Les JO d’hiver 2030 imposés sans consultation démocratique

Mis à jour le 5 juillet à 11h

À l’initiative du collectif ”Fier Aravis” et de l’association « Pour une transition participative à Thônes”, un débat d’information sur les JO d’hiver annoncés de 2030 s’est tenu le 14 juin dans la salle des fêtes de Thônes. Cette information s’avérait nécessaire car aucune information n’a été donnée à la population sachant que cette décision a été prise sans que les citoyens haut-savoyards aient été consultés.

De gauche à droite, Flora Mile , Éric Adamkiewicz, Mathieu Navillod, Antoine Pin et Pauline Gourlet

C’est pour cela que ces citoyens engagés ont décidé d’organiser ce débat avec des intervenants compétents sur les questions d’organisation des jeux olympiques, les aspects négatifs pour l’environnement, mais aussi sportifs avec la présence d’un ancien champion olympique.

« Fier Aravis » et « Pour une Transition Participative à Thônes » organisateurs de la soirée
On peut remercier la société civile de permettre cette information en organisant un débat que les élus des collectivités territoriales auraient dû organiser.

 Selon ces organisateurs, les citoyens auraient dû être associés aux décisions prises par les élus, en  toute opacité.

 

Brigitte Pépin-Donat pour Fier Aravis a rappelé que le collectif rassemble des citoyens et des citoyennes souhaitant défendre l’intérêt général et les biens communs dans un souci de justice sociale et environnementale.

Claude Maccari, porte parole de l’association « Pour une Transition participative à Thônes” explique son origine : ”nous nous sommes retrouvés fin mai 2019 pour dire que la SCOT était entachés de projets surdimensionnés. Pour faire bouger les lignes sur Thônes, nous avons créé le collectif « Pour une transition participative à Thônes » qui a présenté en 2020 une liste qui a obtenu 7 sièges au conseil municipal pour une gestion communale sur des valeurs de solidarité, de concertation et de sobriété.”

Les maires des communes des Aravis ont décliné l’invitation
Fabienne Grebert, conseillère régionale EELV, interprète ce refus de débattre car les maires ont très peu d’informations et qu’ils ont été mis par le CIO devant le fait accompli. Dans un courrier envoyé par Gérard Fournier, président de la CCVT, ils écrivent que ”(…) à ce jour, l’ensemble des éléments de candidature (…) ne sont pas arrêtés” (…). Ainsi, en l’absence de ces données importantes, cette rencontre nous parait prématurée”.
La conseillère régionale EELV a annoncé que la population va être fortement impactée par une augmentation exponentielle des transports routiers et explique que la région a demandé aux élus locaux d’imaginer un tunnel à Thônes et un doublement des voies routières !! « Comment voulez-vous réaliser de tels ouvrages dans un délai de moins de 5 ans ?  C’est du n’importe quoi. Nous avons à la tête de la région des élus irresponsables ! »

La ”gueule de bois” financière pour les habitants d’Albertville après les jeux olympiques d’hiver de 1992
Pour mieux comprendre les effets d’un tel évènement sur la vie quotidienne des habitants, Claudie Ternoy Léger, conseillère régionale EELV de Savoie, jointe par visioconférence, a décrit les suites des jeux l’Albertville de 1992 avec, certes, de nombreuses structures programmées dont ont bénéficié plus rapidement les habitants et les associations sportives d’Albertville grâce aux jeux olympiques, comme un grand théâtre, des cinémas, un hôpital neuf, mais avec le remboursement du déficit pendant 18 ans pour avoir supporté les frais de fonctionnement et d’entretien des équipements. Cette situation contrainte a empêché la commune de financer dans les années suivantes des projets utiles pour la population en faveur de la santé de l’école… Les habitants ont aussi subit des augmentations de certaines taxes de 40 %.

Des intervenants compétents pour nous informer sur la réalité de ces jeux
Soucieux d’offrir une information la plus complète et pertinente possible, les organisateurs ont fait appel à un panel d’intervenants compétents très au fait du sujet.
L’animation du débat confiée à Jean-Luc Baudin, fut de très haute tenue et permis au public d’avoir toutes les informations nécessaires pour se faire un avis en questionnant les intervenants.
Ceux-ci ont développés les arguments prouvant que ce projet n’est pas sérieux, qu’il repose sur des mensonges et qu’il ne pourra pas répondre aux exigences imposées par le CIO.

 

Des jeux imposés par le CIO en 2030
Éric Adamkiewicz, maître de conférence en management du sport et développement territorial, nous explique que c’est la première fois que le CIO impose une date à des collectivités pour organiser ces jeux olympiques d’hiver : ”Renaud Muselier, président de la région PACA, voulait organiser ces jeux en 2034/2038 avec les italiens. Le CIO lui a dit non, mais il pouvait lui donner les jeux pour 2030. Après avoir contacté Laurent Wauquier, ”Renaud Muselier accepta le diktat du CIO pour organiser les jeux sur les deux régions, en déclarant ”on a eu une fenêtre de tir, et donc on a pris”.

