La Déontologie du Journaliste

Le mot déontologie vient du grec deon, qui signifie le devoir et logos, qui signifie le discours. La déontologie désigne l’ensemble des règles et des devoirs régissant une profession et la conduite de ceux qui l’exercent. Souvent associées à ce terme, les valeurs d’un individu sont également un guide lors d’une démarche personnelle ou professionnelle. Cependant, il se peut qu’un individu ait à mettre de côté ses principes pour répondre aux règles de son métier. C’est pour que tout soit clair qu’une charte doit être signée avant qu’un individu commence sa profession.

En novembre 1971 à Munich, la Fédération des Journalistes en Europe adopte la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes qui servira de référence à échelle du continent quant à la déontologie de ce métier. Elle se compose d’un préambule puis y sont cités dix devoirs et cinq droits, en passant par l’interdiction de plagier à la défense de la liberté d’expression. Plus récemment, un Comité français a écrit une nouvelle charte, en se basant sur celle de 1971 et valable pour le pays, car la profession a évolué et s’est complexifiée. Les articles que nous verrons ci-dessous sont tous extraits de cette Charte de déontologie française écrite en 2011. Certains points de ces textes sont assez larges car à défaut de traiter de leur métier, ils touchent la vie privée des journalistes et leurs valeurs personnelles.

Le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des Droits de l’Homme et la Constitution Française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre. […]Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser une information de qualité ;[…]. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent.

La liberté qu’un homme a d’informer et d’être informé est sinon primordiale, du moins essentielle. L’Histoire a montré a plusieurs reprises que l’information unique était néfaste pour la population. La mission du journaliste est de transmettre toutes les nouvelles à n’importe quel sujet sur n’importe quel support. Toute personne a le droit d’avoir accès à ces informations. Le journaliste doit veiller à la qualité de ce qu’il partage, ainsi qu’à son authenticité. Nous allons analyser un par un les points de la charte de déontologie de 2011 pour comprendre sur quelles valeurs repose le journalisme. En premier, nous verrons les droits de ceux qui exercent ce métier, puis nos étudierons les devoirs auxquels le travailleur se doit d’obéir.

1.

La sécurité matérielle et morale est la base de l’indépendance du journalisme. Elle doit être assurée, quel que soit le contrat de travail qui le lie à l’entreprise.

Ce premier point assure au journaliste qui signe ce texte qu’il ne sera pas inquiété pour ce qu’il diffuse. Il inclut que le travailleur n’est pas mis en danger ni soumis à une forme de répression, y compris de la part de l’État dans lequel il exerce sa profession. Ainsi, il a le droit de partager le fruit de son travail sans aller à l’encontre de ses convictions ni risquer son intégrité physique et morale.

L’exercice du métier à la pige bénéficie des mêmes garanties que celles dont disposent les journalistes mensualisés.

Ce deuxième extrait montre que les journalistes pigistes et mensualisés sont égaux et possèdent les mêmes droits.

Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte ou exprimer une opinion contraire à sa conviction ou sa conscience professionnelle, ni aux principes et aux règles de cette charte.

Ici le message est clair. Un journaliste n’a pas à divulguer ou faire quelque chose qui lui paraît être incompatible avec ses valeurs et son éthique personnelles et professionnelles, même sous la contrainte. Ce détail-là est plus qu’important pour que la liberté d’expression puisse exister.

Le journaliste accomplit tous les actes de sa profession (enquête, investigation, prise d’images et de sons, etc.) librement, a accès à toutes les sources d’information concernant les faits qui conditionnent la vie publique et voit la protection du secret de ses sources garantie.[…] Le journaliste doit garder le secret professionnel et protéger les sources de ses informations

Ce point de la charte signifie que personne ne peut bloquer l’accès à l’information à un journaliste qui enquêterait pour tout ce qui concernerait la vie publique. Cet extrait inclut aussi que le journaliste ne peut divulguer le nom de la personne de qui il tient ses informations uniquement si celle-ci l’y autorise. Nous étudierons ci-après que le partage d’une information n’engage que le journaliste qui l’a décidé. Le lanceur d’alerte ou la source possède entièrement le droit de ne pas être cité si cela peut lui nuire de n’importe quelle manière.

2.

Nous verrons qu’un journaliste digne de ce nom doit :

Prendre la responsabilité de toutes ses productions professionnelles, mêmes anonymes.

Cet aspect du texte indique qu’en cas d’article qui serait sujet aux poursuites, l’auteur de celui-ci doit en assumer la responsabilité et révéler son identité si l’article n’était pas signé.

Respecter la responsabilité des personnes et la présomption d’innocence […] ne pas confondre son rôle avec celui du policier ou du juge.

Le journaliste ne doit accuser un tiers avant un son procès car nul n’est coupable avant la décision de la justice. Il a seulement pour mission d’informer la population. Il n’a en aucun cas à émettre un jugement sur une affaire judiciaire car il est considéré comme une personne s’influence.

