À l’appel de trois associations de défense des riverains de l’aérodrome d’Annecy, des citoyens, excédés par les bruits des avions de tourisme et des hélicoptères, s’étaient rassemblés une nouvelle fois devant l’entrée de l’aérodrome de Meythet. Une initiative prise dans le cadre de la semaine européenne contre la pollution aérienne.
Ce samedi 13 mai, le vent de la contestation soufflait par rafale devant l’aérodrome de Meythet. Ils étaient 80, transis par le froid des saintes glaces à manifester contre les nuisances sonores des avions de tourisme qui, pour leur plaisir solitaire, fracassent les oreilles de centaines d’habitants.
Aux côtés des militants associatifs, on pouvait remarquer le présence de Marion Lafarie, maire-adjointe à la mairie d’Annecy et des militants verts, très actifs sur le sujet.
Climat ou aviation, il faut choisir ! C’est sur ce slogan que Chantal Descombes a conclu sa prise de parole : « Cet aérodrome existe depuis 1930. Sur cette magnifique plaine, on a exproprié des agriculteurs pour mettre en place un aérodrome. »
Bon an mal an, le trafic aérien s’est développé sans cesse sous le poussée de la très forte poussée démographique
En 2006, le conseil départemental livre cet espace aux intérêts privés de l’aviation
« De très gros investissements et subventions publiques sont engloutis pour cet aérodrome exclusivement à usage privé » poursuit Chantal Descombes. On permet l’installation de nombreuses entreprises privées qui développent les activités de vols touristiques, baptêmes de l’air, école de pilotage d’avions, d’hélicoptères, maintenance et réparation d’hélicoptères, etc. On peut faire du vol à vue à toute heure, du lever au coucher du soleil, en « « auto information » », on peut voler même quand la tour de contrôle est fermée, tour de contrôle qui n’a qu’une seule mission : assurer la sécurité des pilotes ! Et la sécurité des riverains ? Circulez, il n’y a rien à voir …
Devant cette situation insupportable, les habitants se sont organisées pour obtenir de l’État une règlementation des vols pour limiter les nuisances : » Le préfet réunit toutes les parties prenantes : élus, usagers, riverains et associations de l’environnement, afin d’écrire une charte de bonne conduite », souligne Chantal Descombes, mais ceci n’a aucun effet car le préfet ne dispose d’aucun moyen pour faire respecter les dispositions de la charte ! Il n’y a aucun texte législatif qui définit et limite ce type d’activités ! »
Ignorés par le conseil départemental, les habitants se mobilisent depuis des années sans avancée notable,
Réduire le trafic aérien
« Le thème de notre manifestation, explique Chantal Descombes, c’est de réduire la trafic aérien. Obtenir des textes législatifs qui régule le contrôle aérien. »
Aucune contrainte pour respecter le plan de vol
Alors que le contrôle technique est obligatoire pour les véhicules automobiles, Francis Lebas, Président de l’ACDNA, s’étonne qu’il n’existe aucune contrainte pour les avions de tourisme : ” on essaie de classer les aéronefs avec une norme appelée ”calypso”, pour essayer de catégoriser les avions plus bruyants ou moins bruyants, sauf que ce n’est absolument pas contraignant. »
Francis Lebas ne comprend pas que la tour de contrôle n’oblige pas les pilotes à respecter le plan de vol
« La seule préoccupation de la tour de contrôle, c’est la sécurité du pilote et pas celle des habitants. Les pilotes sont censés respecter des couloirs de vol, des altitudes de vol, des horaires de vol. À ce jour, on a jamais vu un pilote sanctionné pour ne pas avoir respecter le plan de vol. »
Les élus du conseil départemental sont alertés
En réponse aux demandes incessantes au Conseil départemental, propriétaire de l’aérodrome de Meythet, de réduire le trafic aérien, Alain Fleuret, président de l’Association de Défense des habitants de Poisy est dépité. Il a obtenu une réponse de Lionel Tardy, vice-président du conseil départemental. Celui-ci s’engage à minima, en déclarant « qu’il faudrait interdire les avions les plus bruyants« . Un vœu qui risque de d’envoler dans les airs.
Le bruit n’est pas qu’une question d’inconfort.
Pour Chantal Descombes, le bruit est « un problème de santé publique majeur : troubles du sommeil, troubles cognitifs, hypertension, maladies cardiovasculaires. Son coût social a été estimé par l’ADEME à plus de 6 milliards d’euros annuels pour le seul bruit aérien.
La pollution de l’air tue.
« Le Haut Conseil pour le climat est formel, insiste Chantal Descombes, réduire le trafic aérien est indispensable pour tenir nos engagements climatiques. La pollution est même la troisième cause de mortalité en France derrière l’alcool et le tabac. Les réacteurs d’avion polluent et, à la différence des moteurs d’automobiles, il est impossible de les équiper de filtres à particules et à oxydes d’azote.