Les délais ne peuvent pas être tenus
Éric Adamkiewicz fustige les conditions dans lesquelles ces JO ont été décidés ”nous ne sommes pas sur un projet construit pour les territoires et par les territoires, mais pour répondre à du clientélisme, des enjeux personnels qui se servent du territoire”.
Un délai trop court de 5 ans pour réaliser les infrastructures nécessaires à la création de nouveaux réseaux routiers et ferroviaires.  « Il sera impossible de réaliser des « jeux sobres » dans un délai aussi court de 5 ans. »

Du ski pour les riches et suppression des lieux d’accueils pour les enfants en classe de neige
Derrière ces jeux olympiques se dessine un ski réservé aux riches avec la construction d’hôtels de luxe et contrairement à ce qu’annonce Laurent Wauquiez l’impossibilité pour les jeunes de découvrir des sports d’hiver à travers les classe de neige en perte de vitesse par manque de lieux d’accueils collectifs.

Des jeux d’un autre temps.
Pour Flora Mile de « Montain wilderness »,  ces jeux sont une vitrine des sports d’hiver. « Il s’agit de sortir d’un modèle du ”tout ski”prendre un virage, et non descendre ’tout schuss”, pour savoir quelle montagne on veut en 2030. » Un virage qui nécessite du courage et de la créativité.
Nous devons remettre pied sur le territoire de montagne, car les JO nous donne une vision aménagée des territoires de montagne. »
”Il y a des super idées qui existent pour les Aravis
”Qu’est-ce qu’on veut pour nos montagnes en 2030 ? Avec l’argent public, 2 ou 3 milliards pour développer le ‘tout ski”, il est possible de l’utiliser pour d’autres projets respectueux de la nature et de l’environnement, et il y en a beaucoup.
On envisage de lancer à la rentrée un projet pour la massif des Alpes, un projet pour les nouveaux imaginaires. »

Sur la notion de « nouveaux imaginaires », Robert Moutard, géographe et membre de l’association « Pour une Transition Participative à Thônes », a tenu à réagir : 

Les JO d’hiver 2030 seront-ils compatibles avec les enjeux écologiques ?

Si l’intervenant Antoine PIN du collectif internationale POW, n’a pas encore la réponse, mais il prend à bras le corps le sujet depuis 7 ans : ”On a donc posé 17 conditions essentielles et complémentaires à respecter, au regard des connaissances scientifiques actuelles, pour pouvoir prétendre qu’un événement d’une telle ampleur puisse espérer être compatible avec les enjeux écologiques.

 

Un manque de concertation totale avec les citoyens.

Antoine PIN partage l’avis de Éric Adamkiewicz sur l’absence totale de concertation avec les habitants. Les choses se sont faites très rapidement, sans qu’à aucun moment les populations n’aient été sollicitées. Le collectif NO JO (un collectif historiquement en opposition aux Jeux Olympiques) pointe du doigt : “une candidature faite dans l’urgence, décidée par nos présidents de régions sans consultation des citoyens”.

 


Un véritable déni démocratique
La chercheuse Pauline Gourlet a mené et synthétisé avec Maud Barret, un travail d’enquête auprès des personnes mobilisées sur la question des JO de Paris, et co-autrices du livre « 369 Manuels -Défaites vos jeux ! »

 

Les jeux ne sont pas encore faits !

Pour ces JO d”hiver qui se dessinent en 2030, Pauline Gourlet veut avoir un petit mot d’espoir avec la possibilité de les annuler : ”Entre 2013 et 2018, 11 villes ont retiré leur candidature sur pression populaire : Hamburg, Munich, Rome, Budapest. C’est tout à fait possible qu’en France on dépasse les 50 % de refus des jeux. »

Le logique capitaliste des Jeux olympiques.

Pauline Gourlet nous apprend que le CIO est une société suisse et que les clauses de son contrat s’imposent aux États, avec des énormes coûts financiers si le contrat devait être dénoncé. Ainsi, le CIO tient les États à la gorge.

Les sportifs otages des JO

Un vrai dilemme s’impose entre les associations qui alertent des dérives environnementales et financières de ces JO d’hiver et les sportifs pour qui ces jeux sont l’aboutissement d’années d’efforts et de sacrifices personnels, fruits d’une véritable passion .

Mathieu Navillod est un ancien de l’équipe de France de ski de bosses. Il a grandi dans ce territoire montagnard magnifique et veut contribuer à la préserver face au dérèglement climatique. « J’ai 33 ans et depuis que je suis tout petit, cet univers a beaucoup changé. Certains glaciers fondent, disparaissent ou ont disparu. Nous ne pouvons presque plus aller skier l’été sur les glaciers, et en alpinisme, nous sommes obligés d’être très vigilants, car il y a beaucoup d’éboulements : cela joue beaucoup sur nos activités de montagnards. »
Afin de sensibiliser le grand public à la protection des écosystèmes, il lance avec d’autres sportifs l’association « Une bouteille à la mer”.

Ces jeux m’ont fait rêver enfant.

« Ces jeux m’ont construit pendant toute ma vie. Les jeux m’ont fait grandir. »
Il sait que les jeux divisent. Pour permettre de réfléchir sur ce que doivent être ces jeux, Mathiet Navillod trouve important d’établir le dialogue entre pro et anti JO, comme c’est le cas ce soir. Un débat malheureusement tronqué par l’absence d’élus peu courageux.

Si Mathieu Navillod reste favorable aux jeux olympiques, il est prêt à agir avec son association pour préserver la montagne en réduisant au maximum les effets catastrophique du dérèglement climatique. Il développe de nombreuses vidéos dans un souci pédagogique.

Et en matière d’éducation populaire, il reste beaucoup à faire !

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. Quelques informations sur le sujet qui pourraient intéresser les lecteurs … de Molina , journaliste investigation très connu dans le milieu sportif.
    https://youtu.be/r7ebd_ktCiQ

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