SANTE ET PROTECTION SOCIALE EN DANGER

Retrouvez tous les articles parus sur la Mutuelle de France Unie

Dans le cadre d’un partenariat avec les mutuelles de France, nous produisons une série d’articles mettant en valeur la défense de notre sécurité sociale et la primauté des associations mutualistes face aux grands groupes financiers libéraux de l’assurance privée qui ont développé des offres de santé.

Ces articles ont pour objet d’alerter les citoyens sur cette situation et sur la politique
néolibérale des gouvernements successifs qui ont mis, et qui mettent toujours en péril, nos services publics de santé, que ce soit l’hôpital public, les systèmes préventifs de santé dans l’éducation nationale, l’abandon de la médecine du travail…

Cette dégradation délibérée des services public ont pour conséquence de favoriser le système privé de santé et les grands laboratoires pharmaceutiques en montrant que le service public n’a plus les capacités de répondre aux enjeux sociaux de notre société.

N’hésitez pas à vous emparer du sujet en donnant votre avis, des éléments complémentaires d’informations; mais aussi des sujets d’articles ou d’enquêtes que nous pourrions réaliser.

 

Le nomadisme des adhérents pénalise le modèle économique vertueux des Mutuelles de France.

Depuis octobre dernier, les adhérents des mutuelles santé peuvent rompre à tout moment leur contrat santé. « Que choisir », l’association de défense des consommateurs encourage cette possibilité. Un son de cloche très différent du côté des Mutuelles de France Unies qui se retrouvent pénalisées par un énorme surcoût de gestion due au nomadisme des adhérents.

 « Aux permanences de Que Choisir à Annemasse ou Annecy, nous avions de temps en temps de personnes qui voulaient changer de mutuelle et avaient été démarchées par une nouvelle » raconte Jacques Wilhelm, en charge des litiges d’assurances à Que Choisir en Haute-Savoie. Souvent « les gens se retrouvaient avec deux contrats et deux montants de cotisations à payer jusqu’à la prochaine échéance, sans comprendre que l’on peut changer d’assurance rapidement pour sa voiture ou sa maison, mais pas pour sa santé. C’était compliqué » raconte encore le militant pour qui ce changement est un plus pour les consommateurs. Jusque-là captifs, ils doivent toujours faire face à « les contrats illisibles avec une augmentation des prix annuel d’environ 4% par an. Plus de concurrence devrait inciter les mutuelles à plus de transparence pour assurer une meilleure couverture à chacun » estime Lauriane Le Menn chargé de mission santé au sein de l’ UFC. Dans cette optique l’association incite chacun à regarder précisément ses besoins en évitant «de choisir la moins chère qui risque d’être vide et la plus chère où l’on croit abusivement qu’il y a tout », dit-elle. Même si trouver, la meilleure couverture adaptée ne reste pas une sinécure, notamment sur Internet, « où il est difficile de faire des comparaisons avec des tableaux de remboursements loin d’être unifiés et difficilement accessibles sans laisser ses coordonnées pour être recontacté » regrette Laurianne Le Menn qui conseille de regarder avant tout le taux de redistribution des mutuelles qui varient de 88% à 69% !

 Un nomadisme préjudiciable pour les mutuelles de France

Les mutuelles de France elles, ont un taux de redistribution de 88 % mais malgré ce très bon point elles craignent quant à elles que ce changement au niveau de la résiliation du contrat entraîne un grand nomadisme des adhérents qui peuvent désormais radier leur adhésion à tout moment « Cela crée des consommateurs qui ne viennent que pour consommer et non pas adhérer comme chez nous. Cela casse toute forme de solidarité dont est porteur l’esprit de notre mutuelle, le bien portant qui aide le malade et le plus jeune et le plus ancien» estime François Balay, président d’Alternative mutualiste, la voix « politique » des mutuelles pour la défense de la Sécurité Sociale « qui dans l’esprit de la résistance qui l’a créé est à l’inverse de l’individualisme ambiant » explique le président.

