demande de suspension du contrat olympique Alpes 2030 « le temps que soit organisée une véritable consultation et information du public conforme aux obligations constitutionnelles et internationales », ainsi que celle du collectif NO JO. Cf. vidéo de leur périple !

PERIPLE A VELO DU COLLECTIF CITOYEN JOP2030 DE L’HÔTEL DES REGIONS JUSQU’AU COJOP

Des jeux olympiques d’hiver qui « patinent »

Le médaillé olympique de bosses de 1992, Edgar Grospiron, président du Cojop Alpes Françaises 2030, pourrait à ce titre se voir décerner une nouvelle médaille olympique : celle de la langue de bois et des éléments de langages rabâchés aux médias à chacune de ses interventions ! A l’heure où nous publions, la carte des sites olympiques n’a toujours pas été validée. Repoussée aux calendes grecques, elle est annoncée pour l’été. Les dernières déclarations au Dauphiné Libéré du boss non plus des bosses mais du COJOP qui attend de voir comment les Jeux de Cortina 2026 vont se passer pour après commencer, ne sont pas d’ordre à rassurer ! Il semblerait que les JOP 2030 patinent sévère dans la semoule de la neige artificielle. Pourtant, tel un bulldozer, nonobstant l’opacité de ces JOP2030 et le flou artistique, le projet de loi olympique a été présenté par Marie Barsacq, la ministre des sports, en Conseil des ministres jeudi 15 mai, après avis du Conseil d’État[3].

 

Le projet de loi olympique présenté en Conseil des ministres

Ce projet de loi olympique[4] sera examiné au Sénat le 24 juin puis débattu devant l’assemblée nationale en septembre, l’exécutif visant une adoption de cette loi olympique avant le 31 décembre. Composée de 37 articles cette loi olympique se divise en quatre catégories : les dispositions nécessaires pour appliquer le contrat hôte, la mise en place de dispositifs de contrôle, des mesures concernant la sécurité et la simplification des procédures notamment dans la réalisation des infrastructures olympiques.

Notez que le Conseil national d’évaluation des normes (CNEN) a rendu le 29 avril un avis défavorable[5] sur le projet de loi. Malgré la note rendue par l’Autorité Environnementale le 29 novembre 2024[6], les porteurs du projet JOP 2030 n’ont à aucun moment respecté leurs obligations d’information et de consultation du public.

 

Où est l’intérêt général dans le projet des JOP 2030 ?

Cette obligation d’information et de consultation du public non respectée, c’est bien ce que le Collectif Citoyen JOP 2030, qui se livre depuis plus d’un an à une analyse minutieuse des enjeux juridiques et financiers de ces jeux, dénonce. Et il le fait via diverses actions ; vélo-JO, péti-motion, recours juridiques, conférences de presse.

Vendredi 16 mai, il est allé déposer au conseil régional puis au COJOP sa péti-motion (qui compte plus de 4700 signatures et que vous pouvez encore signer) ainsi que la pétition de NOJ0 qui totalise près de 12 000 signatures. « Notre pétition visait à demander la suspension du contrat olympique le temps que soit organisée une réelle mesure de consultation et d’information du public comme cela est prévu à la fois par notre charte de l’environnement et par la convention d’Aarhus (Nations Unies) », rappelle Delphine Larat, juriste du Collectif. « Si la rencontre avec la représentante de M. Panneckoucke à l’hôtel de Région a été très rapide, en revanche, nous avons a été reçus au COJOP à 14h30 pendant 45 minutes par deux représentants, dont le Directeur de Cabinet de M. Grospiron avec lequel nous avons pu nous entretenir sur le sujet des JO et notamment notre demande de consultation du public tant que toutes les alternatives sont possibles comme prescrit par le comité d’Aarhus. On était contents de pouvoir enfin échanger et que nos demandes soient entendues, on a déposé notre pétition, on attend la suite », nous confie Mme Larat, étonnée de voir que les locaux du COJOP étaient vides : « On n’a pas eu l’impression qu’ils croulaient sous le travail pour l’instant et on a manifesté nous notre inquiétude sur le fait que le dossier prenait énormément de retard et que plus il prend du retard plus les délais sont contraints et plus ça va coûter cher. »

Rejoint par le conseiller régional Pierre Janot, ils ont tenu conférence de presse devant le COJOP.

