Gaz de schiste, le retour ?
Extrait de L’écho des forages N°21, Janvier 2016.
Le 22 décembre 2015, le tribunal administratif de Pontoise rejetait la demande de la société Schuepbach de récupérer ses permis de recherche de Nant (Aveyron) et de Villeneuve-de-Berg (Ardèche). À la suite de quoi cette entreprise américaine réclame quand même 117 millions d’euros de dommages et intérêts…
Tant que le grand marché transatlantique (TAFTA pour les intimes) n’est pas signé, il appartient encore aux tribunaux français d’en juger et pas à une instance arbitrale privée. On peut donc rester relativement confiant.
Mais le 8 janvier 2016, le rapporteur du même tribunal préconise de redonner à Total le permis de Montélimar situé à côté des deux permis retirés à Schuepbar et qui s’étend sur cinq départements (Ardèche ,Drome, Gard, Vaucluse et Hérault). Le tribunal doit délibérer fin janvier mais il suit, en général, l’avis du rapporteur.
La raison invoquée, alors que les conditions géologiques sont voisines : Total, contrairement à Schuepbach, a promis de ne pas utiliser la fracturation hydraulique. Comment feront-ils, alors qu’eux-mêmes ont reconnu qu’il n’y avait pas d’autres techniques opérationnelles ? Mystère… C’est la prime à l’hypocrisie permise par la loi de juillet 2011.
D’autant que notre ministre de l’écologie a déclaré le 12 janvier 2016 devant le parlement que « toute nouvelle demande de permis de recherche d’hydrocarbures conventionnels sera refusée en France, en accord avec la loi de transition énergétique qui prévoit une baisse de la consommation des énergies fossiles. » Ni conventionnel, ni gaz de schiste, ils cherchent quoi finalement chez Total ? Des truffes ?
On sait que le gaz de schiste provoque des pollutions dangereuses pour la santé, des séismes, que le méthane est un gaz à effet de serre pire que le CO2 et peut provoquer des catastrophes environnementales comme actuellement en Californie.
On sait aussi qu’avec la baisse du prix du pétrole, les hydrocarbures de schiste ne sont plus du tout rentables et que leurs exploitants ont de plus en plus de difficultés financières.
S’agit-il alors pour Total et consorts de prendre date en espérant la remontée des cours du pétrole (que la réintroduction de l’Iran sur le marché ne va pas accélérer) ?
Ou bien d’anticiper la signature des accords de libre-échange, TAFTA et CETA en particulier, qui rendraient caduque la loi de juillet 2011 ?
Dans tous les cas, il faut rester vigilants.
PS: un grand rassemblement est prévu le 28 février à Barjac (Gard)
Source : l’écho des forages N° 21, janvier 2016.( Bulletin de liaison du Collectif Non aux gaz de schiste. Pays de Savoie et de l’Ain. Contact : bureau_ngds_psa@yahoogroupes.fr )