Le mouvement de concentration des mutuelles est-il inéluctable ?
Depuis 2006 le nombre de mutuelles a diminué de moitié, souvent par un processus de fusion-absorption aux conséquences multiples.
Le groupe Harmonie est né de ce mouvement de concentration réalisé en 2012 entre cinq mutuelles. Il a engagé des négociations exclusives avec le groupe Mgen ce qui semble indiquer que le mouvement de concentration n’est pas achevé.
Dés 2004 Prévadiés et Harmonie Mutualité créaient Harmonie Mutuelles. Ils furent rejoints par Releya (2005), puis les années suivantes par la Mutuelle Nationale Aviation Marine, Alèis Mutuelles, Mutuelle Existence et d’autres mutuelles de moindre importance formant un groupe puissant mais relativement hétérogène. Il a lancé, en partenariat avec Malakoff Médéric, Kalivia un réseau d’opticiens agréés.
De son côté le groupe Mgen, issu du syndicalisme enseignant et très implanté dans le secteur de l’éducation où il gère également le régime obligatoire, a évolué et s’est intégré au groupe Istya (regroupement de mutuelles du secteur public).
Aujourd’hui quelles sont les raisons qui poussent les deux groupes à se rapprocher (ils se défendent de l’idée d’une fusion pure et simple) ?
Selon Joseph Deniaud (président d’Harmonie Mutuelle ) : « il ne s’agit pas d’une simple adjonction de chiffres d’affaires et de structures, le rapprochement avec la Mgen s’affirme comme une vraie réponse mutualiste aux enjeux d’aujourd’hui ».
Pour les responsables de la Mgen les deux groupes ont des atouts complémentaires (Harmonie Mutuelle a plus d’adhérents et une expertise en matière de contrats de groupe, la Mgen a une expertise en matière de contrats individuels et plus de réserves financières).
Cette réponse ne lève pas toutes les ambiguïtés et des adhérents de la Mgen, au cours des Rencontres Mutuelle, ont manifesté interrogations et inquiétudes sur les conséquences pour les adhérents et les personnels de ce rapprochement qui ne se veut pas une fusion-absorption. D’autant que la Mgen est entrée dans une phase de « rénovation » interne qui devrait substituer, dés 2016, quatre offres différentes (avec une protection plus ou moins forte et des cotisations différentes) au lieu de l’offre globale existant depuis des années et une augmentation des cotisations plus fortes que les précédentes surtout pour les retraités.
Le processus de concentration est-il pour les mutuelles une solution respectueuse de leurs valeurs ou bien risquent-elles de perdre leur spécificité dans ce mouvement et finir par ressembler étrangement aux autres entreprises exerçant dans ce secteur de la complémentaire santé et de la prévoyance?
Jean-Pierre RICHAUDEAU