« Après l’enlisement du dialogue social, voici l’enterrement du débat citoyen. » par Raoul-Marc Jennar
En avril dernier, la Confédération Paysanne, au nom des associations, syndicats et partis politiques du collectif « Stop TAFTA » du Lot et Garonne avait pris contact avec le Cabinet de Mr Matthias Fekl, Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur et à ce titre responsable du dossier TAFTA. L’intention était d’organiser un débat citoyen afin de permettre une meilleure information sur un projet qui concerne la vie de tout un chacun et sur lequel règne la plus grande opacité. En aucun cas, il ne pouvait s’agir d’un débat électoral ou d’une polémique politicienne.
Le collectif « Stop TAFTA » du Lot et Garonne m’avait demandé de le représenter pour exprimer les interrogations, les craintes et les rejets que justifie ce projet qui va gravement affecter l’emploi dans l’agriculture et les PME, qui va remettre en cause les normes sociales, sanitaires, alimentaires culturelles et techniques en vigueur en France et qui va amputer considérablement la souveraineté de notre peuple. Après de longs mois de tractations, une date – le vendredi 13 novembre – avait été proposée par le Cabinet de Mr Fekl. Un lieu avait été retenu : le centre culturel de Samazan, dans la circonscription de Mr Fekl.
Hier, le Cabinet du Secrétaire d’État a fait savoir que, puisque je ne suis pas un élu, je ne suis pas qualifié pour dialoguer avec lui. Ainsi donc, un ministre de la République ne dialogue pas avec un simple citoyen, celui-ci fut-il mandaté par un large collectif d’organisations. Pourtant, Mr Fekl ne cesse d’invoquer la nécessaire transparence qui devrait accompagner les négociations du TAFTA. Le double langage dont il est coutumier continue. Après l’enlisement du dialogue social, voici l’enterrement du dialogue citoyen.
Raoul Marc Jennar
Docteur en science politique
Essayiste, auteur de « Le grand marché transatlantique. La menace pour les peuples d’Europe »