La « théorie du ruissellement » entre autres absurdités de la pensée captive du néo-libéralisme.
Le ruissellement.
La catastrophe la plus grave provoquée par le néo-libéralisme est une catastrophe intellectuelle, elle touche la population dans sa grande majorité du fait du matraquage des médias depuis maintenant plusieurs décennies et frappe plus particulièrement ce qui s’appelait il n’y a pas si longtemps la gauche: le vocabulaire est devenu néo-libéral, tout se pense en termes de marchés et de compétitivité, rien ne se conçoit en dehors de la libre circulation des capitaux et de la concurrence libre et non faussée.
Il semble devenu évident que le travail est le problème. Trop cher, il doit absolument être effectué soit par des machines ou des robots, soit par des humains qui se comportent comme des machines ou des robots, qui ne tombent pas malades et qui n’ont pas de revendications qui pourraient freiner les profits des entreprises et surtout des investisseurs. La loi travail Gattaz-El Khomri en est l’exemple typique, elle qui se donne pour le seul moyen de faire baisser le chômage, sous-entendant ainsi que du travail, il y en aurait mais pas pour des travailleurs qui exigeraient d’être respectés comme des humains.
La théorie du ruissellement a complètement colonisé les esprits, faisant croire que le seul moyen pour les pauvres d’être un peu moins pauvres serait de profiter des miettes que les riches ne manqueront pas de laisser tomber de la table si, et seulement si, celle-ci est garnie à profusion.
S’appuyant sur la métaphore de la gravitation universelle, la doctrine libérale voudrait nous faire croire, et elle y réussit trop souvent, que la richesse ne peut que venir d’en haut et qu’il faut donc que les riches soient encore plus riches pour que les pauvres soient un peu moins pauvres.
Cette vérité de toujours, à savoir qu’il n’y a pas de richesse sans travail, que seul le travail crée la richesse, est totalement occultée. Cette évidence, que la richesse des riches ne peut venir que des prélèvements opérés sur le travail, a été voilée.
Pourtant la richesse ne tombe pas du ciel, elle y monte et par un effet de pompage qui, très poétiquement porte le même nom que ce qui élève l’oiseau vers les hauteurs, le vol.
Les capitaux sont libres les hommes sont enfermés derrière des murs et on ne pourrait pas imaginer une autre forme d’internationalisme !
Si ! L’alternative à l’austérité progressive existe. Les soi-disant « réformes » destinées à moderniser la société (entendez à la rendre de plus en plus conforme au modèle néo-libéral où seul le « ruissellement » est envisagé comme moyen de répartir la richesse) ne sont que des manœuvres pour nous faire avaler des couleuvres.
Nous devons sortir des schémas pré-pensés, des tabous européistes et de l’idée à la mode selon laquelle la démocratie serait une utopie dépassée.
Ecoutez, à ce sujet, l’Intervention de Frédéric Lordon.
Lire:
- Le Grand Bond en arrière, Serge Halimi, 2004 (réédité en 2006 et augmenté en 2012).
- La Fable des abeilles, Bernard Mandeville, 1714.
- Les riches font-ils le bonheur de tous ? Zygmunt Bauman, 2014.
le ruissellement.