Ce 3 avril au matin, plusieurs dizaines d’élèves, agents et enseignants de l’ENILV étaient rassemblés devant les grilles de l’établissement à la Roche-sur-Foron pour y dénoncer le manque récurrent d’agents territoriaux et lancer leur appel à la grève. Celle-ci risque bien de durer si la situation ne s’améliore pas rapidement :

Elèves et personnels devant l’ENILV, le 3 avril 2025 ©Camille Content
Une école victime de son succès ?
Etablissement public local d’enseignement et de formation professionnelle, l’ENILV, pour Ecole Nationale des Industries du Lait et des Viandes, est bien connue des professionnels du secteur. Dispensant une vingtaine de formations professionnelles, du CAP à Licence Pro dans les métiers de l’agroalimentaire, de la restauration et du laboratoire, l’ENILV est également un lycée d’enseignement général et technologique à dominante scientifique et technique, accueillant environ 700 élèves toutes filières confondues et répartis sur deux sites : la Roche-sur-Foron et Pont de Claix.
L’école s’était déjà mobilisée il y a quelques années pour pouvoir bénéficier de l’ouverture d’une seconde classe de seconde générale et technologique, qu’elle avait enfin réussi à obtenir à la rentrée 2022 après des années de mobilisation[1]. La raison de ce succès ? Une école basée à la fois sur des savoirs scientifiques et technologiques exigeants, mais également sur des compétences techniques très concrètes, mises à l’épreuve tout au long des formations proposées dans les ateliers de production de l’ENILV, en laiterie, en viande, en vente et en laboratoire. La boutique La Ronde des Saveurs[2], à la sortie de l’établissement de la Roche-sur-Foron, permet d’ailleurs aux visiteurs de découvrir et goûter les produits des élèves de l’école, Reblochon, Abondance, Tomme ou encore saucissons, jambons et pâtés…
Fruit d’une longue histoire, ayant vu le jour en 1932 à l’initiative des fromagers de Haute-Savoie, l’école est très ancrée sur le territoire, en lien permanent avec des centaines de professionnels du secteur, garantissant ainsi à ses élèves et apprentis de trouver facilement du travail à leur sortie. Typiquement le genre d’établissement qui devrait plaire à la majorité politique régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes, faisant rayonner « l’excellence » des produits du terroir local. Et pourtant…
Un manque criant et récurrent de personnel
Et pourtant, ce jeudi 3 avril au matin, élèves, enseignants et agents région de l’ENILV sont plusieurs dizaines à tenir un piquet de grève devant la grille principale de l’établissement. La raison de leur colère ? Des non-remplacements récurrents d’agents territoriaux qui s’accumulent depuis au moins trois ans, entraînant des dysfonctionnements tant au niveau du ménage que de la restauration de l’établissement. Et les agents territoriaux de l’ENILV disent désormais être à bout face à la surcharge de travail entraînée par cette situation.

Entrée de l’ENILV, le 3 avril 2025 ©Camille Content
Il faut savoir que si le personnel enseignant relève de l’état (précisément du ministère de l’agriculture puisqu’il s’agit d’un lycée public agricole), les agents d’entretien et de restauration relèvent eux de la région[3]. C’est donc principalement vis-à-vis de la région que les grévistes expriment leurs doléances.
Pour Julien Deprez, enseignant à l’ENILV et co-secrétaire régional du syndicat SNETAP-FSU[4] qui tient à témoigner devant les grilles de son lycée :
« Nous ne sommes pas d’accord avec la politique régionale menée en ce moment sur l’externalisation des services des lycées. Nous sommes pour un service public durable et non une privatisation lente des services au détriment du personnel et de nos élèves. »
En effet, ils sont un certain nombre à voir dans la pérennité de ces dysfonctionnements une volonté politique de la région Auvergne-Rhône-Alpes de chercher à externaliser au secteur privé la gestion de missions relevant aujourd’hui de ses agents territoriaux. Il faut dire également à sa décharge que le recrutement de personnel d’entretien et de restauration sur le département de la Haute-Savoie n’est pas une mince affaire, étant donné notamment le coût exorbitant du logement. Certes, mais l’adage populaire souligne bien que « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Espérons tout de même pour le bien être du personnel de l’ENILV et pour ses élèves que ces revendications seront entendues.
En attendant, le préavis de grève déposé court à partir du 31 mars et jusqu’au 11 avril prochain.
Camille Content
[1] Lire notamment https://c.ledauphine.com/education/2022/02/15/enilv-la-2e-classe-de-seconde-gt-etait-attendue-depuis-15-ans
[2] Voir https://rondedessaveurs.fr/
[3] Voir https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006071191/LEGISCTA000006166575/
[4] Voir https://regions-snetap-fsu.fr/ara/category/actions/