« L’ère du peuple » de Jean-Luc Mélenchon. Notes de lecture.
Je viens de lire le livre de Jean-Luc Mélenchon : « L‘ère du peuple. »
J’en retiendrai deux points qui m’ont particulièrement intéressé.
Le premier consiste en l’analyse de la situation économique et stratégique mondiale à partir du rôle des USA (Le retournement du monde. Chapitre quatre pages 63.)
Les États-Unis se sont attribué cet avantage exorbitant sur tous les autres Etats, de pouvoir émettre leur propre monnaie, le dollar, sans aucune contrepartie réelle, et de l’avoir imposé comme monnaie d’échange internationale, en particulier pour le commerce des hydrocarbures.
C’est ainsi que la quantité de dollars circulant dans les transactions financières constitue une bulle creuse, ne correspondant à aucune richesse réelle et pouvant crever à chaque instant à l’occasion d’une crise qui révélerait l’illusion sur laquelle repose la puissance économique de l’empire.
Cette crise, les USA doivent l’éviter à tout prix et ils n’ont pour cela qu’une solution, remplacer la contrepartie économique de leur monnaie par une contrepartie stratégique. Entendez par là que la valeur du dollar ne peut être maintenue que par la guerre et la menace militaire.
Les USA mettront la planète à feu et à sang, et ils se sont donné les moyens de le faire, plutôt que de se retrouver ruinés par un effondrement de leur monnaie.
C’est pourquoi ils entretiennent aux quatre coins du monde des foyers de violence.
Nous vivons sous cette menace et toute la politique occidentale s’explique par la volonté de ne pas provoquer la catastrophe qui nous précipiterait avec eux:
ne pas remettre en question la puissance de l’empire, obéir aux directives de Washington par l’entremise de la puissance financière organisée sous la bannière du FMI, de la banque mondiale et des instances du libre-échange obligatoire (qui n’est libre que pour ceux qui l’imposent aux autres pour les soumettre à leurs intérêts.)
Ainsi Jean-Luc Mélenchon nous enjoint-il de regarder l’avenir mais ne cache pas que ce qui s’y profile est effrayant.
Le deuxième point qui m’intéresse, c’est ce que nous propose J.L. Mélenchon pour faire face au monstre économico- militaire : le front du peuple.
Parti de gauche, du front de gauche, Jean-Luc Mélenchon suit cette mode, lamentable à mes yeux, qui consiste à dire que les notions de gauche et de droite sont dépassées et qu’il faut faire confiance au « peuple ».
« Le peuple est le sujet de l’histoire contemporaine »(le peuple et sa révolution. Chapitre sept pages 119.)
« Après la gauche, le peuple souverain »(p.30)
« le système n’a pas peur de la gauche, il a peur du peuple. »(p.32)
Certes, quand on constate que le PS, qui se disait de gauche, fait une politique de collaboration avec l’oligarchie dominante (une politique de droite) tandis que le FN à l’extrême droite tient des propos favorables à une partie des classes dominées (une partie seulement, les bons français) donc des propos qui ressemblent à ceux de la gauche d’autrefois, on est un peu dans la confusion.
Mais je voudrais bien savoir qui est le peuple, ce qui l’identifie, ce qu’il veut et surtout s’il veut quelque chose et quoi ?
Je vois dans le peuple des gens qui veulent la justice et l’égalité et des gens qui veulent consommer et gagner de quoi exploiter les autres. J’en vois qui haïssent l’oligarchie, j’en vois qui l’ admirent et ne demandent qu’à en faire partie.
Le peuple n’existe pas comme entité unie, identifiable, c’est une masse inerte agitée de courants divers et contradictoires au gré des croyances, des idéologies et des propagandes, c’est un amas d’individus dont chacun n’a d’autre but que sa propre conservation et son confort personnel.
Il y avait jusqu’à présent un peuple de gauche qui se reconnaissait par une culture de gauche qui prônait des valeurs de gauche : liberté, égalité, solidarité, juste répartition des tâches et des richesses, droit à disposer de soi et à choisir ensemble ses institutions…
Mais il y avait aussi un peuple de droite et même d’extrême droite, un peuple au sens ethnique prônant des valeurs de droite : supériorité de certains sur les autres, malheur aux faibles, gloire aux forts ! Obéissance au chef ! Sélection et hiérarchie.
Il n’y a pas de peuple, M. Mélenchon, il y a des cultures et la culture républicaine s’apprend à l’école.
L’école, malheureusement, il n’en est pas question une seconde dans votre livre. Ne faudrait-il pas pourtant commencer par là ?