Même réticence de Jean-Jacques Verchay président de la mutuelle de France unie qui estime que déjà la rotation des adhérents est plus rapide aujourd’hui qu’il y a dix ans « notamment au profit de grands groupes qui ont les moyens de faire de la publicité.  La mutuelle redistribue à 82 % mais ça peut descendre à 55 pour certains assureurs
Les assureurs peuvent appliqués les prix qu’ils veulent en fonction des individus donc si on est en bonne santé ou si on a d’autres contrats on peut bénéficier d’une baisse de cotisation
Les frais de gestion sont beaucoup plus important sur un contrat entrée de gamme que sur un contrat haut de gamme puisque que le coût de gestion est supporté par une assiette de cotisations plus importante 

Nous nous avons des frais de développement, des agences, des conseillers. Ces frais d’acquisition se montent entre 800 et 1 000 € par adhérent. Ce sont des chiffres vérifiés au niveau national. Si l’on doit les amortir sur une période plus courte, pour les adhérents fidèles cela se traduit par une augmentation des frais de gestion donc un coût plus élevé » craint-il.

Choqués par cette idéologie libérale, « où le consommateur doit avoir un service au coût le plus bas possible, mais l’on a vu ce que cela donnait dans l’alimentation » soulignent les représentants mutualistes, ils rappellent que la mutualité ne fait aucun bénéfice et qu’au-delà des frais de gestion tout passe dans la protection des adhérents.

Annick Mossaz

 

Un manque de moyens criant pour la prise en charge psychologique des jeunes

La Covid a un effet massif sur l’émergence de problèmes psychologiques chez les enfants et les jeunes adolescents comme le témoigne Morgane Baudais, pédopsychiatre au centre médico-psychologique (CMPI) du Val Vert à Seynod.

Morgane Baudais, pédopsychiatre

«La Covid a créé une vague psychiatrique majeure, du côté des enfants et des jeunes, aussi» témoigne Morgane Baudais, pédopsychiatre aux centres médico-psychologique infantile (CMPI), deux unités d’accueil en ville de l’hôpital d’Annecy l’une basée à Seynod (Val Vert) et l’autre à Epagny Metz-Tessy (Sextant dans le Park Nord), « Nous aurons en 2021, deux fois plus de demandes qu’en 2019 » témoigne la jeune médecin

Ainsi ces unités accueillent pour moitié des jeunes enfants à partir de 2 ans et des adolescents entre 11 et 18 ans qui viennent, soit spontanément avec leur parents, soit par l’intermédiaire de l’école ou les services sociaux .«La Covid a augmenté leur stress, a accentué le sentiment de solitude et la peur globale » souligne-t-elle en constatant « quatre fois plus de troubles anxieux qui peuvent avoir un impact important, notamment à l’école. Elles sont le lit de phobie scolaires, qui représente une demande sur cinq » dit-elle ».

Les troubles anxieux à l’adolescence, exacerbés par le covid, Souvent la Covid agit comme révélateur d’une insécurité plus profonde souvent lié à l’attachement, au sentiment de sécurité qui se joue au niveau familial. «Avec nos patients les plus jeunes, nous travaillons sur le lien parents-enfants.

Pour les adolescents, le principe de psychothérapie individuelle et de groupe nous paraît plus adapté, avec une approche corporelle pour les sécuriser et, apaiser leurs angoisses » souligne-t-elle. Pour répondre à l’explosion de la demande actuelle, le service a besoin de bâtir une équipe pluridisciplinaire afin de proposer un suivi ambulatoire complet moins lourd que l’hospitalisation.

Le service espère être retenu par l’ARS dans le cadre du financement des « 1000 jours », un appel à projets lancé par le ministère.

L’objectif, si le projet est accepté est « d’avoir, dès 2022, une réponse la plus efficace pour répondre à l’angoisse de ces jeunes ».

Annick Mossaz

 

Rencontre avec Morgane Baudais, pédopsychiatre

Suite à l’article d’Annick Mossaz, nous avons réalisé un série d’interview filmées sur la vague psychiatrique qui touche principalement les jeunes en 2021, la demande de moyens supplémentaires pour faire face à cette augmentation alarmante de souffrances psychiques révélées par le covid , le rôle d’une pédopsychiatre au sein d’un CMPI ( centre médico-psychologique infantile)et les objectifs d’un CMPI.

 

Vague psychiatrique en 2021 dont les jeunes sont victimes

 

Demande de moyens thérapeutiques supplémentaires au ministère de la santé sous forme d’appel à projet

 

Rôle d’une pédopsychiatre au sein d’un CMPI

 

Gérard Fumex

 

Auprès de l’association « Passage », des jeunes filles trouvent une réponse à leur mal être

 

Les éducatrices de l’association « passage » font un important travail auprès de jeunes qu’elles accueillent dans leur local situé av. de Chevêne près de la gare d’Annecy.