Tenir l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tenir l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure, et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles.[…] Ne pas user de la liberté de la presse dans une intention intéressée.

Ici sont citées les valeurs professionnelles d’un journaliste. Elles forment ensembles l’éthique du travailleur. Celui-ci doit faire passer ses lecteurs/auditeurs/spectateurs/etc. et non pas son intérêt personnel (ou celui d’un tiers) en premier. Il ne peut pas utiliser son statut de journaliste pour attaquer un individu ou un groupe d’individu. Il doit partager l’information la plus authentique possible et dans l’unique but de faire par de ses recherches à la population.

Exercer la plus grande vigilance avant de diffuser des informations d’où qu’elles viennent

Le journaliste doit toujours effectuer une enquête pour valider un fait. Il doit confronter les réponses qu’il aura pu obtenir lors de ses recherches et les comparer, les choisir et les valider. De là et de nulle part d’autre naît une production journalistique qui peut par la suite être diffusée.

Disposer d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et faire en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révélerait inexacte

Un journaliste possède à lui seul la responsabilité de ce qu’il partage. Il n’est pas impossible qu’il fasse une erreur. Si cela se produit, il a le devoir de diffuser un démenti et de reconnaître le défaut de son article.

N’accepter en matière de déontologie et d’honneur professionnel que la juridiction de ses pairs : répondre devant la justice des délits prévus par la loi

Comme tout individu, un journaliste peut être poursuivit s’il ne respecte pas la déontologie de sa profession, il se doit de reconnaître ses torts lorsqu’il en commet. Il ne peut tenir pour responsable ni son éditeur ni ses sources, il doit y répondre de lui même.

Défendre la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique

La principale fonction du journaliste est d’informer. En toutes circonstances, il se doit de prendre le parti des libertés citées au-dessus et personne ne peut lui reprocher cela. Cette partie du texte ne parle pas seulement du milieu professionnel mais aussi de la vie privée du travailleur.

Proscrire tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information. Dans le cas où sa sécurité, celle de ses sources ou la gravité des faits l’obligent à taire sa qualité de journalisme, il prévient sa hiérarchie et en donne dès que possible une explication au public

Un journaliste qui ne pourrait pas divulguer une information sans se mettre lui même ou un tiers en danger doit trouver un moyen pour en parler à ses supérieurs. Il fera paraître le plus vite possible une brève expliquant pourquoi il a été interrompu dans sa publication. Un professionnel ne doit user que de moyens légaux, loyaux et en accord avec cette charte et son éthique pour avoir accès à une information.

Ne pas toucher d’argent dans un service publique, une institution ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées

Cette ligne fait référence à l’éventuelle participation d’un journaliste à un congrès d’entreprise ou à un meeting politique durant lequel il serait employé par cette entreprise ou ce parti politique pour y animer un débat. Ce genre de pratique est également appelée corruption passive. L’entreprise ou le parti ne dit pas clairement qu’il/elle veut que le journaliste soit d’un avis qui lui serait favorable mais son opinion est influencée par l’argent que ce parti ou entreprise lui verse.

Le professionnel n’a aucun intérêt à recevoir une compensation financière pour ce travail car il ne pourra par la suite pas être crédible auprès des concurrent de ceux qui l’auront employé.

Refuser et combattre, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication

Le mot communication, en journalisme, désigne tout ce qui est transmis au public et qui est présent pour illustrer une thèse ou vendre un produit. À l’inverse l’information désigne tout élément de discours, vérifié et choisi, confirmant ou invalidant une rumeur lancée par un tiers. Il est essentiel de ne pas mêler ces deux termes lorsqu’on exerce le métier de journaliste et de faire connaître la différence qu’il existe entre communication et information.

Citer les confrères dont il utilise le travail, ne commettre aucun plagiat

Comme dans tout métier où la création est importante, le journaliste se doit de respecter le travail de ses collègues. Il doit posséder une autorisation pour l’utiliser et mentionner le nom de l’auteur de ce qu’il exploite lorsque ses œuvres ne sont pas entièrement de lui. Le plagiat volontaire ou involontaire peut être puni au pénal.

Ne pas solliciter la place d’un confrère en offrant de travailler à des condition inférieures

Ici, c’est la concurrence entre les journalistes, notamment les pigistes, qui est proscrite. Un professionnel n’a pas à proposer le même travail qu’un collègue en étant moins rémunéré. Le journalisme n’est pas une course à l’information. Ce métier tend exclusivement à partager une information de qualité au public.

Brumes

Sources :

Charte de Munich, 1971 http://www.snj.fr/content/d%C3%A9claration-des-devoirs-et-des-droits-des-journalistes

Charte de déontologie française, 2011 http://snj.fr/content/charte-d%E2%80%99%C3%A9thique-professionnelle-des-journalistes

Auteur: librinfo74

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