De plus, les particules ultrafines (PUF) qu’ils émettent sont plus petites que celles des moteurs diesel, et donc potentiellement plus toxiques. Pourtant, elles ne sont ni réglementées ni mesurées. L’aviation de loisir, elle, brûle encore de l’essence plombée, interdite depuis plus de 20 ans pour l’automobile ! »
Les associations ne baissent pas les bras
Devant le mépris exprimé par la société Vinci, gestionnaire de l’aéroport, les militants associatifs continueront à interpeller les élus de la République, conseillers départementaux et parlementaires.
Notre média poursuivra son enquête en sollicitant ces mêmes élus.
*ACDNA(Association Contre les Dangers et les Nuisances Aériennes de l’aérodrome d’Annecy-Meythet),ADP (Association de Défense des habitants de Poisy) et AVVM(avecvous.vivremeythet@orange.fr)
17 mai 2023
Les 2 écoles publiques d’Epagny et Metz Tessy et celle de Brassilly bien placées pour le bruit et les particules !!
Le dden des 3 écoles.
21 mai 2023
L’argumentaire me semble plutôt confus, ça part dans tous les sens :
Est ce que c’est une opposition à l’aviation d’affaire ou à l’aviation légère ?
Au début une critique de l’artificialisation du terrain, Hum il n’y a que 10% du terrain d’artificialisé, on compare à la plaine d’epagny pour voir ? Regardons ce qui se passe à Oyonax, le terrain disparaît et il va être transformé en zone industrielle, chouette, encore plus de béton ! Ici un groupe politique pseudo ecolo proposait aux dernières municipales de construire plus de 10000 logements et une cité administrative, ça fera plus beaucoup de place pour les hérons et les rapaces qui peuplent actuellement le terrain…
Ensuite ça part dans des termes techniques mal employés. C’est bien d’essayer de comprendre comment fonctionne un aéroport mais clairement y’a encore du boulot :
Oui on peut voler à vue à toute heure du jour, c’est le cas sur tous les terrains, et même la nuit s’ils sont équipés et que l’appareil et le pilotes sont autorisés.
Oui on peut voler en auto-information, et c’est le cas de la grande majorité des terrains, dans la région c’est le cas de tous les terrains sauf Chambéry et Annecy, et ça se passe très bien, la tour est surtout là pour gérer les jets et les trafics IFR, la gestion des VFR c’est du bonus (et j’avoue que c’est très confortable), d’ailleurs ça me fait venir au point suivant, le respect des « plans de vol » bon en fait vous voulez parler des circuits de piste, bah ils sont respectés, parfois des écarts pour des raisons techniques (espacement des appareils) et pour des raisons pédagogiques mais là c’est toujours avec instructeur à bord : il s’agit de faire des exercices de simulation de panne, OBLIGATOIRES, donc c’est pour la sécurité des pilotes et des riverains (si celle des pilotes n’est pas assurée ils finissent sur le toit de votre maison…) . Ces exercices font bondir les membres de L’ACDNA à qui il a pourtant été maintes fois expliqué le but de ces procédures réglementaires et qui persistent dans leurs publications diffamatoires à l’encontre des pilotes d’ailleurs on sent la mauvaise foi quand ils se plaignent des exercices d’encadrement, des exercices d’atterrissage sans le moteur (plus précisément moteur au ralenti hein, on est pas des kamikazes).
La tour ne ferait pas respecter les consignes aux pilotes ? là encore ça tient au mieux de la méconnaissance des règles (nottament de la charte réglementant des activités qui existe déjà et de ce qui a été expliqué précédemment sur les exercices, systématiquement réalisés avec autorisation de la tour) au pire du mensonge (j’ai d’ailleurs déjà subi des commentaires particulierement agressifs sur le sujet quand j’essayais d’expliquer les faits, visiblement certains anti aérodromes se croient omniscients en matière d’aviation après avoir lu 2 cours pour élèves de seconde…) .
Petit exemple personnel de la rigueur de la Tour : on m’a refusé un tour de piste 5 min avant la fin de créneau parce que la fin de tour risquait d’être à l’heure pile, une autre fois c’était le lundi de pentecôte, parce que férié (de bonne foi vu que j’étais en RTT obligatoire cette année là, à l’usine les précédentes, je pensais que c’était plus un jour férié depuis un bon moment, soit, et merci à la tour de m’avoir rappelé a lordre).
Point suivant, les subventions. Bon, en aviation légère pour rappel on paye notre carburant aussi cher voir plus cher que vous, la ristourne c’est que pour les jets privés moyennant un montage juridique permettant de transformer ça en vol commercial. Pour les subventions terrain, euh les aeroclub ont plutôt peur des sociétés comme Vinci qui ont tendance à vouloir tuer les aeroclub pour occuper le terrain à des activités plus lucratives. Et d’un point de vue plus global, toutes les entreprises en France sont largement aidées (CIR, crédit compétitivité, subventions diverses…) donc ça me choque pas plus (ou plutôt tout autant) que d’autres subventions à l’industrie la question c’est quel retour sur investissement je vous laisse l’étudier en faisant votre travail de journaliste.
