LIBERTE D’EXPRESSION. Le journal « Le Monde » ressuscite « l’Index » des sites infréquentables sous la forme du « Decodex ».

L’Index librorum prohibitorum (Index des livres interdits) est un catalogue instauré par le pape Paul IV en 1559 durant le Concile de Trente (1545-1563).

Il s’agit d’une liste d’ouvrages que les catholiques romains n’étaient pas autorisés à lire. Le but de cette liste était d’empêcher la lecture de « livres pernicieux » jugés immoraux ou contraires à la foi.

La Congrégation de l’Index fut instituée en 1571. L’Index fut régulièrement mis à jour jusqu’en 1961, par ajout de la Congrégation de l’Inquisition ou du pape. La liste n’était pas un simple travail de réaction ; les auteurs étaient invités à défendre leurs travaux, qu’ils pouvaient corriger et rééditer s’ils désiraient éviter l’interdiction, et une censure avant publication était encouragée.

On a ainsi pu trouver parmi les centaines d’auteurs dans l’Index : René Descartes, Daniel Defoe, Blaise Pascal, Pierre-Joseph Proudhon, Jean de La Fontaine, Johannes Kepler, Alexandre Dumas, Érasme, Honoré de Balzac, Charles Baudelaire, François Rabelais, Jean-Jacques Rousseau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Pierre Larousse, Fénelon, Gustave Flaubert, Fontenelle, John Locke, Martin Luther, Jean Calvin, Anatole France, Baruch Spinoza, Nicolas Machiavel, Frédéric II de Prusse, André Gide, Auguste Comte, Condorcet, Nicolas Copernic, Thomas Hobbes, David Hume, Emmanuel Kant, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Victor Hugo, Émile Zola…

Ayons une pensée émue pour toutes ces personnes, qui, un jour, ont découvert qu’elles étaient mises à l’Index et que c’était diabolique de les lire .

Depuis la « Notification de la suppression de l’index des livres interdits », émise par le Vatican en 1966, cet index perd son caractère obligatoire et n’a plus valeur de censure, même s’il reste un guide moral.

C’est de cet Index qu’est venue l’expression “Être mis à l’Index“.

Ainsi, cette censure a gravement attenté à la Liberté d’expression, et a pourri le débat public pendant plus de 400 ans.

Nous en étions débarrassés depuis plus de 50 ans, croyant être enfin entrés définitivement dans une période de liberté de pensée et d’expression.

Et puis Le Monde a ressuscité l’Index…

index-du-monde-decodex

Les Décodeurs du Monde ont donc lancé ce 1er février leur propre Index (ou Decodex), liste de 600 sites classés en 4 catégories.

  • vert (200 sites dans la version de départ) : “Ce site est en principe plutôt fiable. N’hésitez pas à confirmer l’information en cherchant d’autres sources fiables ou en remontant à son origine.”
  • orange (120 sites) : “Ce site peut être régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification. Soyez prudent et cherchez d’autres sources. Si possible, remontez à l’origine de l’information.”
  • rouge (170 sites) : Ce site diffuse régulièrement de fausses informations ou des articles trompeurs. Restez vigilant et cherchez d’autres sources plus fiables. Si possible, remontez à l’origine de l’information.
  • bleu (70 sites) : Attention, il s’agit d’un site satirique ou parodique qui n’a pas vocation à diffuser de vraies informations. À lire au second degré.

On ne peut nier l’utilité de ce travail pour mettre en garde des personnes un peu niaises qui n’auraient pas les moyens de se forger une opinion par elles-mêmes à partir d’une confrontation des diverses versions des faits qui leur sont présentées dans les médias en fonction des diverses tendances politiques ou idéologiques de ces médias.

Mais de quel droit « Le Monde » s’arrogerait-il le « bon jugement » et cette supériorité sur les autres en matière de fausses informations ou d’interprétation tendancieuse des événements ?

Nous pensons que la liberté d’information passe par la capacité de connaître la plus grande quantité possible de sources, considérant que chaque lecteur est assez mûr pour mettre en application son propre sens critique.

L’école devrait, dans un Etat de droit, se donner comme objectif prioritaire cette formation à l’esprit critique des citoyens.

Comme l’écrit Edward Snowden :

« La réponse aux fausses informations, ce n’est pas la censure, c’est plus d’informations, discutées en commun. Trop de gens dépendent d’une seule source, comme Facebook, pour s’informer. Lorsque vous allez sur votre page Facebook, c’est Facebook qui décide quelles nouvelles vous voyez sur votre page. Ils créent plus de silence qu’ils ne  créent d’informations. Vous comprenez à quel point il est dangereux qu’une entreprise puisse avoir assez de pouvoir pour remodeler notre façon de penser. Nous devons utiliser et répandre l’idée que la pensée critique importe maintenant plus que jamais, étant donné que les mensonges semblent devenir très populaires. Si les gens utilisaient plus de sources pour s’informer, la vérité l’emporterait. »

Sources

Aude Lancelin (Twitter)

Olivier Berruyer (Blog)

Auteur: librinfo74

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