Une des nouveautés de la rentrée dans les collèges : les EPI.
Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, dits EPI, sont une des principales nouveautés de cette rentrée 2016 dans les collèges.
Ils doivent être mis en place à partir de la cinquième dans le cadre de la réforme du collège dans le but, nous dit-on du côté de l’inspection académique, de « donner du sens »aux apprentissages, de « contextualiser » les connaissances et de favoriser le travail en groupe.
Huit thématiques donnent un cadre à ces modules interdisciplinaires : « développement durable », « sciences et société », «corps, santé et sécurité», « information, communication, citoyenneté », « culture et création artistique », « monde économique et professionnel », « langues et cultures de l’Antiquité », « langues et cultures régionales et étrangères ».
De la cinquième à la troisième, les élèves devront choisir au moins deux de ces huit modules et deux heures par semaine seront consacrées à chacun d’eux.
Chaque module recoupe plusieurs matières traditionnelles et les professeurs de toutes les matières devront s’organiser pour traiter ces thématiques.
Sous des apparences tout à fait intéressantes du point de vue théorique, cette nouveauté pose de nombreux problèmes pratiques et cache, peut-être, des buts moins avouables.
Surtout si nous savons qu’un seul professeur sera présent lors de ces séances (ou, du moins, qu’un seul sera rémunéré.)
Il est clair que même si toutes les matières sont invitées dans ces EPI, beaucoup seront absentes et leur enseignement se verra donc diminuer.
On peut donner l’exemple d’un module proposé aux élèves de troisième du collège Lucie et Raymond Aubrac, à Paris. Il consistera en la création d’un jeu vidéo et associera par conséquent l’histoire, la technologie, la musique, les arts plastiques et le français. Comment le professeur de chacune de ces matières pourra-t-il intervenir si un seul est censé être présent à chaque séance ?
Il s’agit non seulement d’un casse-tête pour lequel les professeurs n’ont pas été formés mais surtout d’une façon habile de maintenir des horaires théoriques pour chaque matière tout en faisant en sorte que, pratiquement, ces horaires soient diminués.
Du point de vue pédagogique, les effets escomptés ne sont pas très clairs, surtout que, comme nous le savons, ce qui manque le plus aux élèves, ce sont les approfondissements dans chaque discipline, mais du point de vue comptable, ce sera certainement une réussite.
Nous pouvons être sûrs que ces nouveautés ne demanderont aucune augmentation du budget pour l’éducation des futurs citoyens et que l’Etat sera donc en mesure de consacrer un peu plus d’argent au remboursement de sa dette auprès des banques privées.
Du côté des enseignants, même si, officiellement, seulement 10 % des établissements résistent à la réforme, parler de réticences serait un euphémisme.