 

PRISE DE PAROLE DE DELPHINE LARAT DU COLLECTIF CITOYEN JOP2030

 

PRISE DE PAROLE DE PIERRE JANOT, CONSEILLER REGIONAL

Une patate chaude

La veille Pierre Janot qui assistait à la Commission Montagne et JOP à la Région,  nous confirme que ça patine sévère : « Ce qui a été révélateur lors de cette commission Montagne et JOP, c’est que les Régions disent qu’elles ne savent pas ce qui se passe au COJOP. Avec les propos de Cyril Linette (ndlr : nommé directeur général du COJOP) qui avait dit « on cherche les câbles pour les mettre sur les imprimantes », ça montre où on en est dans la désorganisation ! La première impression c’est qu’il y a un manque de coordination avec les Régions et le COJOP. On dirait que les régions se défaussent et refilent la patate chaude au COJOP, comme si elles étaient étrangères à la gouvernance ! » Sur le financement, c’est le grand flou : « Le budget annoncé du COJOP s’élève à 462 millions d’euros : 362 millions pris en charge par l’État, ça laisse 100 millions d’euros sur les deux régions. Imaginons que ce soit réparti par moitié ce qui fait 50 millions d’euros pour la Région AURA. A l’heure où je vous parle ce 16 mai, je ne sais toujours pas comment ça va être financé, je ne sais pas où cet argent va être pris. 50 millions d’euros c’est autant de rames de train, de formations, de budget sur l’aménagement du territoire, de financement des énergies renouvelables qui, du coup, ne seront pas financées en Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui laisse pantois. » Avocat de métier, le conseiller régional s’interroge également sur la constitutionnalité de la loi olympique spéciale : « pour revenir sur des principes constitutionnels qui fondent même la démocratie, pourquoi la loi olympique serait-elle à ce point impérieuse et dans le sens de l’intérêt général ? Le fait d’avoir deux degrés de juridiction, c’est ce qui détermine et caractérise une démocratie. Or le problème de cette loi spéciale, c’est qu’elle déroge à des principes sur lesquels on ne peut pas transiger par définition et par principe. On pourrait envisager des lois d’exception quand le vivant est en jeu par exemple. On ne le fera pas pour le vivant, mais on le fait pour les jeux olympiques et ça, ça interroge. » Pour Pierre Janot ces JO ne peuvent pas être qualifiés de projet d’intérêt national ou d’intérêt général, « ils n’en ont jamais eu ni l’odeur, ni la saveur », conclut-il.

[1] https://agir.greenvoice.fr/petitions/jop-2030-demande-de-suspension-du-contrat-olympique

[2] L’intégralité des prises de paroles à retrouver ici : https://www.collectifcitoyenjop2030.fr/article/71295/

[3] avis du Conseil d’État disponible ici : https://www.conseil-etat.fr/avis-consultatifs/derniers-avis-rendus/au-gouvernement/avis-sur-un-projet-de-loi-relatif-a-l-organisation-des-jeux-olympiques-et-paralympiques-de-2030-et-perennisant-certains-dispositifs-institues-lors

[4] Le projet de loi olympique est disponible sur le site du Sénat : https://www.senat.fr/leg/etudes-impact/pjl24-630-ei/pjl24-630-ei.html#_Toc198134289

[5] délibération complète du Conseil National de l’Evaluation des Normes au lien suivant : https://www.cnen.dgcl.interieur.gouv.fr/inlinedocs/db6c5b21cc27ab462d0c3aabd3a8b7a0/deliberation-cnen-pjl-jop-2030-extreme-urgence-vdef.pdf

[6] https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/les-notes-deliberees-de-l-ae-a1788.html

Auteur: librinfo74

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