Macron et la grande Catherine.

Quoi de commun entre Catherine II qui régna sur la Russie entre 1762 et 1796 et notre président de la république, Emmanuel Macron ?

Quelque chose qui fut peut-être anecdotique chez la grande Catherine mais qui est systématique dans la nouvelle politique initiée par notre président : l’usage du trompe-l’œil.

On sait que lors de la visite de l’impératrice en Crimée, en 1787, son amant le prince Grigori Potemkine fit masquer la pauvreté des villages traversés au cours du voyage afin d’éviter à la souveraine un spectacle trop douloureux.

L’expression « village Potemkine » désigne, depuis, tous les subterfuges tendant à cacher la réalité de la misère lorsque l’on n’est pas en mesure ou que l’on n’a pas la volonté de la changer.

Macron a dit : « d’ici la fin de l’année, je ne veux plus voir personne dans les rues, dans les bois. »

C’est pourquoi furent installés un peu partout dans les villes, là où les sans-abri auraient pu trouver refuge, des dispositifs anti-SDF faits de pics, de barres, voire de douches froides à déclenchement automatique dans le but de faire disparaître les pauvres.

Le gouvernement Potemkine déploie un raisonnement très logique : pour faire disparaître la pauvreté, il suffit de faire disparaître les pauvres. Et pour faire disparaître les pauvres, il suffit de les mettre là où on ne les voit pas.

Les pauvres qui étaient dans les bois, du côté de Calais par exemple, on les fait monter dans des autocars, on les disperse ici et là, on les expulse et hop ! Le tour est joué. « Y en a plus. »

Pareil pour les chômeurs. Plus de chômeurs, plus de chômage.

Il faut bien comprendre : ce n’est pas à cause du chômage qu’il y a des chômeurs. Non. C’est l’inverse. Ce sont les chômeurs qui sont la cause du chômage. Et, la preuve, c’est que, si vous rayez les chômeurs des listes de Pôle Emploi, vous aurez l’impression que le chômage diminue.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les mesures envisagées pour contrôler plus drastiquement les chômeurs, les culpabiliser suffisamment pour qu’ils arrêtent de se montrer. L’important n’est pas de ne plus être chômeur mais de n’être plus visible.

Le changement est en marche, en tout cas le changement des apparences.

Car si, par ailleurs, la toute-puissance des multinationales, la souveraineté des institutions financières, le cynisme des paradis fiscaux continuent de régner et de soumettre l’illusion de démocratie à la loi du marché, on peut toujours détourner le regard et parler d’autre chose.

Si, à l’époque de Marx, le capitalisme semblait s’être débarrassé des faux-semblants pour afficher la loi violente du profit, nous sommes revenus à des manières de vivre qui rappellent l’ancien régime: à défaut de se déguiser en grands seigneurs, les nouveaux dominants qui tiennent le pouvoir tentent, avec toute leur hypocrisie, de donner au monde qu’ils polluent les apparences d’un spectacle supportable comme le faisait Potemkine pour sa grande Catherine.

Non seulement rien ne change mais la situation empire tous les jours, les plans sociaux, grimés en « ruptures conventionnelles collectives » par les ordonnances sur le nouveau code du travail, détruisent les emplois par milliers, la politique d’austérité et d’abandon des services publics jette chaque jours des femmes et des hommes à la rue, les migrants sont traités avec le plus grand mépris mais officiellement nous sommes « en marche« .

Il faut seulement que ceux qui sont « en marche arrière » soient camouflés dans les « villages Macron-Potemkine » de la république.

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: librinfo74

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