Le camp Roms du terrain GRDF à Cran-Gevrier évacué par la police.

 

La police annécienne exécute la décision judiciaire d'évacuation du terrain appartenant à Gaz de France en présence des services sociaux de l'État, de la police des Frontières et du soutien logistique de la gendarmerie.

Ce matin 11 octobre, Anne Coste de Champeron, directrice de cabinet du Préfet, est satisfaite des conditions dans lesquelles se déroule l’évacuation d’environ 25 Roms – la plupart de nationalité roumaine et quelques hongrois – du terrain GRDF, même si, comme elle le souligne :  « cette opération n’est jamais très agréable à réaliser, mais nous ne pouvons pas accepter que des personnes, dont des enfants, puissent vivre dans des conditions sanitaires exécrables sur un terrain jonché de détritus.« 

Une enfant Rom, élève de 6ème, en retard à ses cours, va rejoindre son établissement. On reconnaît M. Ultsch, Directeur départemental de la cohésion sociale et Mme Coste de Champaron, chef de cabinet du Préfet

Pour étayer ses dires, la représentante du Préfet – qui refuse à la presse l’accès au terrain -montre sur son portable des photos qu’elle a prise elle-même sur le site.

Une exécution de justice

Cette évacuation répond à l’exécution d’une ordonnance de justice datée du 7 novembre 2011. L’État aura donc mis presque un an pour appliquer cette mesure, ce qui traduit son embarras devant la situation créée par l’émigration des Roms  à moins que cela ne lui ait permis de mieux contrôler cette population.

Un travail social en amont

Depuis le 17 septembre, suite aux nouvelles directives gouvernementales, les services de l’État de la Cohésion sociale, ont établi un diagnostic sur la situation de la population Rom installée sur différents lieux identifiés, dont le terrain appartenant à GRDF (Gaz de France).

Un changement de ton depuis le nouveau gouvernement.

Force est de constater que depuis la publication de la circulaire inter-ministérielle du 26 août 2012, l’attitude de la Préfecture de Haute-Savoie a beaucoup changé en donnant à ses services sociaux la maîtrise de la situation, alors qu’auparavant le répressif avait force de loi. La directrice de cabinet précise, non sans une certaine fierté, que ce n’est pas la cas de tous les départements. « Le Préfet a décidé de confier cette mission à Monsieur Ultsch, directeur départemental de la cohésion sociale.(…)  Dans le cas de cette évacuation, nous avons tenu à laisser agir les services sociaux et la police. La présence discrète de la gendarmerie a plus un rôle préventif que répressif. »

Relations plus apaisées entre les associations et la Préfecture.

Le courant passe mieux entre la nouvelle chef de cabinet et les représentants des associations de soutien aux familles Roms. On assiste même à un début de contact entre deux mondes qui jusqu’à présent s’opposaient frontalement.

Dans un communiqué, Anne Coste de Champairon explique que « la Direction départementale de la Cohésion sociale (DDCS) a été chargée de coordonner un travail collectif en partenariat avec les services compétents en matière sociale, éducative et sanitaire de l’État et des collectivités territoriales concernées, à savoir le Conseil Général et la ville de Cran-Gevrier, pour analyser les situations de chacun et identifier des perspectives de solutions adaptées.

Les associations qui accompagnent les habitants de ce campement ont également été reçues le 2 octobre par la Préfecture, apportant ainsi leur contribution au diagnostic. »

Des solutions contrastées : douceur et répression

M. Ultsch en conversation avec la famille Rom qui sera hébergée à l'hôtel.

Une famille de quatre personnes dont les enfants sont scolarisés et qui « témoigne d’une forte volonté d’intégration » a été logée dans un hôtel à titre provisoire en attendant un logement social. Un projet d’insertion avec le concours de Pôle emploi est également prévu.

Cette mesure sociale a son revers répressif puisque, en même temps, un certain nombre de personnes en situation irrégulière – dont le nombre n’a pas pas communiqué – doivent quitter le territoire sous 30 jours. Une personne est en rétention à Lyon pour être expulsée.

Le diagnostic ne sera pas facile.

On ne peut reprocher à la directrice de cabinet une bonne volonté évidente pour prendre en charge la question de la population Roms. Énarque, elle a travaillé auparavant dans le domaine culturel ce qui lui a sûrement apporté une certaine sensibilité. Cependant, la tâche sera rude et tout dépendra des moyens mis à disposition par l’État et par les collectivités territoriales pour répondre aux conditions d’intégration. Des collectivités locales dont la volonté politique risque de faire défaut.

Quels moyens seront-ils mis en œuvre pour appliquer la nouvelle politique gouvernementale ?

Le diagnostic de la population Rom estimée à plus d’une centaine dans l’agglomération annécienne – population dissiminée dans les moindres recoins des terrains vagues ou des parkings –  ne sera pas chose facile pour l’État, comme le craint Bernard Bauloz, membre du collectif de soutien aux familles Roms. Même s’il apprécie actuellement les méthodes apaisées que l’État met en œuvre, contrairement à celles brutales utilisées en avril lors de l’évacuation des familles du terrain de la gare d’Annecy, il reste dubitatif sur les solutions pérennes que les pouvoirs publics devront trouver pour l’ensemble des familles :
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Auteur: gfumex

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