Maintenant parlons pollutions (sonores et environnementale)
Pour le bruit, il y a une très nette amélioration depuis des années, l’humain à la mémoire courte mais quand vous voyez passer un vieux dr400 avec son moteur Lycoming vous entendez bien la différence avec un da40 et son moteur moderne, et coup de bol le parc basé à Annecy est très moderne et particulièrement silencieux, la norme calypso, je suis pas contre, il n’y a que les frais de passage de la norme qui m’inquiètent, sinon je sais que ça n’affectera pas la grande majorité des appareils basés.
Pour la pollution tout court, je ne peux pas juger de la pollution des jets mais pour l’aviation de loisir l’argument est risible :
Un pilote d’aeroclub c’est 150 a 200L de carburant par an, 4 pleins, l’équivalent de moins de 3000km en voiture, ou si vous préférez 1 frontalier pendant un mois et demi. Oui, un frontalier c’est 10x plus de carburant qu’un pilote ! Vous voulez avoir un impact environnemental sérieux ? Faites sauter l’autoroute Annecy Genève ! Remplacez la par une voie ferrée double a la rigueur, ou militez pour un urbanisme moins délirant, et une plus grande transparence pour éviter que les acquéreurs d’un logement dans le secteur se sentent floués : quand un vendeur ne signale pas qu’un logement est dans la zone concernée par le plan d’exposition au bruit, ou qu’un promoteur annonce aux acheteurs que l’aérodrome va bientôt fermer, le responsable de la nuisance n’est pas l’aérodrome, c’est bien celui qui a caché des informations ou à menti.
21 mai 2023
Je vous remercie pour votre contribution très argumentée. Peut-être nous préciser votre statut compte tenu de vos précisons techniques qui justifient une pratique réelle. Quel rapport avez-vous avec l’aéroclub ?
En tant que journaliste, je vais demander aux représentants des associations environnementales de réagir à vos propos. Peut-être pourrions-nous organiser une rencontre qui aurait l’avantage de confronter les points de vue.
25 mai 2023
Bonjour monsieur,
Je suis effectivement pilote (à la base de planeur, depuis quelques années avion faute de pouvoir voler sans moteur vers Annecy) mais aussi riverain (je vois bien les quelques hélicos qui ne respectent pas le circuit ou bien les pilotes de jet qui tournent 2 km trop tôt et passent au dessus de chez moi par vent de sud) et ingénieur, entre autres dans l’éolien (d’où ma manie d’analyser les choses plus factuellement que ne le font les membres de L’ACDNA qui ont une fâcheuse tendance à asséner leurs opinions sans étayer).
Je ne suis en aucun cas représentant de l’aeroclub, et je constate d’ailleurs que les membres que je côtoie sont plutôt dépités par l’agressivité qu’ils subissent et les amalgames faits par certains riverains avec d’autres pilotes moins soucieux de leur environnement, le bureau du club mettant un point d’honneur à limiter le bruit et la consommation des appareils par des procédures internes plus drastiques que la règle (parc machine constitué d’ appareils parmi les plus économes et les plus silencieux, consignes de régime moteur réduit pour diminuer bruit et consommation etc.), et certains ont hâte de pouvoir voler sur des machines électriques, ce qu’ils font déjà depuis des années sur la route. Enfin j’ai aussi noté la tristesse de certains face à une urbanisation dans l’axe des pistes avec des pratiques commerciales douteuses de la part des promoteurs qui annoncent une suppression du terrain ou une réduction de l’activité (je ne l’ai pas constaté personnellement, mais ayant déjà vu des pratiques similaires avec des ventes le long de la voie ferrée Annecy-la roche, ça ne m’étonne pas, 2 trains par jour que disait l’agent immobilier, 1 mois avant l’inauguration du ceva !).
Pour ce qui est du dialogue avec les associations environnementales, mes tentatives d’échanges avec L’ACDNA et résilience montagne via les réseaux sociaux se sont soldées par le mépris de mes contradicteurs, au mieux ne répondant que par des arguments à côté de la plaque (l’amalgame jet et aviation légère bien souvent) et au pire se soldant par des propos à la limite de l’injurieux et un mépris total de l’argumentation, ils sont tellement susceptibles qu’ils ont fini par me censurer ! Inutile donc de tenter d’argumenter avec ces individus qui ne lâcheront que quand le terrain aura disparu et la valeur foncière de leur bien augmenté de 50%.
Je veux bien comprendre que certains se sentent floués par une situation qu’ils avaient mal anticipé (à l’achat : bah ça fait pas tant de bruit, et 10 ans plus tard ça râle…), mais leur erreur n’a pas à être assumée par autrui.
Enfin j’apprécie votre effort de faire vivre un débat, mais c’est dommage de ne pas avoir ouvert immédiatement la porte à un contre argument avant de diffuser votre article, ce qui me paraît déontologiquement important.
25 mai 2023
Merci pour votre contribution