Un lieu où les jeunes se retrouvent en confiance et libèrent leur parole.

 

 

Gérard Fumex

Face au covid, des rencontres santé pour aider à réfléchir à une autre société

 

Fidèle à sa démarche d’éducation populaire, la Mutuelle de France Unie, a pris l’initiative d’organiser des rencontres santé sur le thème ”Covid19, Que faut-il en retenir”. Ceci, dans le prolongement des rencontres santé de 2019 sur la ”malbouffe” dont nous avions animé les tables rondes avec la diffusion de nombreuses interview

Ce 8 octobre, à Saint Jorioz, la MFU accueille un public désireux de s’informer sur les effets néfastes du covid19 dont les différentes populations, aussi bien adultes que jeunes, ont été les victimes.

Deux tables rondes ont réuni un panel d’intervenants qui, grâce à leurs expériences de terrain, ont pu répondre aux attentes du public .
Arnaud Chiche, médecin anesthésiste-réanimateur, président du collectif ”la santé en danger”, Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, Yvan Perez, secrétaire UD CGT74, Yves régent du Secours populaire, Juliette Duquesnes, journaliste, Agnès Demeyrier, de « Espace femmes », Laurence Marx, enseignante au Lycée Fauré et Nicolas Fieulaine, chercheur en psychologie sociale.

La présence de nombreux stands d’associations  souligne l’intérêt que porte la mutuelle sur l’énorme travail bénévole que ces militants de la société civile développent sur les champs de la solidarité, de la santé, et de l’environnement.

 

 

Étaient présents le « secours populaire, la « Fédération Nature Environnement », « La Ruche qui dit oui », « Colocaterre », « Réseau environnement santé », « espaces femmes », « LCE », « vétérinaires sans frontières, » Hélène Alter santé naturelle », « Alternative mutualiste », la revue « Bonne santé », la Fnath, « Union souffrance et travail », « Mutuelle de France Unie » et « librinfo74/AAPLE ».

 

Une parole libérée sans tabou

Jean-jacques Verchay

Le choix des intervenants a permis de découvrir la réalité brutale vécues par les soignants, qu’ils soient médecins, infirmiers ou infirmières, aide soignants, psychiatres ou psychologues. Une réalité confrontée à la réalité économique vécue par Yves Sergent du Secours populaire et expliquée par Henri Sterdyniak, économiste ”atterré”.

La journée fut présentée par Jean-Jacques Verchay, président de la MFU.

Juliette Duquesne

Puis, Juliette Duquesnes, journaliste indépendante, situa l’origine du covid 19 principalement par la perte dramatique de la biodiversité.

 

 

Arnaud Chiche

La première table ronde donna la parole à Arnaud Chiche,  à la parole brute de décoffrage, qet ui ne mâcha ses mots pour dénoncer la gestion gouvernementale catastrophique de la pandémie qui enfonça le monde soignant dans une crise épouvantable.

Le monde du travail ne sera pas épargné confronté aux différentes mesures gouvernementales prises à l’aveuglette face au virus.

Gérard Filoche

Une réalité décryptée par l’ancien inspecteur du travail, Gérard Filoche qui explique « qu’à tout point de vue, on assiste à une razzia de tous les moyens des salariés pour se protéger, s’organiser, et de résister à l’aggravation des souffrances au travail.

Un constat partagé par Yvan Perez, secrétaire UD CGT 74, avec le développement du télé travail, qui isole le salarié, le met dans l’impossibilité de se faire aider par des délégués du personnel et syndicaux dont le nombre à été drastiquement réduit par les nouvelles lois du travail mises en place par le gouvernement.

 

Yves Régent

En écho, les différents représentants du mode associatif insistèrent sur le développement de la précarité dû au Covid, une réalité décrite par Yves Régent du Secours populaire difficile à vivre pour les bénévoles : « Alors qu’il est déjà difficile de répondre à la demande pour 420  personnes en une semaine, vous réalisez la difficulté qui fut la nôtre pour assumer, trois semaines plus tard,  entre 2600 et 2800 personnes. »

 

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Agnès Demeyrier

Agnès Demeyrier, explique que son association, ”Espace femmes” , est devenue un refuge permettant à de nombreuses femmes de se protéger des violences de leur conjoint pendant le confinement.

