Annecy Cinéma Espagnol : grande traversée de l’Espagne malmenée par la crise…

C’est ce que nous ont révélé la plupart des films en compétition de cette édition 2016 et que les médias traditionnels se gardent bien de nous faire connaître. Même lorsqu’il s’agit de films de fiction ; on sent que les cinéastes ont puisé avec lucidité dans la réalité.

Les lycéens, élèves de la section cinéma du Lycée Gabriel Fauré d’Annecy, rédacteurs de la « Gacetta » quotidienne, l’ont aussi perçu. De tels films permettent de nous interroger : Et alors, que faire face à de telles catastrophes économiques et sociales ? Y a t-il d’autres voies à imaginer sur nos territoires ? Quels sont les vrais responsables ? Comment construire des solidarités ?

Il est dommage que ces projections aient eu lieu majoritairement dans l’après-midi ou tôt dans la soirée. Cela ne permettait pas aux personnes impliquées socialement dans les luttes en cours de découvrir ce qui se passe ailleurs et qui a des répercussions sur notre quotidien.

Ces films comme une reconnaissance en direction de ceux et celles dont on ne montre jamais la souffrance. On ne peut que reprendre les mots du poète Guillaume Apollinaire :

«  Hommes de partout surtout gens d’ici, car il y a tant de choses que je n’ose vous dire

Tant de choses que vous ne me laisserez pas dire

Ayez pitié de moi » (Calligrammes – 1915)

 

Les problèmes de l’Espagne sont aussi nos problèmes

Il est dommage que ces films n’aient touché qu’une infime minorité de personnes à un moment où l’on restreint nos droits fondamentaux pourtant ratifiés par des conventions internationales, où la compétition, les guerres ravagent notre planète au bénéfice de quelques uns, où le libéralisme dicte ses ordres depuis Bruxelles, nous empêchant de penser et décider par nous-mêmes. Ces combats d’aujourd’hui, au service de tous et toutes ne sont jamais « démodés ».

 

Des films qui s’adressent aux jeunes

las-altasOn sent que les cinéastes ont ce souci, car les jeunes paient un lourd tribut à la crise. Cet aspect semble avoir touché les lycéens spectateurs. Cela affecte les relations  sociales y compris jusque dans la sphère familiale. Ainsi, dans le film : « Altas presiones », le jeune protagoniste principal du film se trouve miné par l’ampleur des difficultés quotidiennes. Dans « Techo y comida », une jeune mère techocélibataire avec enfant, victime du chômage massif ne peut faire face, ne parvient pas à construire une vie digne à cause du manque de perspectives. Du jour au lendemain, elle se retrouve avec son fils à errer sur les routes. Une longue descente aux enfers commence.

Dans « Otoño sin Berlin », des jeunes en difficultés sont dans l’incertitude de bâtir leur avenir. Cela provoque des ruptures dans les relations familiales, jusqu’à les empêcher de vivre des relations affectives durables…berlin

Vu d’Annecy, ces situations ne peuvent que nous interpeller. Et si jamais cela pouvait survenir ici ? Il y a quelques années, dans notre région nichée au cœur des belles montagnes, on ne se sentaient pas concernés et bien à l’abri : «  L’Espagne c’est loin !!! ». Mais la crise s’aggravant sous la pression des directives européennes, des multinationales et leurs grands marchés…avec la perte des droits sociaux (cf Loi Travail) ; le pire est à venir !

 

La vie de milliers de personnes sacrifiée par le monde de la finance

le-peliculaCela s’accélère avec l’émergence de scandales financiers, l’évasion fiscale. Des ministres et des chefs de gouvernement sont aux avant-scènes. Ainsi, le film : « Pelicula », nous en fait l’écho. On comprend pourquoi le cinéaste  David Ilundain eut du mal à le distribuer.

On ne peut que saluer le travail courageux du cinéaste Marcos M.Merino, pour son film : « Remine, el último movimiento obrero ». Admiration pour l’engagement courageux et humaniste de ce jeune cinéaste ; nous faisant découvrir le combat acharné des mineurs de charbon des Asturies qui défendent l’emploi de toute leur région ainsi que ceux d’autres bassins de l’Espagne, face aux décisions de Bruxelles, car ailleurs on trouve moins cher et on peut délocaliser. La population se montra solidaire, car il en allait de l’avenir de la jeunesse.

Le silence orchestré des médias de l’époque fut impressionnant.greve

Pourquoi aucune information ne nous est parvenue, face à l’ampleur de ce désastre économique de 2012 ? Sans doute, pour que les citoyens, citoyennes n’établissent de relations entre toutes ces situations ; celles de Grèce, d’Italie, d’Espagne, du Portugal…

Comme une chape de plomb, pour que les peuples ne se révoltent pas et attendent sagement, les empêcher d’imaginer d’autres possibles, et pouvoir remonter la pente avec espoir

Auteur: Colette CHARLET

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