Où finit la propagande ? Où commencent la discussion et l’éducation populaire ?

On a tendance à penser que ceux qui soutiennent des idées différentes des nôtres, ou opposées, font de la propagande alors que nous faisons de l’éducation en défendant nos points de vue.

Quand nous entendons, par exemple, le discours du Front National, la question que nous nous posons est celle-ci : « celui qui parle est-il un pervers qui exprime sa mauvaise foi ou un imbécile qui ne sait pas ce qu’il dit, qui a oublié de réfléchir ou qui est mal informé ? »

Mais quand nous défendons nos idées, nous sommes convaincus d’être du bon côté et que tout individu informé et de bonne foi devrait partager notre avis.

La question est de savoir pourquoi, en vérité, nous tenons ce discours là et pas un autre. Pourquoi celui-ci milite au PS, celui-là au PC, celui-là aux Républicains, au PG, etc..?

Les raisons que nous nous donnons ne sont recevables, en général, que par ceux qui sont d’accord avec nous. Nous voulons l’égalité, par exemple, parce que dans le milieu où nous vivons l’égalité nous a été présentée comme une valeur à défendre ou bien parce que nos lectures nous ont amenés à reconnaître cette valeur et  nous avons choisi nos interlocuteurs parmi ceux qui ont fait le même choix.

Mais certains considèrent que l’égalité de traitement entre les hommes est une mauvaise chose parce que tous les hommes, étant inégaux par leurs capacités et leurs jugements, ne méritent pas les mêmes avantages. Les uns sont plus courageux ou plus intelligents ou meilleurs et il serait injuste de les traiter de la même façon que les autres qui ne font rien, ne comprennent rien ou sont malveillants. Pourrons-nous discuter avec ceux qui soutiennent cette thèse?

Il faut bien reconnaître, en effet, que les choses deviennent plus compliquées si nous essayons d’expliciter les vraies raisons de nos choix. Nous devons faire de la sociologie, de la psychologie, de la philosophie mais aussi de l’économie, de l’histoire… afin de comprendre plus clairement les conditions de notre coexistence entre peuples et entre individus et d’envisager les meilleures façons possibles de vivre ensemble.

Quand nous émettons des opinions politiques nous faisons de la propagande.

Quand nous expliquons les raisons profondes de nos choix politiques, là, nous faisons de l’éducation populaire.

Quant nous émettons des opinions politiques, nous nous adressons à ceux qui les partagent et nous nous opposons aux autres que nous considérons comme nos adversaires.

Quand nous expliquons les raisons de nos choix, là, nous nous adressons à tout le monde, nous n’avons plus ni partisan ni adversaire, nous discutons entre hommes doués d’intelligence, entre semblables.

Pourquoi nous précipitons-nous dans les paroles partisanes ?

Pourquoi, si souvent, utilisons-nous notre intelligence uniquement pour soutenir notre parti-pris ?

Il n’y a pas de doute que le moyen le plus simple d’avoir raison de quelqu’un, c’est de le supprimer et, politiquement, l’accomplissement de la propagande n’est rien d’autre que la guerre.

Nos partis politiques ne font que ça, de la propagande.

Nos gouvernements ne font que ça, des guerres, idéologiques, économiques et militaires.

Quant à l’éducation et à l’apprentissage de la réflexion, l’idéologie dominante nous a appris à les tenir pour des pertes de temps ou des comportements prétentieux s’ils ne sont pas directement utiles a l’économie, s’ils ne produisent pas de profit pour les investisseurs.

Quant à la philosophie, nous nous dépêchons de la dévaloriser pour ne pas avoir à prendre conscience de notre fuite devant l’effort intellectuel.

Pourtant, il n’y a pas de doute que, si doués qu’ils soient pour la propagande, nos ministres, nos présidents, nos financiers, nos commissaires européens… seraient facilement convaincus d’incohérences devant un discours réfléchi.

Nous savons bien que la politique menée par les puissants de ce monde est une guerre contre les peuples et une faute contre l’intelligence.

Il n’y a qu’une seule façon de tuer la guerre et donc la politique actuelle de L’UE et des multinationales mondialisées et c’est d’en révéler la bêtise, la mauvaise foi, le ridicule et le danger sans attendre, comme d’habitude, que l’Histoire s’en charge.

C’est pourquoi il est si important de faire en sorte que l’école reprenne sa fonction essentielle de formation à la pensée libre, laïque et critique et cesse d’être perçue comme une simple préparation à la formation professionnelle et comme un outil de sélection pour justifier le chômage.

C’est pourquoi il est impératif de fuir ceux qui nous proposent des opinions toutes faites (les partis politiques) et de se remettre sans cesse à l’écoute des penseurs (les philosophes des lumières, par exemple) qui nous donnent les moyens de penser vraiment par nous-mêmes.

Auteur: librinfo74

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