Laurence Marx

Laurence Marx, professeur BTS au lycée Fauré, a rappelé que enseigner à distance n’a pas, tant s’en faut, la qualité de l’échange avec les étudiants.

 

Anne Lassman-Trappier

Si pour Anne Lassman-Trappier de la FNE, le confinement a eu l’immense avantage de bénéficier d’un air pur par la quasi absence de trafic automobile, cependant elle  regrette le côté très négatif du développement du « icommerce », avec le trafic des véhicules de transport et la consommation d’espaces naturels pour construire les immenses entrepôts de marchandises industrielles, comme ceux d’Amazon.

 

 

La deuxième table ronde permit de tirer des enseignements pour l’avenir

Nicolas Fieulaine

Nicolas Fieulaine, chercheur en psychologie sociale, regrette qu’on ait pas profité de ce moment pour organiser un autre rapport à la santé en la finançant correctement et mettant en valeur de nouveaux comportements de prévention. « La difficulté vient des politiques publiques et non de la simple motivation individuelle ».

 

Mélodie Rassat

Mélodie Rassat, psychologue clinicienne, a observé que des parents on découvert leurs enfants. « Souvent pour eux, ils les assimilaient à un bien de consommation comme avoir une belle voiture, un chien, un enfant…! » Ils ont pu aussi mesurer la difficulté d’enseigner à leur enfant et comprendre le discours de la maitresse que leur enfant avait besoin de soutien. » On peut espérer que ce nouveau rapport avec leur enfant leur permettra d’être beaucoup plus attentif à ses besoins réels.

 

Marie-Paule Thollon Behar

Marie-Paule Thollon Behar, docteur en psychologie et formatrice petite enfance, a pu constater les effets catastrophiques pour les jeunes enfants dans les crèches prioritaires qui perdaient l’apprentissage du langage avec le port du masque des éducatrices et l’absence de matériels éducatifs à cause du covid.

 

Joël Spiroux de vendômois

Joël Spiroux de Vendômois, docteur en médecine et spécialiste du génie génétique, est atterré que l’on continue à fermer des lits d’hôpitaux après avoir vécu la crise sanitaire. Il tient à modérer l’impact du nombre de morts par le covid en rappelant « qu’on a eu 110 000 morts du covid en 18 mois, alors que chaque année 165 000 meurent de cancers, et que l’on déplorent 360 000 nouveaux cas de cancers tous les ans. C’est inacceptable. »

Ce médecin souligne les effets des agents extérieurs sur le santé humaine que sont la « malbouffe » et les perturbateurs endocriniens qui diminuent notre système immunitaire. La solution sera de créer un vrai système de santé pour diminuer le coût social, financier et les souffrances des citoyens.

Henri Sterdyniak

Henri Sterdyniak, économiste atterré, souligne que la crise sanitaire n’a pas affecté l’économie française. « Fin 2022, on aura récupéré la situation économique d’avant crise, ce qui retarde la prise de conscience véritable rupture de notre modèle économique capitaliste ».

Pour cet économiste, le choix ne sera pas de continuer « comme avant » en développant un capitalisme technologique « vert », mais en instaurant les mesures radicales d’une certaine décroissance, d’une sobriété de consommation des biens manufacturés, pour sauver notre planète bien malade.

Gérard Fumex

 

Les soignants ne voient pas le bout du tunnel

Angelique Neutens, à gauche sur la photo

Epuisés par plusieurs mois de bataille contre la Covid, les soignants de l’hôpital d’Annecy se disent au bord de l’axphyxie, comme en témoigne Angélique Neutens, secrétaire générale de la CGT au sein de l’établissement du Change. Un épuisement pour les soignants qui ne voient pas le bout du tunnel !

« Après près de deux années de travail intensif avec la Covid, l’obligation de vaccination a été la goutte qui fait déborder le vase. Elle a entrainé la suspension de 50 agents sur 4 100 au total. Aujourd’hui les huit cent soignants du Change en ont ras la casquette, une cinquantaine sont en congés maladie et la perspective de la cinquième vague les submerge », avoue Angélique Neutens, secrétaire de la CGT à l’hôpital d’Annecy.

