Une délégation opposée aux jeux d’hiver 2030 rallie à vélo le siège du CIO à Lausanne avant la date fatidique du 24 juillet

Par Sandra Stavo-Debauge

Aux aurores, ce vendredi 19 juillet au Grand Bornand, une dizaine d’opposant.e.s aux Jeux Olympiques étaient accueillis par les forces de l’ordre. Militants des associations et collectifs No JO, Les Escartons Autrement, Extinction Rebellion Mont-Blanc et un élu régional ont décidé de rejoindre à vélo le siège du CIO à Lausanne pou remettre en main propre une demande de retrait* de la candidature des Alpes aux JOP2030. 

Le 24 juillet 2024, le Comité International Olympique devrait officiellement annoncer l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques d’Hiver 2030 à la France, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris.

Ce retrait s’impose devant la caducité de la candidature française par le CIO, autrement dit que cette candidature est périmée.

* Un courrier dont nous vous livrons quelques extraits à la suite de l’article.

Librinfo a fait un bout de route avec eux.

Ah ça, ils ont le sens de l’accueil au Grand-Bornand !

Le maire, André Perrillat-Amédé, s’est levé de bonne heure, il était sur la place de l’église dès 6h45 du matin le 19 juillet. Et il n’était pas seul, accompagné de la brigade de gendarmerie de Thônes. Les huit gendarmes dont une officier dépêchés au Grand-Bo étaient presque autant que ces « dangereux » individus armés de leur bicyclette et de leurs banderoles « JO 2030 Référendum » et « No JO 2030 » ! C’est fou comme les autorités sont fébriles dès qu’il s’agit de défense de l’environnement.

Nora porte parole NOJO

Des membres du collectif Fier Aravis sont également venus accueillir cette délégation qui a fait le voyage jusqu’au Grand-Bo depuis les Hautes-Alpes, Grenoble et la vallée de Chamonix pour pédaler jusqu’à Lausanne. 

L’échange fut cordial entre la dizaine d’opposant.e.s, le maire et les forces de l’ordre. Ces dernières les ont même encouragés en plaisantant en les dépassant sur la route !

La joyeuse bande a roulé jusqu’à Thonon sous un soleil de plomb. Elle a traversé le Léman en bateau et est arrivée à Lausanne en début d’après-midi pour déposer au siège du CIO la demande officielle de caducité pour le retrait de la candidature de la France.

 

Les opposants au JO d »hiver 2027 ont un dossier « en béton »

Pierre Janot avocat conseiller régional écologiste

Ce « VELONOJO » est à l’initiative de Pierre Janot, élu les Ecologistes à la région Auvergne Rhône-Alpes et de Stéphane Passeron, l’emblématique et inoxydable porte-parole du collectif No JO qui a passé une vingtaine d’année en Équipe de France de ski de fond et a été entraîneur de l’équipe de France paralympique, aujourd’hui moniteur.

Stéphane Passeron ancien skieur équipe de France

Stéphane Faure-Brac Nojo commission juridique

Delphine Larat avocate

Avocat de profession, Pierre Janot fait partie, avec Stéphane Faure-Brac et Delphine Larat du groupe juridique qui s’est constitué pour se pencher sur la candidature, réfléchir sur les enjeux juridiques des Jeux et travailler sur des pistes d’actions judiciaires, notamment au niveau de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public). « On était bien parti, mais avec la dissolution de l’Assemblée et des députés qui avaient saisi la CNDP qui n’ont pas été réélus, ça a tout fichu par terre. On a donc réfléchi à d’autres actions dont cette demande de caducité », nous confie Delphine Larat, juriste et experte en analyse, co-rédactrice du rapport de 42 pages « J.O.P. D’hiver 2030, Alpes françaises » de la « Commission d’Évaluation pour la Cohérence, la Transparence et les Impacts des Grands Événements Sportifs Internationaux ».

Remis au CIO en mars dernier par cette commission indépendante d’experts, ce rapport analyse l’intégralité des enjeux que ce soit environnementaux, sociaux, économiques sur la base de tout ce qui avait déjà été publié « il entend dire au CIO qu’il n’y a pas de pertinence ni de cohérence à cette candidature, qu’elle n’est pas transparente et qu’il n’y pas d’adhésion du public », résume Delphine Larat. 

 

 Le Grand-Bornand, symbole des sites menacés par le dérèglement climatique

S’ils ont choisi le Grand-Bo pour le départ de ce VELONOJO, c’est que la station est le symbole des sites olympiques menacés par le dérèglement climatique. À 900 m d’altitude, la station des Aravis est en effet pressentie pour être le site hôte des épreuves olympiques et paralympiques de biathlon, sa voisine de La Clusaz accueillerait le ski de fond.

 

Suspens le 24 juillet…

Il fallait faire vite car le 24 juillet, il sera peut-être trop tard : à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le Comité International Olympique est censé annoncer officiellement l’attribution des JOP d’Hiver 2030 à la France (et ceux de 2034 à Salt Lake City), lors du vote final des membres du CIO à Paris.`

 

La garantie financière de la France n’est pas acquise

Le Ski-Club du Grand-Bornand se prépare à la fête et a fortement incité ses membres à être présents le 24 sur le stade de foot du Grand-Bo, nonobstant la déclaration de Thomas Bach, président du CIO qui a temporisé : « Sans garantie, on ne peut pas prendre une décision inconditionnelle pour l’attribution des Jeux », dit-il le 18 juillet dans L’Équipe. On rappelle que la candidature française s’est trouvée affaiblie suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron le 9 juin dernier, l’Etat n’ayant pas fourni le fameux sésame ; la garantie financière attendue du chef du gouvernement par le CIO.

Depuis la dissolution, le divorce entre Gabriel Attal et Macron semble consommé. Le président veut faire passer la candidature française coûte que coûte, alors qu’Attal, démissionnaire mais encore en poste à Matignon pour la gestion des affaires courantes, freinerait des quatre fers arguant notamment des questions budgétaires. Avec une dette de 3600 milliards à l’horizon 2027, des coupes budgétaires de 25 milliards en 2024, et de 30 milliards prévus en 2025, c’est bien la moindre des choses !

 

La candidature française aux JO d’hiver 2030 prendrait-elle l’eau ?

Le 20 juillet, c’est Mark Adams, le porte-parole du CIO qui, après l’ultime réunion de la commission exécutive avant les Jeux de Paris, reconnaissait lors d’une conférence de presse que « la situation politique rend les choses un peu plus compliquées. » Un euphémisme !

Jusqu’alors pétri de certitudes, Renaud Muselier, porteur du projet bombe un peu moins le torse : « J’espère que l’absence de cette caution ne va pas tout remettre en cause », avouait-il au magazine Ski Chrono, la semaine dernière. Quant à Laurent Wauquiez, autre porteur du projet, nouvellement élu en tant que député aux législatives et à la tête du groupe droite républicaine à l’Assemblée, il devra renoncer à la présidence de la région AURA. Et s’il a désormais d’autres ambitions, la présidentielle 2027, on apprend qu’il devrait tenir une conférence de presse le 24 juillet…

 

Rien ne va plus pour le 24 : les jeux sont faits, ou les jeux sont-ils défaits ? A vos pronostics….

Delphine Larat se veut optimiste : « si le CIO prend la peine d’exiger 23 types de garanties, une véritable bulle de protection, il ne prendrait pas le risque de continuer le processus de candidature alors que la situation politique française ne permettra pas de faire voter les budgets et des lois olympiques qui permettent de livrer les jeux », estime-t-elle.

 

Auteur: librinfo74

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