Selon elle, le personnel ne voit pas le bout du tunnel  et une intersyndicale a été formée pour tenter d’avoir plus de voix dans les instances de l’établissement.

 

Le personnel est démotivé

Au local syndical de la CGT « il n’y a pas une semaine sans demande de renseignement sur une mise en disponibilité, une mobilité où même une rupture de contrat ». Face au manque de personnel qui s’accroit, le syndicat s’insurge surtout contre la réaction de la direction de demander à « tous les temps partiels de travailler à 100% » Une solution vécue comme une intransigeance inacceptable par les concernés, le personnel étant soumis à des horaires infernaux. Ainsi « en réanimation néonatale par exemple, où le sous-effectif reste très important ceux qui restent font jusqu’à soixante heures par semaine. Et, il y a un moment où cela casse.

 

« Les gens nouvellement recrutés partent aussi vite qu’ils sont venus »

explique la responsable syndicale pour qui « la Covid n’a servi que de révélateur du malaise qui est déjà ancien à Annecy . Les sous-effectifs sont expliqués par la proximité de la Suisse qui paie trois fois plus avec des conditions de travail moins pires.

Mais pour la déléguée syndicale « c’est un faux prétexte, car beaucoup de collègues sont attachées au service public ». Le manque de considération et une direction des ressources humaines inhumaine serait la source de ces difficultés.

 

Le Ségur est un leurre

En plus les résultats du Ségur « n’ont pas été à la hauteur du rattrapage escompté avec une augmentation de 183 € par mois. Mais nous avions dix ans de gel d’indice et le déficit de salaire par rapport aux autres pays de l’OCDE était estimé à 300€. La grille des points d’indice a certes été réévaluée, Il y a de grosses augmentation en début de carrière, au point que les jeunes médecins qui arrivent sont mieux payés que ceux qui sont là depuis quatre ans et en fin de carrière deux échelons supplémentaires ont été rajoutés ce qui nous amène à 67ans !. Pour les infirmiers ou les aides-soignants, beaucoup sont lessivés avant et très peu vont jusque-là. Voilà les cadeaux que l’on nous a fait. Certes auparavant nous n’avions rien et maintenant tout n’est que communication et sur ce point Macron est très fort » se désole-t-elle. Au niveau des finances, il a un plan de retour à l’équilibre. Mais nous attendons toujours, la feuille de route de notre direction après que l’Ars ait donné 55 millions d’euros.

 

En attendant ce sont les patients qui font les frais de cette situation.

Au niveau gériatrique, « les entrées dans les Epad sont limitées et en cours séjour gériatrique toutes les consultations pour diagnostiquer la dépendance n’existent plus et l’on renvoie tranquillement les gens chez eux. La réanimation en néonatologie se fait à Chambéry faute de personnel à Annecy mais le transport reste un moment critique pour les enfants, tous les dialysés ont vu réduire leur nombre de séances et aux blocs, il y a un intérimaire par salle. Pour faire une radiographie, il y a un délai d’au moins un mois. Sans parler du paiement à prix fort d’une chambre seule pour le patient ou du parking qui coûte une blinde ! ».

 

Annick Mossaz

 

Réorganisation au forceps du secteur pédopsychiatrique à l’hôpital d’Annecy

Organisée jusque-là en secteur, le service de psychiatrie dont dépend la pédopsychiatrie s’apprête à lancer le regroupement, en un lieu unique encore à trouver, des trois centres médico psychologiques infantile du secteur d’Annecy pour un accueil selon l’âge des enfants. La motivation de l’hôpital est de réduire le temps d’attente à l’accueil, mais certains pédopsychiatres dénoncent surtout « une réforme qui piétine la loi et leur pratique de terrain pour de simples objectifs bureaucratiques et gestionnaires »

Après une inspection de l’agence régionale de santé (ARS) en 2019, qui a mis en avant un temps d’attente trop long de la prise en charge des jeunes patients, les trois centres médico-psychologiques du Val Vert à Seynod, du Sextant à Metz-Tessy et celui de Rumilly devraient se regrouper au sein d’un même espace encore à trouver au sein de l’agglomération annécienne .

 

Un projet « au forceps » que refusent les soignants

Lieux « pivots des soins » jusque-là pour les 0-18 ans touchés par des problématiques psycho-affectives et développementales, le personnel de santé proposent un accueil pluridisciplinaire issu d’une équipe, d’assistant(e)s social(e)s, d’éducateur(trice)s, d’infirmier(e)s, d’orthophonistes, de psychomotricien(ne)s de pédopsychiatres, de psychologues, et de secrétaires. Ces lieux sont les piliers de l’hospitalisation ambulatoire de secteur prévue dans l’organisation de la continuité des soins de la médecine psychiatrique.

La file active d’accueil de ces services était de 1448 jeunes patients en 2019, 1399 en 2020, avec une forte augmentation au niveau des adolescents en 2021 suite au Covid avec plus de 900 patients à la fin du deuxième trimestre 2021. Cette évolution a conforté la position de l’ARS, dans son analyse sur des délais de prise en charge trop long. Ainsi, le rapport d’activité du CMPI Le Sextant en 2017 mentionne des délais d’attente « variant d’un à six mois, avec un délai moyen de quatre mois, même si les demandes urgentes sont priorisées et reçues quelques fois en quelques jours », nuance la pédopsychiatre du service, Anne Délègue.

 

Ce projet veut réduire l’attente des familles mais ne résoudra pas le problème des délais de prise en charge par manque de soignants

Anne Delègue, qui tente de mobiliser ses collègues contre ce projet, pointe du doigt cette organisation en filière « sorte de systématisation de la discontinuité relationnelle au fil de l’évolution de l’enfant et s’insurge contre la séparation « du domaine de l’accueil et du diagnostic comme du suivi des soins, pourtant compétence des médecins ».

Elle reconnait à ce projet le prétexte de vouloir apporter une réponse plus rapide aux familles. Mais la mise en place de cet accueil ne solutionnera pas selon elle « le problème des délais pour la prise en charge coordonnée prodiguée par les équipes pluridisciplinaires en raison d’une insuffisance de soignants » insiste-t-elle.

 

Un projet bureaucratique et gestionnaire qui jette l’éthique dans les sacs poubelles de l’hôpital

Le projet monté par la responsable du pôle psychiatrique, spécialisée pour les adultes a été le seul appel à projet retenu par l’ARS et des réunions de présentation ont été programmées avec un cabinet privé durant l’année 2020. Dans ce cadre et « sans concertation avec les acteurs de terrain » selon Anne Delègue, le projet retenu prévoit la mise en place d’un dispositif d’accueil rapide et d’évaluation (Dare) avec un guichet central d’appel et une sélection par âge. Les 0-3 ans seront orientés vers le Cocon, un projet en périnatalité conçue par l’équipe en lien avec la maternité, les 3-11 ans vers une structure propre et enfin les adolescents avec une structuré eux aussi spécialisée. Les demandeurs seraient reçus par un binôme d’infirmier et d’assistante sociale, et après trois rendez-vous un projet de soins serait monté en lien avec un pédopsychiatre. Plusieurs personnels infirmiers, un cadre mais pas de psychologues ont été recrutés.

 

Un manque récurent de personnels soignants

Le problème reste surtout le manque de personnel latent depuis des années et l’absence de recrutement de psychologues, alors que de jeunes pédopsychiatres sont arrivés depuis deux ans. Cette réorganisation cache à ses yeux surtout des enjeux de mutualisation et de suppression de structures de terrain « au mépris de la loi, d’où ma mobilisation et l’envoi d’un courrier à l’ARS ». Une réorganisation qu’elle voit dénué tout souci d’éthique mais poussé par des perspectives bureaucratique et gestionnaire, le tout dans un semblant de concertation qui a créé la résignation du personnel à l’exception de Rumilly qui a écrit au directeur de l’hôpital.

Annick Mossaz

 

Jean Jacques Verchay, président de la Mutuelle France Unie, est favorable à une « Grande sécu » à 100 %

 

Jean Jacques Verchay, président d’Alternative Mutualiste et de la Mutuelle France Unie qui gère plusieurs centres de santé notamment en Haute-Savoie réagit au pré-rapport du haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie qui propose au gouvernement quatre pistes sur l’évolution de la sécurité sociale, dont un projet de grande sécu porté un temps par le ministre Olivier Véran.

 

Le projet de grande-sécu est déjà enterré, qu’est que cela vous inspire ?

Cela ne nous étonne pas que ce projet ne se fasse pas car de nombreux lobbys s’y sont opposés. Notamment des assureurs pour qui les assurances complémentaires restent une rente. La pression des médecins du secteur 2 est également intense car ils ne veulent pas réduire leur train de vie plutôt intéressant. Il suffit de jeter un œil sur leurs voitures dans les parkings des cliniques privées ! Pour nous, il faudrait revenir sur le conventionnement du secteur 2 avec une réévaluation du tarif des spécialistes et avec un remboursement à ce niveau-là, sans possibilité de dépassement. Le dernier lobby, non des moindres c’est le pharmaceutique, qui craint la création d’une agence du médicament qui négocierai un meilleur prix des médicaments, ce qui n’est pas le cas actuellement où c’est le rapport de force qui prime. Pour ceux que cela intéresse, j’invite à lire « La santé hors de prix, l’affaire Sovaldi » d’Olivier Maguet !

 

Qu’est qui vous plait dans ce projet de grande sécu ?

Nous en tant que mutuelle des travailleurs nous avons toujours été pour une sécurité sociale à 100%. Depuis l’origine nous soutenons cette idée de solidarité nationale universelle. Pour nous ce n’est pas une simple couverture des risques de la vie mais de la solidarité nationale conçue par des pionniers issus du conseil national de la résistance Et nous souhaiterions un financement équitable entre le capital et le travail, comme prévu à sa création. Si l’on revenait au partage qui aurait dû se faire en 1960 sous De Gaulle, il y aurait 50 milliard de plus dans les caisses ! Aujourd’hui nous regrettons l’étatisation du système de santé nous souhaiterions revenir aux sources avec une gestion syndicale, les représentants des salariés étant au plus près des besoins.

 

Aujourd’hui beaucoup d’assurés ont du mal à payer une complémentaire ?

Pour les salariés qui ont des revenus modestes, il y a désormais la complémentaire santé solidaire créé en 2019. C’est pour les retraités qu’il y a un problème, car l’assurance peut représenter jusqu’à 15% de leurs revenus. A défaut d’une sécurité sociale à 100%, il faudrait un encadrement pour des cotisations plus solidaire.

 

Quelles seraient le rôle des mutuelles avec une Grande Sécu ?

Les mutuelles de travailleurs, crée avant la Sécurité Sociale, a toujours été en avance sur le plan social. Nous employons quelques 250 soignants et administratifs dans nos centres de santé qui donnent accès au dentaire, à l’optique, aux soins infirmiers ou soins à domicile. Nous avons aussi un laboratoire de prothèse pour minimiser les coûts. Nous faisons aussi un gros travail de prévention mais il pourrait y avoir un financement d’un véritable budget de prévention pour que les mutuelles puissent s’en emparer à plein.

 

Propos recueillis par Annick Mossaz

 

Suspendue après 17 ans de travail au bloc

A 53 ans Lydie Lévy était une infirmière expérimentée du bloc opératoire de l’hôpital d’Annecy. Pas vaccinée, elle a été suspendue comme son salaire dès septembre dernier, malgré ses propositions de faire des tests autant de fois que le souhaitait la direction. Elle se dit écœurée par tant de mépris de son travail et n’envisage plus de retourner à l’hôpital d’Annecy car elle vient de trouver un travail en Suisse.

Quel est votre parcours d’infirmière ?

Je travaillais à l’hôpital d’Annecy depuis 2004 où je suis infirmière de bloc mais j’ai été suspendue car non-vaccinée en septembre dernier. Concrètement j’avais un diplôme classique d’infirmière, j’ai fait une école de bloc opératoire à Grenoble et j’accompagnais les chirurgiens et l’équipe d’anesthésie comme garante de la qualité de l’intervention. Au fil du temps mes conditions de travail se sont dégradées, je suis passée de cinq blocs opératoires dans l’ancien hôpital à dix-sept dans le nouveau et nous travaillions jusqu’à dix-huit heure d’affilé. Depuis trois ou quatre ans, je ne me sentais plus faire ce travail en sécurité, avec la nécessité de rendement imposé par la tarification à l’acte, le travail a été déshumanisé, c’était psychologiquement lourd. Aujourd’hui avec le recul, je suis heureuse d’avoir quitté cette ambiance.

Comment avez-vous traversé ces vagues du Covid ?

Les opérations étant déprogrammées, nous sommes restés un tiers de l’équipe au bloc et nous avons assuré les urgences, en enchainant, les gardes, les jours, les nuits. Au fur à mesure des vagues, elles ont été de moins en moins fortes., mais nous avons toujours été disponibles, nous avons fait notre travail au pied levé. La direction nous a même envoyé un mail en mars dernier, où même positif, nous n’avions pas le droit de s’arrêter de travailler. Mais au mois de septembre nous étions mis dehors, comme des pestiférés, sans aucun salaire, car nous n’étions pas vaccinés Tout cela sans salaire et en tant que fonctionnaire du service public, il n’y a qu’une faute lourde qui entraîne une suspension de salaire et encore si un jugement la confirme. Ce traitement qui montrait la considération accordée à notre travail a été la goutte qui a fait déborder le vase et j’ai décidé de partir !

Pourquoi en tant que soignante vous n’acceptez pas ce vaccin pour vous ?

Depuis toujours nous n’avons jamais vacciné une population durant l’épidémie. C’est une première, et jusqu’à maintenant tous les vaccins sont injectés après plusieurs années de tests. Pour celui-là il n’y a eu que des études in-vitro et le test sur les humains s’est déroulé sur seulement cent douze jours ! Moi un vaccin comme cela qui compte en plus un ARN, j’estime qu’il n’y a pas assez de recul. Je ne suis pas anti-vaccin et si nous avions un vaccin à virus atténué, je l’aurais fait mais là, non. Formée à l’hygiène, je n’ai jamais contracté le virus, même si je soigne des malades régulièrement. J’ai un rythme de vie adapté et me dope à la vitamine D. Au lieu de ma suspension j’ai proposé de me tester régulièrement, mais c’était impossible aux yeux de la direction. Aujourd’hui mon nouveau travail en Suisse me demande de le faire et je vois des triples vaccinés qui tombent malades. Ce vaccin est à mes yeux une vaste farce, une histoire d’argent, de lobbying et d’intérêt !

Mais aujourd’hui en réanimation, il y a beaucoup de non vaccinés ?

Oui, mais bien sûr. Mais si l’on regarde certains chiffres, comme les décès en réanimation après une hausse en 2020 entre 2019 et 2021, il n’y a pas plus de morts ! Il faut arrêter avec cette phobie, le virus est de moins en moins dangereux. ! . Mais la liberté du patient, n’existe plus avec ce forcing et cette méthode inédite de contraintes. On nous dit aussi que le vaccin ARN n’est pas intégrable au génome, sauf que ce virus, contient un fragment du virus du sida, comme l’a révélé le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine et personne ne sait quels seront effets à long terme de ce vaccin. Il y avait un médicament comme la chloroquine que tout le monde a pris pendant soixante-dix ans et comme par hasard quinze jours avant l’épidémie, la ministre de la santé de l’époque, la classe dans les substances vénéneuses. Vraiment, il y a trop de doutes pour moi. Comme ces gens de Pfizer condamnés depuis dix ans à plusieurs milliard d’amendes pour publicité mensongère. Et ce sont eux, qui passent aujourd’hui pour les sauveurs de l’humanité. C’est dérangeant quand même non ?

Vous faites quoi aujourd’hui ?

Je travaille en Suisse et même si j’ai dû reprendre un plein temps, là-bas, j’ai la reconnaissance de mon métier, par l’argent ! A Annecy, j’ai eu tellement le sentiment d’être méprisée que même si la direction me rappelle, je n’y retournerais pas. Il faut savoir que le quinze septembre, nous avons dû aller chercher nous-même notre courrier de suspension et pendant trois mois, nous n’avons plus eu de nouvelles. Et début décembre, je me suis présentée à l’entretien et le directeur a signé ma mise en disponibilité. J’avais une lettre de démission qu’il a écarté en raison des indemnités que ne voulait pas payer l’hôpital. Dans la région, nous avons la chance de pouvoir travailler en Suisse, mais partout en France les soignants partent et se reconvertissent. Que l’on ne me dise pas que c’est à cause de la Covid que les soignants sont débordés, mais tout simplement car 10% ont été suspendus  pour des raisons iniques !

Propos recueillis par Annick Mossaz